Jean Sarocchi

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Catégorie: Textes publiés

Ca m’est Aigoual

Ca m’est Aigoual, par Jean Sarocchi

(rhapsodie sur un thème cévenol)

« /…/ la présence autour de nous, jadis ou naguère encore, d’une terre différenciée en espèces, harmonieuse dans ses fonctions, et si belle, d’une façon qu’on pouvait croire augurale – se fragmente, hélas, se salit, s’embourbe, se fait un marécage fétide où bientôt nous chercherons vainement, dans d’interminables banlieues, l’irremplaçable évidence qu’est le ruisseau qui va librement son cours, ou l’infini du pré, ou le bruissement du feuillage » (Yves Bonnefoy)

Avant-dire

Ça m’est Aigoual : l’Aigoual est l’Aigoual, on n’y changera rien ; m’ doit être pris en deux, ça en plusieurs acceptions. Ça, c’est d’abord André Chamson, il m’est Aigoual, je fais le choix de l’aborder par sa sainte montagne, sachant que l’abordant ainsi j’aurais quelque chance d’atteindre le vrai lieu de son être au monde, le point focal de ses réflexions et le pôle symbolique de sa destinée. Je peux ainsi écrire (pour moi) avec une certitude quasi mathématique : Chamson = Aigoual. Puis, m’ devenant André Chamson, ça désigne tout ce qui aura compté pour lui au fil de son existence et au gré de ses expériences, toujours rapportées à ce Mont Analogue ; ça, ce sera donc l’image ou plutôt la réserve de ses images privilégiées, une écriture à flanc de Cévennes, en Aire de Côte, musclée par la rude réalité de l’escapade ; ça désigne aussi la polarité politique ou mystique, l’une et l’autre coalisées, coalescentes : le fondateur de l’éphémère revue Vendredi sous le Front populaire, le résistant dans un maquis du Lot sous l’Occupation, je veux croire que c’est d’avoir mainte et mainte fois escaladé et dévalé l’Aigoual qui l’anime si ardemment dans ces diverses circonstances ; et c’est sans le moindre doute l’Aigoual qui est sa référence quand il s’agit pour lui d’opposer à un catholicisme monarchique totalitaire la foi locale, insubordonnée, intransigeante, allergique au Dogme romain, des camisards dont il épouse la cause même si elle n’est pas exactement la sienne dans ses essais et ses romans.

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Chronique 2015

Chronique 2015, par Jean Sarocchi

Petite Chronique de l’année 2015

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Chronique 2014

Chronique 2014, par Jean Sarocchi

Je me fais dans cette Chronique 2014 truffier de fantasmes un peu, bouffon de l’actualité très peu, félibre un tant soit peu, fidèle ou peu s’en faut à ma foi. Elle est enfin, cette Chronique, farcie de citations qui en sont sans doute la meilleure part et peut-être la part qui me découvre le mieux.

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Exercice de consternation 5 – Charlie

Exercice de consternation 5 – Charlie, par Jean Sarocchi

«Le sarcasme est la kalachnikov des effarés »

Voici quelques notations en vrac, et à distance dans l’espace et le temps, sur l’incivilité dont a été victime « Charlie Hebdo »

 

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Pour le Dogme: Oui ? Non ? Oui ?

Pour le Dogme: Oui ? Non ? Oui ? par Jean Sarocchi

« /…/ d’ailleurs aucune vérité vivante ne peut se réduire à une formule ; celle-ci étant, au mieux, le passeport qui permet d’entrer dans un pays, après quoi sa découverte reste à faire » (Jaccottet)

Et pourquoi cela ne pourrait-il pas se dire du Dogme, des quatorze articles du Credo ?

 

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Carnets 2013

Carnets 2013, par Jean Sarocchi

Voici ce que je grappille – éliminé (du moins le crois-je) le verjus – sur ma vigne mentale 2013. J’ai mis à part la chaude semaine du 27 juin au 4 juillet où je brûle quelques amorces d’une réflexion philosophique.

 

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Au grand Meaulnes les grands remèdes

Au grand Meaulnes les grands remèdes, par Jean Sarocchi

Au Grand Meaulnes (roman) les grands remèdes, « au grand Meaulnes » (héros) « les grands remèdes », je veux bien pour ce titre, cette insinuation désinvoltes implorer le pardon du lecteur. J’aurais cependant des motifs ou mobiles à faire valoir, et ce sera la moelle d’une partie de mon propos. Ceci d’abord, qui est le plus futile mais frappé d’une forte incidence : Rémi Soulié, grand manager de ces rencontres estivales en Lagast, me pria de lui indiquer aussi tôt que possible le sujet de ma communication. Aussitôt, dans ma langue qui n’est pas celle de la procrastination, ce fut tout de suite. Et comme je suis affecté de ce vice de l’esprit qu’on nomme calembour, fiente de l’esprit qui vole disait Hugo (c’est quelquefois la fiente sans le vol de l’esprit), vice dont Le Canard enchaîné fait son fond de commerce (si bien que j’aurais pu être recruté, eussé-je donné les gages suffisants de pensée correcte, parmi les collaborateurs de cet hebdomadaire), insoucieux du charme tout musical du nom Meaulnes (qui ferait au « pollen des aulnes » de René Char la plus riche des rimes), excité par la locution qu’il formait avec l’épithète « grand », je me saisis avec autant d’empressement que d’aveuglement du dicton susdit.

