2017
par jeansarocchi
2017
Premier janvier Bolquère
Vers neuf heures par une fenêtre de ma chambre je vois une boule d’or surgir avec la violence d’un bouledogue sur la crête jouxte la Torre d’Eyna
On est, quand on est vieux, plumé de ceux qu’on aime
En sorte préparé soi-même à n’être plus
Deux janvier
(Augustin, Confessions, VIII, 2) « circuitus erroris mei » (VIII, 4)
Ceux qui ont méprisé, surmonté le sexe, l’argent, les honneurs, le pouvoir, sont un cran au-dessus des autres
La foi est si atrophiée en ce siècle fétide de notre France fictive que prier y devient un exploit
L’adoration du Saint Sacrement : varappe spirituelle
(Cocteau) « Le poète est un mensonge qui dit la vérité », mais il est aussi une vérité qui dit des mensonges, par exemple : « Le poète est rassuré par ce qui effraye les autres. Les violences le rassurent et lui donnent de la douceur » !
(Gide) « La langue française est un piano sans pédales »
Au prêtre Simplicianus lui disant : chrétien ?… Je te croirai quand je te verrai « in ecclesia Christi » Victorinus rétorque : « Ergo parietes faciunt christianos ? » Je me le disais en Cerdagne, plein air, pensant au Pesquié
Mardi 3 janvier
Le traumatisme d’être né ne se guérit que par mourir
(Joseph de Maistre) « Ce ne sont point les hommes qui mènent la révolution, c’est la révolution qui emploie les hommes »
Le Christ de Calvi a sauvé la ville des Turcs
(Cocteau) « Ah ! combien j’aimerais ne pas tourner en rond »
« une sorte d’échec dans le visible, sans quoi nulle victoire n’est profonde »
Coffré dans un corps
Ce que donne à entrevoir l’Evangile est offusqué par l’exégèse pédante et par le commentaire dévot
A « Europe 1 » on féminise les tentacules de la pieuvre
Mercredi 4 janvier
Quand le réconfort n’est que confort l’âme est bien près de périr
Etre toujours à l’extrême centre
Samedi 7 janvier Eygalières
Quand on est seul maître à bord et que n’obéissant qu’à son commandement on se trouve indemne de commandes, grand est le risque de s’amollir, de s’affadir, de succomber à la procrastination, de craquer sous le poids de l’ « à quoi bon ? »
La preuve de Dieu trine par le triangle est chez Nicolas de Cuse apodictique ; on ne peut si l’on est un vrai mathématicien la refuser. Cela rejoint la très forte intuition de Simone Weil que la géométrie et les évangiles ont même origine et partie liée.
Lundi 9 janvier Eygalières
Sarcina saeculi, « le fardeau du siècle », écrit Augustin
René Char, entre char à bios(la flèche, la vie) et charabia
Se pourrait-il enfin que tu puisses mourir
Comme on meurt simplement quand on est un oiseau ?
Mais si tu n’as plus cœur à carder l’avenir
La Parque te tranchera d’un cruel ciseau
(Chateaubriand) « Dans l’ardeur qu’on ressentait pour la nullité, on chercha, comme pour humilier la France, ce qu’elle avait de plus petit afin de le mettre à sa tête »
(Notre actuel Président de la République)
Mardi 10 janvier Eygalières
Des gouttes sur un fil tête en bas prenant un bain de soleil ces écervelées!
Ah ! S’accroupir au bord d’une flaque d’eau croupie !
Le mot pyjama, si insolite, si drôle, m’apparut tel avec plus de saillant quand je le rencontrai à un moment exceptionnel – dramatique érotique – des Souvenirs d’enfance d’André Tubeuf
André Tubeuf plonge à quinze ans des six mètres du troisième étage de son plongeoir beyrouthin ; moi, à trente, je saute, plus mort que vif, à l’instigation d’un maître-nageur, des trois mètres d’un plongeoir de Strasbourg
On passe la pierre-ponce, qui n’est pas Pilate, sur les différends parfois aigus dont est résulté notre inamovible Credo
Mercredi 11 janvier Eygalières
Négoce des larmes, écrit Augustin. Que paie-t-on avec ? Le billet du Royaume.
Le Royaume est un palais de larmes de joie.
Relativisme : religion des ramollis
Le malheur d’être né a pour compensation
La gloire de renaître en l’éternelle Sion
(François Cheng, sur la Chine communiste) « Il n’y avait pas loin de l’homme trop épris de justice formelle au justificateur puis au justicier »
Les actes d’achat comme les dattes ont besoin pour mûrir d’un climat chaud ; d’où la température de serre des grands magasins ; on ne devrait s’y achalander qu’en tenue adamique
Vendredi 13 janvier
Des balafres de pluie en gouttelettes fines
Sur ma vitre avertie écrivent leurs comptines
En tout homme une grotte de Bethléem, un divin enfant. Combien d’entre eux s’en doutent ?
Et ils seront pourtant à leur heure dernière
Fourrés dans cette espèce de berceau la bière
Ou (subterfuge vain) dispersés en poussière
(Saint Hilaire) « La foi rejette les questions spécieuses et inutiles de la sagesse du monde et la vérité, ne succombant pas aux impostures et niaiseries humaines, ne s’offre point en dépouille à l’erreur »
« Seigneur, accorde-nous le sens exact des mots, la lumière de l’intelligence, la noblesse du langage, l’orthodoxie de la foi »
Dimanche 15 janvier
S’il ne s’y faufile pas un peu de chair combien frigide peut sembler la charité !
(La Docte Ignorance) « De même donc que toute possibilité est dans la possibilité absolue, qui est Dieu éternel, et que toute forme et tout acte se trouvent dans la forme absolue, qui est dans la vie divine le Verbe du Père, le Fils, de même tout mouvement de connexion, toute proportion et harmonie, en unissant, se trouvent dans la connexion absolue de l’Esprit divin, afin que Dieu soit l’unique principe de toutes choses, en qui et par qui tout est dans une certaine unité de la Trinité »
Lundi 16 janvier
Les exégètes sont les moustiques de la Parole divine ; il leur aura manqué, pour l’interpréter en vérité, d’être des mystiques
A tout moment il t’est loisible d’attraper au hasard trois mots contigus dans le Littré et de les douer d’une cohérence poétique : ptérion ptéride psylle, un insecte, une plante, un point du crâne …. A toi de jouer !
Est-il exact que moi aussi je doive mourir ? On me le dit, sans ménagement. Je sens moi-même parfois que cela pourrait advenir en effet, pourtant une aurore en mon tréfonds indique un nord immarcescible ; non, vous dis-je, je ne mourrai pas.
Mardi 17 janvier
Chaque matin je viens au monde Dans les langes de mon langage Chaque soir je tourne la page Et de la fange enfin m’exonde
« rien ne désaltère mon pas » (Du Bouchet)
Un cri de coq embrase le jour
Attendre pierre levée
(Nicolas de Cuse) « Que chacun, tout en admirant les autres hommes, se contente de ce qu’il est et de sa propre patrie, de manière que le sol natal, les mœurs de son royaume, sa langue, etc., lui paraissent les plus doux, afin qu’il y ait unité et paix sans jalousie, dans la mesure du possible »/…/
Pas de charité sans vérité, souligne Philippe Arino
Mercredi 18 janvier Toulouse
Le soleil leste à vêtir de sa chlamyde le clocher des Cordeliers fait plus de manières pour vêtir des chêneaux aux meneaux le Collège de Foix
(Jacques Dupin) « Nous n’appartenons qu’au sentier de montagne », non au « sentier de l’étroite et longue science » (Claudel)
Jeudi 19 janvier
(Nicolas de Cuse) « L’ordre veut que les sens soient sommés à la raison et la raison à l’intellect »
Le mot termite du silence
Vendredi 20 janvier
(Benjamin) « Etre écrivain signifie donner des concerts de pensées »
« La mouche a six pattes ; « 2×2 = 4 ». La vérité de ces deux propositions n’est pas de même nature. Car la justesse de la seconde est dans un rapport à la vérité plus profond que celle de la première.
« Connaissance et vérité ne sont jamais identiques ; il n’y a pas de vraie connaissance et pas de vérité connue ».
Dimanche 22 janvier
Je ne me suis pas levé la nuit dernière pour coucher par écrit un beau distique survenu dans un entracte du sommeil ; je ne peux me le rappeler ce matin ; est-il à jamais perdu, enseveli comme le joyau du poème de Baudelaire ?
Que cette notation soit sa sépulture.
Déviation satanique du Coran : où saint Paul (Rom., 12) prescrit : « Ne vous vengez pas vous-mêmes, mes bien-aimés, mais laissez agir la colère de Dieu, car il est écrit : A moi la vengeance, c’est moi qui rétribuerai » le verset 17 de la sourate VIII justifie le massacre islamique : « Ce n’est pas vous qui les avez tués, mais c’est Allah qui les a tués ».
(Benjamin) « L’éros, l’amour /…/ se dévide comme un fil dont la « chambre mortuaire » est le centre »
Dans l’émission catholique « Grand Format » Patrick Viveret, qu’on dit engagé dans des « mouvements citoyens », dénonce la barbarie des guerres coloniales, du nazisme, du fascisme, du terrorisme (pas un mot sur Staline ou islam) et insinue que le mal absolu serait le syndrome identitaire.
Mais tiens ! tiens ! Le « sentiment identitaire » de la « gauche » se conforte en Benoît Hamon.
Sœur Emmanuelle a trouvé « des choses très belles dans le Coran ». Moi aussi, mais ….
Lundi 23 janvier
(Dom Bosco) « Qui est uni au pape est uni à Jésus-Christ, et qui rompt ce lien fait naufrage dans la mer agitée de l’erreur /…/ »
Anecdotes bouddhiques : Le peintre chinois qu’un chant de rossignol vidant de ses savoirs appareille au Cosmos,
Le moinillon qui, parce qu’il a pris soin sur sa route de ne pas écraser les insectes, modifiant son karma accroît sa longévité,
Le sixième patriarche sera non Shu-hsin, l’instructeur en chef des moines, mais le marmiton Hui-neng
« Soyez virils », s’écrie saint Paul (Cor., I, 16)
Jeudi 26 janvier Villard
Le pauvre Jacques Attali essaie d’opposer à l’utopie progressiste de Marx qui accoucherait de la paix l’affreux monde de Shakespeare, bruit et fureur ; n’a-t-il donc pas aperçu que l’utopie marxiste aura pourvu le monde de plus de bruit et fureur que n’en expose le théâtre élisabéthain ?
Sur un fond gris pâle tirant vers le blanc blême un nuage gris sombre essaie des formes au-dessus de la Moucherolle
Ein Zerfall : « Si nous n’y prenons garde, nous sommes tout d’un coup complètement seuls »
Samedi 28 janvier
« Penser est commun à tous », énonce Héraclite ; un homme seulement sur cent mille pense, énonce Voltaire. L’un et l’autre se soutiennent selon le sens qu’on donne à penser. Mais quand Héraclite déclare : « un, pour moi dix mille, s’il est le meilleur », il rejoint Voltaire.
(Phédon) « Sache bien en effet, excellent Criton, qu’un langage impropre n’est pas seulement défectueux en soi, mais qu’il fait encore du mal aux âmes »
Shen-guang est accepté par Bodhidharma quand celui-ci l’ayant mis au défi de lui montrer de la neige rouge il se tranche l’avant-bras gauche. Il deviendra le deuxième patriarche. De là, les moines de Shaolin exécutent le gashôavec la main droite seulement.
Le très érudit Te-shan brûle les rouleaux de son commentaire du Soutra du diamant, persuadé que « Face à cette Lumière Tous les écrits ne valent pas plus Qu’un cheveu dans l’immensité du vide », « Face à l’Eveil Tout le savoir de ce monde N’est qu’une goutte d’eau dans l’océan »
Dimanche 29 janvier
Cette terre lointaine où rarement l’on aborde : le présent
Nous sommes dans une période où Jésus dort à la poupe sur le coussin
Dans les masses opaques de la culture universelle un mot brille parfois une torche un brandon puis un Maître de sagesse d’un souffle pieux l’éteint et tout advient alors dans l’épaisse nuit du vide
Intelligence karstique. Les ondées du savoir sont englouties. Ce qui ressurgit au jour de la parole ou de l’écriture, est-ce l’eau décantée, très pure, d’une singularité ? La note personnelle que l’on est seul habilité à produire ?
Lundi 30 janvier Villard
Que je sois ici ce matin, observant dans le ciel grisâtre et laiteux ces escadrilles d’oiseaux : munificence ! Mille lieues plus bas intriguent des politiciens
Ne soyons pas de ces bébés Heureux de sucer le succès
(Athanase) « Chaque jour, comme si nous ne faisions que commencer, augmentons notre ferveur » ; « chaque jour, en nous levant, pensons que nous ne parviendrons pas au soir, puis au moment d’aller nous coucher pensons que nous ne nous réveillerons pas »
Pépite d’or du jour, le verbe noisiller
Et ce fut une octave plus haut que le crissement des skis le menu filet de voix d’une mésange sur un arbre dépouillé
(Su Dong-Po) « Notre vie ici-bas, à quoi ressemble-t-elle ? A un vol d’oies qui, venant à poser leurs pattes sur la neige, parfois y laissent une empreinte »
Sur mon balcon ce tas de neige résiduelle, pour lequel il n’y aura pas de résilience, a l’air d’un écorché d’ours blanc
(Li Ling) « C’est dans les cheveux blancs que je mets mon espoir »
(Au restaurant de l’hôtel du Centre)
Une petite flamme nonchalante oscille dans son cristal sur un air de piano-jazz
Mardi 31 janvier
Que de gens perdent que de temps à lire que de journaux !
(Autant de perdu pour la piété et se piéter).
(Dans le train) « Tout colis ou bagage abandonné pourra t’ être considéré comme suspect, merci pour votre vigilance » : celle de cet annonceur aurait dû se porter sur son pataquès
Mercredi premier février
Entendu à la radio : « il faut écrabouiller Marine le Pen » ; « elle présidente, il nous faudrait des siècles pour nous en remettre »
(Machrab) « Pour une seule rose il faut donner de l’eau à dix mille épines »
Marie-Noëlle Thabut disserte sur le sel év angélique puis conclut : « nous sommes de simplesserviteurs », ne se doutant pas que simplesest une édulcoration
(Simone Weil) « Vous n’avez plus qu’une coquille à percer pour sortir des ténèbres de l’œuf dans la clarté de la vérité /…/ L’œuf, c’est ce monde visible. Le poussin, c’est l’Amour, l’Amour qui est Dieu même et qui habite au fond de tout homme, d’abord comme germe invisible. »
Nos politiciens tels les poissons de Tchouang-tseu dans la vase se soufflant leur mauvaise haleine
Vendredi 3 février
Edison dans L’Eve future : « Ecarter de ses pensées l’idée d’un Dieu ne signifie pas autre chose que se décapiter gratuitement l’esprit »
Tombé du nid, ce fut mon sobriquet. N’ai-je pas ainsi été préservé d’autres chutes ?
Si tu préfères la vérité au Christ, maintenant que le Christ est advenu, tu n’es pas dans la vérité. Cependant si tu veux la vérité c’est Lui, quand même l’ignores-tu, que tu veux.
« Faites confiance à ceux qui vous dirigent et soyez-leur soumis » : je lis la Lettre aux Hébreuxen manière d’oraison et confesse que, non, je ne peux plus faire confiance, et dans l’actuelle conjoncture je ne puis croire que ce soit un péché
Le katsu est le cri imparable qui défie le biceps et l’épée
Un signe entre autres du suicide français : Jeanne d’Arc réinterprétée par Romeo Castellucci (« Chaste Lumière » ?) : Jeanne est transsexuelle, nue, sorcière caracolant un ballet entre les cuisses, l’épée en main au lieu de la croix ; elle meurt dans un charnier.
Ça se voudrait un théâtre de la cruauté ; ce n’est qu’un théâtre de la fétidité.
Dimanche cinq février
Skaion : gauche, sinistre, funeste
Skia, ombre, chose vaine
Il est sinistre qu’une « Gauche » prétende aux « Lumières »
(Lucchini) « Je continue, par Nietzsche, de tourner autour du christianisme »
Lundi 6 février
Contre la bruine du purin Des politiciens de carrière
Le parapluie de la prière Oh bon Jésus et de bons reins
Pascal Bruckner engage à soutenir les dissidents de l’islam. L’apparatchik de service qui l’interroge sur « France Culture » tente de convertir « dissidents » en « modérés ».