 

« Ma vocation », disait Thérèse de Lisieux, « enfin je l’ai trouvée /…/ Oui, j’ai trouvé une place au sein de l’Eglise : dans le cœur de l’Eglise, ma Mère, je serai l’amour ». J’ai eu beaucoup de mal à trouver ma vocation dans l’Alma Mater. A vrai dire je ne l’ai trouvée qu’à la sortie. Seule la condition de professeur émérite, désormais honoraire ( ?), m’a permis d’entrer dans la vérité de mon rapport à la littérature, qui n’est pour moi nullement un absolu, rien qu’un divertissement, le dernier mot sur tous sujets tous textes tous auteurs étant l’éclat de rire. S’agissant du Grand Meaulnes, comme d’ailleurs d’à peu près n’importe quel roman, l’admirable vœu de sainte Thérèse me sembla pouvoir être pastiché et inversé : dans Le Grand Meaulnes (roman) je laisserais le héros et l’amour, au bénéfice d’un autre amour, celui des choses humbles et quotidiennes, du terroir, de la terre ; je choisirais l’anti-héros, le narrateur (François), et je tâcherais de l’arracher à sa fascination pour le rapatrier dans la dure vérité de la vie sans « aventures ». Augustin ou comment s’en débarrasser : ç’aurait été, par référence au fameux « Augustin ou le maître est là » de Malègue, une façon chrétienne, sans doute obsolète, d’exorciser le roman. Augustin Meaulnes, serait-ce dans une chrétienté en passe de disparaître le seul Augustin, à l’usage des teenagers, que nous méritions ?

 

… « Il ferait volontiers du roman un débris

Et dans un bâillement avalerait le Meaulnes »…

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Trois essais sur Camus

Trois essais sur Camus, par Jean Sarocchi

Année 2013. Centenaire de la naissance d’Albert Camus. Déferlante de colloques, interviews, articles, livres, recensions, émissions télévisées ou radiophoniques. Toulouse où je réside ne manque pas d’apporter son jet à ce flux d’hommages. Je ris encore d’avoir été l’heureuse victime à la Médiathèque José Cabanis d’un « sufoco » (ce mot du patois oranais se rencontre dans les Carnets), victime heureuse, dis-je, parce que ce samedi de février où j’y fus exclu d’une table ronde et prié de m’asseoir parmi les auditeurs il faisait tiède et beau, quel plaisir ce fut de quitter en catimini cet amphi sans fenêtres, d’ôter sitôt dehors la courageuse cravate dont je m’étais adorné cependant que mes concitoyens, actifs ou passifs, se condamnaient à broyer du noir sous un éclairage funèbre.

J’eus cependant l’occasion, en cette année 2013, de parler de Camus dans trois colloques, deux fois, à Nice puis Marseille à l’invitation de Jean-François Mattéi, une autre fois sur ma demande, bien accueillie par Fernando Gomes, à Evora. Soucieux de m’épargner les stéréotypes ordinaires, donc les redites, je décidai de confronter Camus à des penseurs avec lesquels il avait été de mèche ou avait eu maille à partir et avec lesquels sa relation ne me paraissait pas suffisamment élucidée. Nietzsche ? Le sujet du colloque étant « l’aurore » il me parut intéressant – et c’était, je crois, original – de considérer l’œuvre de Camus en référence à Aurore –Morgenröte – et par-delà cet ouvrage à l’aurore nietzschéenne. Le sujet de Marseille – « l’absurde, la révolte, l’amour » – m’engagea, au prix d’un zeste d’effronterie, à un retournement critique : « ni absurde, ni révolte, ni amour », pour lequel je me ménageai le concours de Plotin que Camus avait étudié pour son Diplôme d’études supérieures. Et comme mon intérêt pour Plotin ne se refroidissait pas, l’automne venu je résolus de poursuivre en Lusitanie ma réflexion phocéenne et d’insister à nouveaux frais sur l’allergie de Camus, mitigée d’une réelle attirance, au philosophe alexandrin.