Mardi 7 février
Goutte à goutte sur la vitre Fines guipures de pluie
Aiguillées de millilitres
Il a épousé la femme de ses rêves, mais ce sont des cauchemars
(Imitatio) « Que pouvez-vous voir ailleurs, que vous ne voyiez où vous êtes ? Voici le ciel et la terre et les quatre éléments »
(Ikkyû) Les moines chantent, commentent les soutras. Plutôt déchiffrer les lettres d’amour de la pluie, de la neige, de la lune, du vent. « Le vent parfumé d’une seule nuit de plaisir vaut plus que cent ans de méditation stérile ».
Mardi 7 février
(Siracide, 32, 3) « Parle, vieillard, car cela te sied, mais avec discrétion ; n’empêche pas la musique »
Selon Groddeck nous avons tous nos âges, et – j’ajoute – en sus les neuf mois d’avant d’avoir un âge
Sur la vitre en accroche-cœur une fibule de pluie
(Jeu d’esprit) Le laïc est à l’église ce que par conversion est à la glaise le Lalique
Ils sont ce jour dit-on 7 milliards sur la croûte
Combien m’ont en ce jour aheurté sur ma route ?
Jeudi 9 février
Si je te donne une tasse de thé
Dans le très beau style wabi-sabi
Nul doute que ton subséquent pipi
Ne soit le clair pipi de la santé
Il y eut un Katô nippon qui fut un bouddhiste persécuteur des cathos
Vendredi 10 février
Comment le Botrytis cineris (champignon du champagne), le botryche lunaire et le botruschristique (« le sang », écrit Jarry, « du botrus crucifié) forment un trilobe qui m’est propre
(De Gaulle en 1965) « Sauter sur sa chaise comme un cabri en disant « l’Europe ! l’Europe ! l’Europe ! » mais cela n’aboutit à rien et cela ne signifie rien »
Samedi 11 février
Selon la parabole évangélique de la vigne le chrétien est un prince sarment
Il vaut mieux être dans son tort qu’en son entorse
Disait Achille (pas Œdipe) au pied léger
Mais ce fameux héros bombait par trop le torse
Je préfère Thersite et son art d’outrager
L’admirable Jean Vanier dit qu’il n’est pas meilleur qu’un autre, mais sa façon même de le dire montre qu’il est en effet, dans les faits, meilleur que la plupart des autres
Du saoudien Al Qasimi : « L’occupation de notre esprit par Allah est la pire des colonisations »
C’est presque un art que d’être effrayé par des riens
Avoir peur d’avoir peur est aussi peu recommandable que n’avoir pas peur de ne pas avoir peur
(Colette : « La peur n’est pas, Dieu merci, une épreuve que je ne puisse soutenir /…./ Au compagnon qui, soucieux, me demande : « Tu as peur ? » Je suis assez sûre de moi pour répondre : « Oui, sois tranquille, j’ai peur »)
A dire à l’héroïque Carmélite froussarde de Bernanos
Lundi 13 février
La c… du jour : Un héraut de Macron s’écrie « plus de droite, plus de gauche », mais ne décolle pas du binôme « progressistes » (ce sont les bons) et (ce sont les mauvais) conservateurs. Cet imbécile n’aura pas réfléchi à cette loi de la vie : on ne progresse qu’en conservant
Vincent Peillon, bedeau du laïcisme
La sage injonction « cache ta vie » conjoint Epicure et saint Joseph
(Joseph Pieper) « La jeunesse de l’homme qui aspire à l’éternel est par nature indestructible. Elle ne donne prise ni au vieillissement ni à la déception. »
Mardi 14 février
Un Juif déclare à la radio juive de Toulouse qu’ayant lui ou les siens subi déjà six agressions maghrébines il préfère aux « Arabes » les affidés de Marine le Pen. Le responsable de l’émission se récrie : délit de « racisme ». C’est donc être raciste que d’éprouver quelque répugnance à fréquenter des gens qui vous agressent.
Les petits grains de mon chapelet, quand je les laisse choir d’une voix murmurante, quel Ange les picore ?
A « Sud Radio » on se préoccupe beaucoup des trucs les plus efficaces pour une sexuqui soit succès. Ma foi, si c’est tout leur art de vivre ; s’ils se contentent de ça …
Mercredi 15 février
Que nous manquerait-il si nous manquait l’oiseau ?
Le soupçon volatil qu’existe l’angelot
Un journaliste en mal d’épopée parle d’un « bras de fer » entre Hollande et Assad
Vendredi 17 février Florian
Exégètes, argyronètes de la foi ; effleurent ; ignorent les profondeurs de Dieu
Une société saine doit éviter, nous dit monsieur Macron, expert en politique bio, les « conservateurs »
Barra zammer, en dialecte tunisien , « va te faire foutre » : voilà une locution à mettre dans sa trousse de première nécessité
Samedi 18 février
« Et il se mit debout » : debout sur les heures, écrivait Joë Bousquet, cet alité perpétuel, ce condamné à la sublimité.
La simple joie animale d’être bien dans sa peau. Lézarder, sans autre idée qu’une idée de lézard, dans une égoïste paresse.
Un rocher tout fier d’avoir chassé son dernier granule de neige
Dimanche 19 février Villard
Difficile d’être présent à la Présence
On est en décalage on est en dissidence
On rêve sur ses skis d’un brûlant Sahara
On fredonne au Salut un scabreux « ça ira »
On vire au vieux et l’on joue à l’adolescent
On est à la Présence hélas toujours absent
Peur islamique de la croix du cochon et du cocufiage
Dans quel pays sommes-nous ? Petite affiche dans le car-navette du Bois Barbu : « Lag-Park airboards – snake gliss yooners »
Lundi 20 février
Trop de livres hélas et pas assez de chair
Etat de grâce ou état de crasse : on n’échappe pas
Ah ! Se pendre à un spaghetti !
(Carrère) « les gens qui se déclarent apolitiques /…/ sont de droite ». Vieille rengaine ! Casserole crevée.
Mercredi 22 février Villard
Des petits rocs dévêtis de leur doudoune crient « bientôt l’avril ! »
La même mélodie de Brassens sur l’ubac chante « il n’y a pas d’amour heureux » et sur l’adret « je vous salue Marie »
Comment chacun se garantit-il de la titillation de n’être rien, de la trituration que « rien n’est » comme le murmure, morne et morose, Besme dans La Villede Claudel ?
Quel joyau vaut l’étoile de Vénus ? Quelle star en fera son améthyste ? Quel cambrioleur l’en détroussera ? Nous te saluons bel astre invendable
Jeudi 23 février
Notre belle langue fait de la paix, à une lettre près, le pain, et telle est je crois la leçon eucharistique : si vous ne mangez pas à la table du Christ vous serez d’âge en âge artisans du pétrin
(Char) « émerge autant que possible à ta propre surface », oui, et immerge autant que possible à ta propre profondeur
(Char) « Si ce n’est pas le capitaine, sur la passerelle du navire, qui dirige la manœuvre, ce sont les rats ».
Qui nous dératisera ?
Au jardin des oliviers la chair et le sang dorment ; seul l’Esprit les éveillerait
Samedi 25 février
Un être à barbe me semble carnavalesque
Je peux prier Jésus Marie Ne peux prier Renan Loisy
Le Saint-Phlin des Déracinésserait « négligeable pour des hommes d’action /…./ parce qu’il n’est pas encore né ». N’être pas né fut et ne cesse pas d’être mon cas. Mais Montaigne me réconforte : « ce naître n’achève jamais et jamais n’arrête ».
Dimanche 26 février Villard
Une coulée de soleil auroral sur une échine de roc
La vie rogne l’espoir affûte l’espérance
Si contents les rochers de s’être dévêtus de leur suroit !
Une neige haillonneuse implore en vain le ciel
Lundi 27 février Vercors
(Char) « si /…./ vous rencontrez la foudre au visage d’écolier allez à elle, oh, allez à elle et souriez lui car elle doit avoir faim, faim d’amitié »
Des nuages se forment déforment se disloquent reloquent et toi qui les reluques, vieux schnock, dans quelle humide nébuleuse d’idées te situes-tu ?
Mardi 28 février Villard
« Vous consultez les informations, l’idiotie vous submerge » (Sollers)
Serrée entre des bancs de nuages gris, épais, une lanière de ciel d’un bleu ferme et tendre, azurée, plus délicat que tous les bleus de pur beau temps …lanière ? non, c’est un parc où se promènent de nonchalantes nuées bistres ou blanches
Sollers cite Flaubert : « La bêtise humaine, actuellement, m’écrase si fort que je me fais l’effet d’une mouche portant sur son dos l’Himalaya » ; ou encore : « La Sottise est naturelle au pouvoir » ; ou encore : « Il y a des idiots partout, puisqu’il y a partout des journalistes »
Mao ne fut qu’un capitaine de cloportes C’est Confucius en fin de compte qui l’emporte
(Sollers) « La pulsion de mort est plus ténébreuse que prévue. Goulag, Shoah, Hiroshima, Allah »
« Ah, ces Français du vingt-et-unième siècle, quel souk ! »
S’étonnent-ils ces arbres De leur nouveau printemps De leurs feuilles vert tendre ? De vivre ce miracle ?
J’imagine le moindre des volatiles nés de la main du Créateur vibrant de rire à considérer le vol lourdaud de nos avions
Une terre labourée aux mottes aplanies est comme une feuille sur laquelle le doigt de Dieu va tracer des signes céréaliers
Mercredi premier mars
Hannah Arendt cite la Cité de Dieu (XII, 21) : « Initium ut esset homo creatus est »
(Günther Anders) « L’absence de futur a déjà commencé ». « Nous ne vivons plus dans une époque mais dans un délai ».
Du singe au cyborg ?
Jeudi 2 mars
Dieu piétiné par trop de mots pieux
« Cher collègue » : aurai-je été de qui que ce soit quelque jour que ce soit une fois le « collègue » ?
Vendredi 3 mars
- Labarbe (sic), spécialiste de l’éphébie, note que l’on est éphèbe d’abord à seize ans, on se coupe alors les cheveux ; deux ans plus tard on est éphèbe à temps plein : c’est l’hêbê. (C’est la barbe).
Hé bé !
Hèbètude le moment où la barbe point le crépuscule de la beauté
Lévi-Strauss : « Je hais les voyages »
Selon Heidegger le philosophe est un perpétuel « débutant »
Le ouide l’homme infecté de darwinisme est tout triste d’être privé de son stiti
Samedi 4 mars
Mars prompt bref coup de faux ; mai non moins bref mais moins tranchant un rai de miel plutôt
Cette nuit, encore une pollution. Je méditais hier soir sur le divin Cœur de Jésus.
Ilsveulent nous rendre honteux de revendiquer notre identité française
La doctrine à haute dose c’est un risque de toxines, d’orthotoxines
Dimanche 5 mars
La pilosité invasive perpètre le pillage des grâces de l’imberbe
Etre barbu ou ne l’être pas : les raisons de se raser ou ne pas se raser sont diverses. Beaucoup de barbes sont des protections contre telle ou telle avarie du visage; d’autres soulignent la férocité d’une religion rébarbative. Daniel Brottier, pourquoi s’offrit-il le luxe d’une barbe longue et drue qui tombait de sa lèvre telle un stalactite ? Je pensais que dans tous les cas le barbu par cet attribut s’affiche allergique à la pédérastie ; j’imaginais mal l’amour socratique compatible avec un supplément pileux. Mais Léonard de Vinci me déconcerte.
« Louer son ventre pour faire un enfant ou louer ses bras pour travailler à l’usine, quelle différence ? » La Bruyère écrivait voilà trois siècles et des poussières : « Tout est dit, et l’on vient trop tard … » Mais non ! Une stupidité de ce calibre, une si énorme ineptie, nul homme, si génial fût-il, n’était en mesure de la proférer avant l’époque de la « PMA » et de Pierre Bergé.
Les canines d’un enfant ce sont les câlins de son sourire
(Broch) « cette voix du pays natal qui toujours brise toutes les frontières /…/ résonnant au-delà de toutes les frontières »
« L’amour est discrimination »
Lundi 6 mars
Le continent de la continence est peuplé de beaucoup d’eunuques involontaires
Sans Toi dit-on mon Dieu je n’ai rien avec Toi non plus je n’ai rien
(Hâfiz) « Jamais ne mourra celui-là dont le cœur vit de désir »
(Quignard) « Là où le corps cherche son plaisir l’œil ne contemple pas ». La converse : là où l’œil contemple le corps est interdit de plaisir.
Mercredi 8 mars
(Heidegger) Les sciences ont « leur source dans la philosophie », « elles n’ont pas la rigueur de la philosophie »
(Hallâj) « La sagesse ce sont flèches aux cibles des cœurs croyants dont Dieu est l’archer invisible »
Quignard voulant faire bref lâche une ineptie : « L’amour pour le Père s’appelle la politique » ; il n’est chrétien qui ne distingue le pouvoir de la piété. Freud le fourvoie en une autre ineptie : « La jouissance est asociale. Chaque éjaculation affaiblit le besoin social. La fréquence des plaisirs augmente l’individualisme. L’inhibition sexuelle favorise l’obéissance à l’autorité du groupe ». J’ai vécu exactement l’inverse.
Un priant exagéré, n’est-ce pas un accapareur de biens célestes ? Mais les stocks de grâces sont tels que l’annonce « en rupture » ne peut être raisonnablement envisagée. Plus on les implore plus on en est pourvu.
Coït : chevauchée des Vals-Culs rient
A Turin sur un papyrus on voit une femme chevauchant un homme
J’apprends dans le même temps que le Président Sissi se met en rogne contre Al-Azhar qui se refuse à condamner résolument la violence islamique que le Cardinal Tauran et sa camarilla se réjouissent, eux, dans leur « dialogue » avec cette Université, de la trouver très décidée à la condamnation.
Les religions toutes, en leur principe, non violentes : cette niaiserie était encore énoncée hier soir par le Père °°. Le manque de mémoire est une forme de la charité.
(Chateaubriand) « L’incapacité est une franc-maçonnerie dont les loges sont en tout pays »
Onze mars Toulouse
La preuve apodictique sinon de Dieu au moins de quelque effet de s’en remettre à Lui est fournie par des bonshommes tels Benoît Labre : sa conduite est absurde, sa bigoterie semble en pure perte, mais ce gueux rayonne, ce parasite porte secours, ce moribond à l’instar du Christ rend la vie.
Le psaume 29 – « avec le soir viennent les larmes mais au matin les cris de joie » – décrit l’orbe de mes journées, à l’aube j’ai douze ans disais-je hier à une gracieuse dame, au crépuscule du soir j’en ai quatre-vingt douze.
J’ai joie, puis je gésis.
Dieu à la merci de notre merci
Le seul homo festivus festivus qui soit décent, honorable, non avili, est celui qui dit avec le psalmiste : « que mon cœur ne se taise pas, qu’il soit en fête pour Toi, et que sans fin, Seigneur mon Dieu, je Te rende grâce ! »
Il faut être caréné de caresses pour soussigner le fluctuat nec mergitur
Cruelle concaténation : me rendant à un office aux Jacobins, à l’angle des rues Lakanal et Gambetta, tandis que je dépose une lettre dans la boîte postale du lycée Fermat deux beaux garçons me frôlent, double coup au cœur ; les relaie l’ordre sévère et sublime des puissantes colonnes de l’édifice religieux ; la pierre séculaire après la chair séculière ; la vie en son frémissement d’éphèbes, séductrice, à laquelle se substitue la grave liturgie dans le sublime vaisseau de briques. Deux beautés inconciliables ? Elles se joignent à la clef de voûte de mon oratoire intime
Prêtre : hyper-être
Coït : l’acte est ridicule et par chance le mot l’est aussi
Dimanche 12 mars
Il est un type d’hommes taillés en sacristains ou bedeaux ou brancardiers de Lourdes ; on les reconnaît à un je ne sais quoi de clérical
L’eau vive de l’Esprit ne coule pas dans les canaux d’arrosage dogmatique
(Chateaubriand au livre XXXVIII, 13) « Il est des axiomes généraux qu’on met devant soi comme des gabions ; placé derrière ces abris, on tiraille de là sur les intelligences qui marchent »
Se rouler de rire dans la couette son zéro social
Lundi 13 mars Toulouse
Toilettage du Coran. Quand on l’aura nettoyé de ses scories ce sera un admirable supplément à la Bible
Quand l’usine mentale est en activité
Le silence de Dieu ne peut être écouté
De tous mes écrits faire un tapon
Un pigeon blanc un pigeon noir
Sur des tuiles grises et roses
C’est ainsi que l’aube propose
Ses beautés Que sera le soir ?