Ces trois petits essais marqués du même millésime ont mûri dans le même climat intellectuel et sur la même ramille d’ironie. Je peux les rassembler en faisceau. Que le lecteur ne s’étonne pas de voir Nietzsche et Plotin, par le biais de Camus, entés sur la même souche. Il faudrait n’avoir de l’auteur d’Aurore qu’une vue bien superficielle pour ne pas avoir découvert dans son œuvre un frémissement religieux et mystique.

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Carnets 2012

Carnets 2012, par Jean Sarocchi

Ce journal de l’année 2012 tient un peu de Jules Renard, un peu de Gide, un peu de Claudel, un peu de Valéry, quatre évangélistes de la littérature qui ne se ressemblent guère. J’y ajouterais, parce que j’en suis un lecteur invétéré, Albert Camus.
Entre ces écrivains et messire il y a la différence entre des étoiles de première grandeur et ma très faible magnitude. Invisible à l’œil nu, je le suis, c’est à craindre (mais est-ce à craindre ?) à un ordinaire télescope. Seul un appareil comme celui du mont Palomar aurait chance de me détecter.

N’importe. J’ose, puisqu’ « Internet » a lieu et que toutes sortes de vermines polluent la « toile », y ajouter sans vergogne mes propres déjections.
Ce spicilège 2012 est tout en disparates, bribes, brimborions. Ce serait le meilleur – à peine le quart ou le cinquième – des notations recueillies au fil des jours, au hasard des humeurs, dans plusieurs carnets On y trouve des remarques critiques ou sarcastiques, des poèmes pour mirliton, d’autres pour Polymnie, certains miment le haïku japonais ; on y trouve aussi des aphorismes, et, c’est sans doute le plus précieux, des citations qui, assemblées, donneraient une idée assez exacte de mon cheminement intellectuel ou spirituel, Mais à aucun moment je ne me raconte. Les lieux de vie – Toulouse, banlieue parisienne, Provence, Côte d’Azur, Roussillon Vercors, Pyrénées, Aveyron et Oran la ville natale (évoquée çà ou là pour mémoire) – y sont rarement indiqués.

Sont éliminés de cette sélection la plupart de mes petits billets d’humeur qui étaient des réactions à des bourdes et/ou mensonges crachouillés par les médias. J’écoutais naguère, tandis que je trempais dans mon thé des tartines, « France Culture », « Europe 1 », « France Inter » ou « France international ». Il n’était guère de matin où quelques minutes d’écoute nonchalante ne m’offrît de quoi réveiller puis attiser ma verve, et j’avais eu même l’idée d’un blogue où l’exercer par écrit. Mais j’ai résolu récemment de ne plus être agacé par des stéréotypes, des ragots, des craques et (sans doute le pire) des silences chargés, dirait Camus, jusqu’à la gueule. L’incident de ce matin me confirme dans ma décision. Comme se distingue tout de même de la Doxa tendancieuse et captieuse la brève de comptoir de Philippe Meyer qui, héritier spirituel de Vialatte, paye certes au conformisme de règle un tribut mais un tribut minimal, je me branche vers 8 heures moins 5 sur « France Culture ». Or ce 18 septembre ma montre ayant pris une fâcheuse avance j’ai dû entendre un énergumène qui se réclamait

d’ »Europe Ecologie », dans un accablant numéro de simagrées et de sophismes. Si mon année 2013 vient au jour de la « toile » on y trouvera la coulée de sarcasmes qui mérite de recouvrir les propos de cet imbécile. Mais c’est fini, je veux désormais, émigrant de l’Europe écologiste et chloroformée, … dormir sous l’arbre d’Apollinaire ? non, mais veiller sous le banyan bouddhique ou l’olivier de Gethsémani.

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Traduire le haiku ?

Traduire le haiku ?, par Jean Sarocchi

Article publié en 1997 dans le n°1 de la revue Daruma, éd. Ph. Picquier

Les ouvrages de R. H. Blyth, en imposant en Occident une interprétation religieuse du haiku, ont-ils agi comme un opium ?

Bien que la plupart des traductions paraissent intrinsèquement médiocres, nos écrivains, nos penseurs, ont fondé sur elles d’impressionnantes exégèses pour rendre un culte à une religion qui témoigne davantage de charité envers les mouches et les épouvantails qu’elle ne s’engage dans le destin des hommes – orphelins ou prostituées.

Mais, dans le haiku, le commentaire – la lecture de tout ce qui reste entre les mots – n’est-il pas plus important que le texte lui-même ? Alors, la trahison plutôt que la traduction, l’homme Bashô plutôt que le poète ; et, plus que la littérature, la vie, c’est-à- dire, sous la légèreté du badinage où se joue l’étymologie d’un genre sans doute mineur (?), mimer peu à peu, dans cette pensée du corps où devrait se retrouver toute poésie, l’instant éternel de sa mort.

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