La philosophie, selon Heidegger, « science certaine, absolue »
« La philosophie, en guise principielle, est cette attitude ou façon particulière de se tenir, sur le mode de la connaissance, en rapport à l’étant en tant qu’être (sens d’être), où, alors même que se tient ce rapport et pour qu’il ne cesse de s’entretenir, c’est chaque fois de l’être (du sens d’être) de l’avoir (cet avoir qui caractérise la tenue de l’être-en-rapport) que tout, en même temps, dépend décisivement »
Quand les langues se font la nique : eksecho, en grec = être saillant, supérieur ; en latin ex-aequo,c’est ne l’être pas
Mardi 14 mars
Allégé du Credole plaisir à gogo ?
L’aimer en tout en tous, oui. Le préférer à tous, à tout : oui, mais.
Agapè, est-ce refoulement d’éros ? Ce serait alors le plus contre-nature des amours contre-nature
Un qui ne reçoit pas les estropiés chez lui
Ni les boiteux ni les aveugles ni ni ni ….
(Adonis) la politique, il se peut qu’ « elle se transforme en sac où on déverse les croyances comme des amas d’ordures »
Nietzsche, selon Heidegger : « pépinière pour littérateurs », « sécrétant une sale atmosphère pour la pensée »
Chemin de croix de l’énumération : Quignard nomme tous les chiens d’Actéon et les parties successives de son corps que ces chiens disloquent
Contre la curée le curé homme mangé
Avoir manqué la manducation de lui-même qu’institue Jésus, dans Les Désarçonnés, alors que le sujet-moelle en est bouffer/être bouffé, trahit chez Quignard une timidité devant la chose catholique – peur de se compromettre ? (C’est si peu à la mode, le Credo !)
J’aurais pu être un Quignard, ne suis qu’un guignard ; j’aurai eu cependant mon quignon de bonheur, grainé de grâces, long comme un jour sans fin
Mercredi 15 mars
Entre mes côtes bat le pouls de l’Univers
Il cessera de battre au bout de mon hiver
La belle jambe que me ferait une statue en pied à mon nom, un bronze sur socle dans un jardin public, notice ad hoc !
Lire Quignard, c’est rendre infiniment raisonnable (et éminemment secourable) l’acte christique de se faire Dieu comestible, quignon
Mallarmé (grand-oncle de Stéphane), le 24 décembre 1793, lit à la Convention le rapport du Général Westermann : « Il n’y a plus de Vendée. Elle est morte sous notre sabre libre. J’ai écrasé les enfants sous les pieds des chevaux /…/ »
Jules Delahaye, le 23 novembre 1892, définit la politique : « la curée, au grand soleil, de la fortune des citoyens, des pauvres, des besogneux, par des hommes ayant mission de les protéger »
Jeudi 16 mars
Etrenner comme il faut la peine de ce jour
C’est la grâce Seigneur qu’aujourd’hui je demande
Et une joie en sus qui de rien ne dépende
Que de Ton bon vouloir et Ton immense amour
Le film Rashomonest, en son finale, évangélique : Rasho y devient un Bethléem ; l’homme est mauvais mais
chaque fois que paraît un tout petit enfant
c’est Jésus qui s’annonce et un monde innocent
Vendredi 17 mars
Dans le lagon de l’âme morte Clapotent les paroles vaines Mais la pépite d’or du psaume Dans les remous de l’onde émue Dessine de divines orbes
Un mot suffit parfois pour changer d’aiguillage
Un mot qui ne soit pas venu du marécage
Du moi de ses moiteurs de son narseux pacage
Mais de l’Agneau de Dieu davidique agnelage
L’amour calme et définitif d’un rocher peut donner l’idée d’un sol absolu
Traiter de « jeune homme » un évident octogénaire c’est une manière atténuée, par douce dérision, de l’assigner à son grand âge. « Jeune homme », c’est certes plus gentil que « vieux schnock », mais ça revient au même.
Samedi 18 mars
Chauvir est le verbe préféré de Quignard. Chauve-qui-peut, me dis-je.
Quignard approuve Jésus disant « ne jugez pas » dans une page où il juge lui-même avec impétuosité, se permettant de susurrer que cette injonction n’a eu aucun effet sur le christianisme. Sur lui, certes !
« Epechô en la bouche de Jésus : j’arrête d’obéir, je quitte la meute – j’écris » : trois erreurs si énormes qu’on incline à les croire des impertinences calculées. Jésus s’est voulu obéissant jusqu’à la mort, n’a jamais quitté la meute (ces foules qu’il instruit), jamais écrit (qu’une fois sur le sable). L’auteur de cette phrase stupide a-t-il, lui, quitté la meute ? Pas celle des maisons d’édition !
Dimanche 19 mars Arize
Le silence palpitant d’une eau de source fait une basse continue au chahut rieur d’une harde d’enfants
La ribambelle est toujours belle
Quand elle est une fleur d’enfants
Pauvreté des mots : comment dire les godasses de Van Gogh aussi dru que la peinture qu’il en a faite ?
Lundi 20 mars
(Beethoven) « Je ne connais d’autre supériorité que la bonté »
(Browning) « How is it under our control To love or not to love ? »
Piété (participe) et piété (substantif) : leur synapse. S’incliner dans l’oraison pour mieux se tenir debout.
Une autre niaiserie de Quignard : « La plus terrible théocratie que la terre ait connue (le christianisme) ». Que suit un mensonge par omission : citant le « mè krinete» de saint Jean (VII, 24) il omet la suite : « mè krinete kat’opsin, alla tèn dikaian krisin krinate », apparemment sans se douter qu’il juge lui-même sans justesse, sans justice.
(Adonis) « J’ai beaucoup de cheveux blancs sur la tête, Mais dans les entrailles je n’ai que les poils follets de l’enfance »
Mardi 21 mars
Psaume 84 (c’est mon âge) : « La vérité germera de la terre et du ciel se penchera la justice ». M’apparaît ce matin en extrême clarté que justice n’est pas affaire à confier aux hommes – ils ne sont pas capables – mais faire la vérité, oui, et quand celle-ci, ôtée l’ivraie des idéologies et utopies, germera, alors pleuvra (mieux que penchera) la justice.
(Anders) « Ce à quoi je ne peux rien ne m’intéresse pas ». C’est ainsi que ne m’intéresse plus, hors mes diversions (musique, balade), que la prière.
Les êtres beaux me sont interdits parce que beaux, donc sacrés. Les êtres laids me sont interdits parce que laids, massacrés.
Mercredi 22 mars
Deguy, Comte-Sponville, ont de l’estime pour Hollande : ça juge la capacité politique des philosophes. (J’y ajoute, sept mois plus tard, Françoise Héritier : cette disciple de Lévi-Strauss a milité ardemment pour cet imbécile).
Je suis Bonnefoy en son refus des gnostiques, mais le refuse quand il énonce : « Pourquoi la mort, oui, mais la mort existe-t-elle puisque l’existence particulière ne fait qu’un avec toutes les autres dans l’univers ? /../ » C’est se payer de mots, se tromper sur soi et sur l’un. Lanzmann, au contraire,voit dans la mort « un scandale absolu ». Et Claudel : « Vous avez mis dans mon cœur l’horreur de la mort, mon âme n’a point tolérance de la mort ! »
On ne pourrait parler en vérité de la mort que dans le moment où l’on perd tous les mots
(Bloy) l’auto, « hideuse machine /…/ qui pue et qui écrase, quoi de plus crétin que de faire 150 kms à l’heure » ; le sport, « moyen le plus sûr de produire une génération d’infirmes et de crétins malfaisants » ; la « cervelle en boyau culier » d’une bourgeoise ; la charité, « maladie contagieuse de Jésus ». « Contempteur absolu du Nombre, je me glorifie de n’avoir jamais voté et je ne crois à aucun avenir politique /…/ J’attends Dieu seul et Notre Seigneur Jésus Christ est mon prétendant. Quand on me parle d’autre chose, c’est comme si on me jetait au visage de la boue et des excréments ».
Son Journal s’ouvre sur la « visite de Georges L. qui « ment comme un musulman ».
Jeudi 23 mars
La parole de Dieu transmise par les textes
Ressuscitez-la dans les tierces et les sextes
Que l’office l’éveille du tombeau des mots
Elevez votre voix élevez vos rameaux
Et ce que ne peut pas votre théologie
Vous le pourrez dans la divine liturgie
« ce monde, qui est le seul » : non, Bonnefoy ! Il y eut d’abord le monde intra-utérin, il y a les trois mondes du phénomène humain
(Bloy en 1892) « Aujourd’hui le catholicisme est devenu comme une espèce d’aristocratie pour la pensée »
Vendredi 24 mars Toulouse
Montaigne, quand il cite Térence (I, 39) – « Vah ! quemquamne hominem in animum instituere, aut Parare, quod sit charius quam ipse est sibi ? » – (« et comment se peut-il qu’homme se mette en tête d’aimer quelque objet plus qu’il ne s’aime lui-même »), se doute-t-il que c’est la pensée de Thomas d’Aquin ?
Les tuiles éclairées d’un soleil pâle en attente des pattes irréfutables de quelque pigeon
(Bloy) « la niaiserie apophtegmatique des protestants », la « crue extraordinaire de bêtise de la littérature cléricale »
(Saint-Exupéry) « Celui-là n’habite point le même univers qui habite ou non le royaume de Dieu »
Le catholique, cancane le calviniste soucieux de purger son culte et son calendrier, souffre de sancticémie
Samedi 25 mars
Il n’est philosophe, si serein, si impavide qu’il affecte d’être, qui ne marque son irritabilité par quelques coups de griffe : c’est lisible chez Spinoza, chez Kant, chez Heidegger, même chez Husserl.
Bloy répartit ainsi les péchés capitaux : orgueil, envie, colère, paresse chez les adorateurs du Père ; avarice et gourmandise chez les adorateurs du Fils ; luxure chez les adorateurs de l’Esprit-Saint. « C’est parmi les luxurieux », insinue-t-il, « que le Paraclet ramassera son troupeau ».
Sainte-Beuve (II, p. 303-4) escamote, évoquant le chapitre de Montaigne sur la solitude, l’alinéa où le christianisme de celui-ci est patent. Pardi !
En novembre 2013 les fanatiques de la Licraexigent le caviardage partiel du Salut par les Juifs
(Zola) « Si je voyais un miracle incontestable, cela me gênerait beaucoup.Je n’y croirais pas. Cela créerait un duel entre mes sens et ma raison, je n’aurais plus mon équilibre. Cela serait dangereux pour moi ». (Cette niaiserie date de 1893). Pauvre raison zolâtre, si chatouilleuse, si étriquée !
Dimanche 26 mars Toulouse
J’aurai plus de trente années durant feuilleté face à moi la page de briques de meneaux de mirandes, ensoleillée ou embrunie, du Collège de Foix qui me rapatrie dans la culture médiévale fondée en ferme foi
(Au jardin botanique) Ah ! Bel hêtre pleureur tardif à revêtir Ton larmier de feuillage ! Ah qu’un prompt repentir T’engage incontinent à de pleurs te pourvoir ! Ce n’est plus l’hiver Nu je ne veux plus te voir Mais te veux éploré dans ta verte vêture Et paré de rameaux pendants c’est ta nature
Deux bébés même ber un de celluloïd l’autre de peau
Un coq infatué vient claironner sous mon nez
Cet être minuscule ayant la forme humaine
Comment ne pas aimer sa curieuse dégaine ?
Une flache un gamin saisit des feuilles les y fait amerrir
Une flache un gamin lançant de petits cailloux y fait des ronds
Le même armé d’un bout de bois s’échine à fendiller la boue humide
(Bloy) « 1° Tout ce qui arrive est adorable 2° Accord parfait de la liberté divine et de la liberté humaine. De toute éternité, Dieu saitque, tel jour, tel individu accomplira librementun acte nécessaire 3° Enfin tout ce qui n’est pas strictement, exclusivement, éperdument catholique doit être jeté aux latrines »
Lundi 27 mars
Se repentir de Lépante ?
Un Lépantir ?
Bloy, Claudel, deux éléphants dans le magasin de porcelaine de la porcine et positive impiété
De Bloy : « la pauvre jeunesse qui fut mienne /…/ et dont je n’ai jamais pu jouir »
« le monde littéraire /…./ hors duquel est évidemment le salut »
« Voir dans chaque mot de l’Ecriture un vase plein du sang de Jésus-Christ »
« vir coïtans et hoc modo cruciatus in muliere ; anhelans »
« Je suis pour l’intolérance parfaite »
Mardi 28 mars
Une foi pas même capable de soulever un grain de poussière
Bloy …To blow ….Souffle de l’Esprit.
« La littérature pouilleuse des livres de dévotion /…/ est /…/ une sorte de langue misérable, ignominieuse, divinement appropriée » à la condition du Pauvre (Jésus)
Considérer son prochain comme un autre soi-même ? Non, ce Président de la République, je ne puis m’abaisser jusqu’à lui. Seul expédient : le déboulonner de son socle d’ambitieux parvenu, le reconduire à son innocence d’enfant.
(Bloy encore) Huysmans, après Là-Baset En route, devrait intituler son prochain tome : EN HAUT ; TOUT LE MONDE DESCEND ».
Mercredi 29 mars Toulouse
L’Esprit- Saint n’exauce en nous que notre demande qu’Il vienne ou tienne en nous
(Mère Teresa) « la sainteté n’est pas un luxe pour un petit nombre mais un devoir simple pour chacun de nous »
Sur le Pont Saint-Pierre une chaise s’adosse au bastingage, ce n’est pas une cathèdre, c’est un prie-dieu qui invite à s’agenouiller et implorer la déesse Garonne, cette garce aux brusques emportements dont les flots sont susceptibles de monter jusqu’aux égueuloirs du Pont Neuf. Cette chaise insolite, est-ce un émule de Dali qui l’aura ainsi apostée ?
Jeudi 30 mars Toulouse
Le vent lui seul feuillette ce petit journal
L’odeur un soupçon anisée de la tulipe corolle ouverte
Avec son irénique colt en plastique un môme insurrectionnel mitraille une escadrille de pigeons
(Bloy) « la médiocrité inconcevable du clergé »
« – Apprenez, monsieur Léon Bloy, que je suis athée et matérialiste – Fort bien, cher Monsieur, vous me voyez charmé de savoir que je suis en présence d’un imbécile ».
Vendredi 31 mars Toulouse
Bloy, quel boy !
Une femme à burqa mâchonnant sous un tamaris étique quatorze siècles de rancœur coranique
Zola, sa « petite couillonnade positiviste dont il s’est fait le Gaudissart » (Bloy)
(Huysmans, en 1906) « Personne ne croit plus à l’honnêteté des hommes politiques »
Samedi premier avril
(Bloy) Nations chrétiennes solidaires ? « Assurément et incontestablement. Elles sont solidaires du même crétinisme, du même goujatisme, de la même lâcheté, de la même férocité, de la même avarice, de la même bicyclette et de la même ignominie ».
Le rassemblement liturgique a ceci d’excellent que l’on fait corps -« tous les membres (I, Cor.,12, 12) /…/ ne font qu’un seul corps ». Il n’est pas deux fidèles à la messe qui pensentle même Credo mais leur communion le dit d’une même voix.
(Bloy) « Avantage de la laideur sur la beauté. La beauté finit et la laideur ne finit pas ».
Gouttes d’eau en colonnes verticales sur la vitre : poème de pluie
Selon Bloy l’Eglise enseigne, et tous les saints, que « le salut d’une seule âme importe plus que le soutien du corps de cent mille pauvres »
(Psaume 128) « Saepe expugnaverunt me a juventute mea » – je suis en effet méchamment expulsé de ma jeunesse dans toute messe où ne soit pas trissé au bas de l’autel selon le rite tridentin l’ « ad Deum qui laetificat juventutem meam »
Mardi 4 avril
J’ouvre mes volets le mot ciel l’étendue bleue ensemble me sont donnés avec eux le ouiimmarcescible l’action de grâces
(Bloy) « le silence /…/ forme la plus meurtrière de l’hostilité »
« Le monde de la Croix et du Pèlerin, si bas »
Les bonnes manières mielleuses d’un christianisme édulcoré
Mercredi 5 avril
(Bloy) Le catholicisme est enterré par « les francs-maçons, les protestants, les juifs, les catholiques »
Huysmans, « avorton des théologales »
« Les imbéciles sont fuyants et imperméables comme des glaires » ; « l’orgueil sacerdotal, le sentiment le plus judaïque et le plus invincible qui soit »
« Dimanche de Pâques / 1859 /. Allant à l’église, entendu le carillon infâme du temple. Rien ne peut être imaginé de plus odieux, de plus intolérable que cette chaudronnerie d’enfer qui suffit aux protestants. Il y a là, m’a dit notre curé, une pauvre vieille cloche catholique âgée de quatre cents ans qui pleure d’entendre les autres ».
« Oh ! l’horreur insurmontable, indicible de nos latrines luthériennes et scandinaves qu’on ne vide pas et qui débordent comme un poème de Gundtvig ! »
Les cookiesfournissent une grêle de renseignements sauf celui de s’en débarrasser!
Etre cloué à la croix d’un acte manqué
Jeudi 6 avril Bolquère
Rejeté sur soi comme une herpe marine dans les sables mouvants de l’intranquillité
J’apprends à mon ombre à ne pas trop glisser sur la neige durcie
Selon comme on règle son objectif l’être désiré se trouve tout proche (dans quelque rue Gît-le-Cœur) ou bien s’exile, ange ou zombie, dans une Terre Adélie de mémoire délébile
Si je vais jusqu’au fond de mon ciel intérieur
J’entends la rumeur de Tes eaux vives Seigneur
Cette lune en peine d’être pleine se donne du mal pour ressembler à un nuage
(Bloy) « les ecclésiastiques modernes à figure de mouflons ou d’aligators »
« Lecture fastidieuse des journaux. Toujours la compétition des canailles pour la Présidence de la République infâme que Dieu confonde ! »
Samedi 8 avril Bolquère
Comment t’appelles-tu demandai-je au torrent ?
Il ne me répondit que par un hurlement
Mais de cette avanie il se fit un viatique
J’allai d’un pas plus gai plus gaillard élastique
J’aurais marché sur l’eau je dédaignais les ponts
J’aurais fendu les flots par versets et répons
L’eau n’a rien de mieux à faire quand l’occasion s’y prête que de dévaler
Narcisse en sa chambre d’échos Se caresse le poil des mots
Il fait si beau que des cumulus ont décidé de prendre l’air
Je me sentirai génial quand mes vieux croquenots ou mes vieilles galoches auront l’air de celles ou de ceux de Van Gogh
Une flamme en forme de virgule orpheline de sa phrase
(Bloy) « C’est avec le fumier de Virgile, d’Horace, d’Ovide et de Cicéron que l’Eglise obtint la fleur merveilleuse /…./ qui s’est nommée la Raison chrétienne »
Dimanche 9 avril
Le vieillard manque de tact. Il n’a pas su jusqu’où on peut aller trop loin.
La débandade des nuages ne trouble pas l’étang gelé
Laisse venir à toi les mots de quand tu ne savais pas parler les mots d’enfance au liséré de toile bise et de ruban rose
Virtuose de la longévité il excelle au récital des trémolos vocaux et tremblements jambiers ; on le voit vacillant sans s’affaler sur les échasses de ses dix fois dix ans, et l’on applaudit ; il s’en va sans fausse note petit pas à petit pas vers la cadence finale du trépas, et on l’honorera d’un Te Deum.
Je note à nouveau la phrase-seuil du Journal de Bloy :
« Visite de Georges L., qui ment comme un musulman ».
Pascal, selon le même : « scepticisme noir », « occulte médiocrité »
Silouane prête à Dieu cette prière : « Je ne vous demande qu’une chose, mes pauvres enfants, c’est de ne pas tomber dans le désespoir »
Pour Bloy Lourdes est devenu « le gouffre central de la sentimentalité contemporaine » ; les « Pères Augustins de l’Assomption » lui paraissent des « prêtres épouvantables »
« Selon le doux protestantisme, le Dieu de Moïse est un paternel et ineffable gaga qui ouvre les bras à tous ses enfants indistinctement »
Lundi dix avril Bolquère
Les potentilles ont l’air de méditer sur l’opportunité d’enfin s’ouvrir ; ce sera un jaune qui s’ajoute en catimini au jaune entêté des panonceaux et au jaune épisodique du petit train
Lorsqu’à midi un dix avril S’ouvre en Capcir la potentille Crayonner un ainsi soit-il Soit ma religieuse estampille
Ça grouille sur cette motte un caviar de fourmis
(Bloy) « Je me suis fait marquis du marquisat de moi-même » le Roi Bloy !
Mardi onze avril Bolquère
Un tout petit nuage blanchâtre joue à feindre d’être la lune ; l’une ou l’autre se dit-il ; mais pfuitt ! l’on n’y voit plus que du bleu
(Bloy) Tolstoï, « le célèbre crétin moscovite »
Dans le ciel un fantastique oiseau de fibres nuageuses aux ailes ébouriffées
Mercredi 12 avril
Tu es Seigneur le rocher qui m’accueille mais que d’épines autour de Toi !
Prenant de l’âge on prend malgré soi de la gîte et volontiers la tangente
Jeudi Saint 13 avril
Je suis dans l’an quatre de mon cacochymat
Marri ? confondu ? Non fier de n’être pas mat
(Bloy) « J’ai l’âme si désemparée que je lis des chapitres de Montaigne »
« Quand on ne mange pas Dieu, on doit s’attendre à être mangé par les chiens. C’est l’avenir de la France apostase ». Cette prophétie a un début de réalisation avec l’insulte raciste(« sous-chiens ») de madame Bouteldja
(Rémi de Gourmont) « La parole de Dieu n’est supportable qu’en musique »
Vendredi 14 avril
L’âne qui veillait sur l’Enfant de la crèche à Bethléem ressuscite à Jérusalem pour être la monture de Jésus accablé de la fausse gloire des palmes et des brames
Le jacuzzi de tendres toisons des agnelets en bergerie
(Coran, 98, 6) « Oui, les incrédules, parmi les gens du Livre et les polythéistes, seront dans le feu de la Géhenne pour y demeurer éternellement, voilà le pire de l’humanité ». Une lecture probe de cette sourate oblige à comprendre que les « gens du Livre », qui se distinguent mal des polythéistes (voir les sourates 5 et 9), sont incrédules s’ils persistent à ne pas croire « un Prophète envoyé par Dieu », lequel ? Devinez.
(Bloy) Napoléon, « d’un point de vue tout à fait supérieur /…/ le Raté grandiose, l’Infirme colossal »
(Son ancien propriétaire) « Coiffé d’une casquette sordide, il marcha comme un vieux lancier de la préfecture, dans un immémorial pantalon à la semaine dont le fond gravitant vers les mollets donne l’idée d’un bastingage contre l’artillerie éventuelle des coups de souliers dans le fondement »
Je n’en suis même pas à laMéthode rosede l’art d’aimer ; mais la Méthode rossede l’art de l’étrille, je l’ai si bien assimilée que me voici un Cziffra des lazzi
Samedi Saint 15 avril
C’est parce qu’il a dit beaucoup de mots d’amour à des courtisanes que Charles de Foucauld peut s’adresser du fond de ses tripes à son « bien-aimé Jésus ». Autrement dit : il faut avoir été prodigue pour se jeter aux bras du Père
« Là, rôdent les renards » (Lamentations) ; est-ce cette sorte de renard que je suis moi-même, ou celui du Petit Prince ?
« caritas etamor », dit l’hymne
Se laisser couler dans le sans-souci
(T.S. Eliot) « April is the cruellest month »
(Bloy) « L’art n’est pas mon but, mais seulement un instrument dont j’ai appris à me servir comme d’une épée ou d’un canon /…/ Je donnerais tous les artistes du monde et tous les chefs-d’œuvre de l’art pour l’Oraisondominicale dite par un mendiant au bord d’un fossé »
Dimanche de Pâques
Pour Bloy, il suffit d’un seul catholique, et l’Eglise est là, toute, intègre. Mais l’Evangile suggère qu’on soit au moins deux ou trois.
C’est la vulgate qui ajoute dans la traduction du livre de Tobiele chien qui « montrait sa joie en caressant de la queue ». Bloy note que la nouvelle exégèse (Loisy) dédaigne cette joie caudale ; « j’en connais un », note-t-il (un certain abbé) « que la queue du chien de Tobie empêche de dormir ».
Lundi 17 avril Argelès
(Montaigne) (III, 2) « Je me contredis bien à l’aventure, mais la vérité, comme disait Démade, je ne la contredis point ». Démade, non Augustin ?
La lune de miel puis la lune de fiel et là pas de quartier
(Bloy sur Le Mystère de la Nativité de Maurice Bouchor) : « L’allégresse infiniment humble de ces animaux sans péché qui n’en peuvent plus de savoir que Jésus va naître »
Machines à nous machines à vous machines à sous machines à soues machines à dessous machines à sens dessus dessous machines à trente-sixièmes dessous
(Cette litanie jaillit dans le jardin public d’Argelès ; le casino qui le borde affiche en capitales blanches dans un cartouche rouge : MACHINES A SOUS. Ah ! Ces assoussinats !)
Bloy = Nietzsche. Même moustache.
Les violeurs d’enfant sont abominables, mais la « pédophilie » devenue un thème pandémique (une thématique) est une infection de la conscience collective au moins aussi néfaste, couplée comme il se doit en régime d’hypocrisie totalitaire avec l’initiation au sexe dès la maternelle : moraline et viol moral
Mercredi 19 avril Argelès
La mort est cette amie enfin qui sera fidèle au rendez-vous
Il m’arrive d’implorer la tendresse d’un roc et de le caresser comme j’eusse voulu caresser un cerf
Je jouis de l’occis maure comme de l’oxymore
Jeudi 20 avril Argelès
Ma tunique de Nessos : je suis un brûlé du troisième degré par le manque à jouir
Une graminée énervant sa petite ombre sur un petit roc
Le ciel se change en aquarium pour que s’y effile en queue de poisson le gaz lâché par un aérodyne
Elections : onze candidats. Le foot politique. Quelle est l’équipe adverse ? Le peuple français. Mais ces onze, devant la porte dorée du pouvoir, forment une équipe dessoudée au possible, chacun veut avoir le ballon ; et l’on ne se passe rien.
Comme il est beau le Léviste coiffé de son bonnet rose du soir !
Vendredi 21 avril
Le viol des enfants est la sinistre inversion de l’évangélique « laissez venir à moi les petits enfants » ; la « pédophilie », concept d’inquisition, a pour corollaire qu’on se met en frais de faire en sorte qu’il n’y ait plus de petits enfants mais des petits cochons qui dès la maternelle se flairent le cul et se tripotent le con
(Bloy) « Une concierge extraordinaire qui roucoule en poitrinant avec une dignité de vieille pintade qui se croit encore de la devanture »
Les pudeurs de Brunetière lui inspirent cette saillie : « une âme de vieille religieuse dans une culasse de sous-officier prussien »
L’homélie de notre clergé est d’ordinaire une coulée de confiture pieuse sur une tartine d’évangile
Samedi 22 avril Vallée du Tech
Noli me tangere me chuchote cette anémone sylvie
Ces eaux torrentueuses clament dans la langue de la Genèse « mon Seigneur et mon Dieu » et moi je les loue pour cet acte de foi nature
Quand vous aurez fini de chantonner, torrent
Pousserai-je à mon tour ma copieuse rengaine ?
Mais il ne se tait pas et je perds vite haleine
Il a, lui, la grande santé de l’élément
Nous voici revenus, ô Clamence, à l’homme de Cro-Macron !
Dans cette coupe d’air très pur Aux lèvres de neige et de roc Puissé-je rêve de l’azur M’évanouir nouvel Enoch
Quelques rocs efflanqués font la sieste sur un hamac d’herbes sèches
Ces pissenlits sont fourrés jusqu’au cou dans leur fraise de feuilles indentées
L’abbé Mugnier, selon Bloy, était un « serviteur de Mammon, à figure de vieux renard qui retrousserait sa soutane, pour entrer dans l’étable de Bethléem /…/ domestique des esclaves du Démon /…/ Qu’il retourne à ses chiennes de Sainte-Clotilde /…/ »
La différence entre soupière et pot de chambre, à y bien regarder, n’est guère sensible
(Bloy) On sera jugé sur « les larmes qu’on a répandues et les larmes qu’on a fait répandre, capital de béatitude ou d’épouvante e !
Accepter de servir la femme corps à corps
Fut toujours une tâche au-dessus de mes forces
Dois-je ce renâcler à mes ancêtres corses
Ou bien est-ce une peur de la « petite mort » ?
Escalader les psaumes : ce sont les cent cinquante marches de l’accès au Royaume
Dimanche 23 avril Pont d’Espagne
Dans la « besace d’air bleu » que m’a prêtée l’abbé Bégarie j’ai fourré quelques cumulus de beau temps
Plutôt que voir un paysage en vrai
Le regarder dans un bidule ouvré
Quel bonheur d’être de ce monde et d’être ici
Eternellement sous le souffle du Récit
Etrenné de Joël d’Evangile et de psaume
Heureux d’être homme parce que Dieu se fit homme
Un torrent est une partition qui se joue elle-même entre largo et presto
Le jeune serveur de l’hôtel du Pont d’Espagne, exemplaire par sa naïveté, sa crédulité, sa parfaite inaptitude à la réflexion critique : il vote Mélanchon parce qu’ « c’est le rêve », « la nature » ; l’islam ? Foin des religions ! C’est fini, les « jeunes » ont dépassé ça !
(Un esprit fort, n’est-ce pas ?)
Avoir préféré la cascade à la cacade
Cela fait-il de moi un être singulier ?
J’avoue : au bruit des eaux mon cœur bat la chamade
Et il reste de glace au quatorze juillet
Eh bonjour avril ! s’écrient ces petits soldats ces petits soleils ces soldanelles
Les adoratrices de Montmartre paraissent à Bloy un « assemblage de créatures laides et répugnantes »
(Epicharme) memnèso apistein
Lundi 24 avril
Un débile social
(Bloy) « un pays /…./ gouverné, hypnotisé, affolé, enragé par un groupe de sots qui ont la chiasse »
« Le suffrage universel est un mal absolu »
Heureuse coïncidence : ma prière tardive, et justement inexaucée à saint Antoine de Padoue, hier, a pour immédiate suite un dépliant sur ce « consolateur des affligés ».
Mais qu’avais-je perdu ??
Mardi 25 avril Toulouse
Bloy avait pour « admirable ami » Josef Florian.
Sur les Jésuites : « Une compagnie si pharisaïque, si médiocre, si laide par tant de côtés »
Entrant à Saint Jérôme je vois dans la galerie deux plantes vertes ; les mots philodendron, aspidistra me viennent à l’esprit, et je m’agenouille, heureux de ma mémoire, devant le Saint-Sacrement
L’automobile, pour Bloy : « cette hideuse et homicide machine, destructrice des intelligences autant que des corps, qui fait nos délicieuses routes de France aussi dangereuses que les quais de l’enfer et qu’on ne pourra jamais suffisamment exécrer »
Clémenceau : « ce vieux pantin à tête de mort », « un mulet insolent », « vieux gamin décrépit et malfaisant »
Mercredi 26 avril
Zola, prié d’intercéder en faveur de Wilde, se révèle Zalaud
Détournement de fonds : la récitation du chapelet faisant jaillir des étincelles érotiques
Vendredi 28 avril
Prière, oraison sont ignorées du DictionnaireHeidegger. Ignorées de Heidegger ? Que faisait-il à l’abbaye de Beuron ? Prière, oraison, la manœuvre mentale ne peut les réduire ; elles donnent à l’Etre un autre accès que par le discours.
Variation sur un thème usé : Nous sommes un tout petit moment dessus, puis un long moment dessous, sinon pulvérisés ; je ne puis me mettre en marche dans la lumière sans penser à tous ceux que j’aime ensevelis dans l’épaisse mort, et la pensée que je ne tarderai pas à les rejoindre ne me laisse pas, comme on dit, de marbre ; me bouleverse.
Puissé-je insecte d’or me dissoudre en un rai !
Entre deux cris de coq un coin de ciel plus clair
Qu’un enfant te sourie et les livres s’éclipsent
La hache à double tranchant du millénaire trois, mise en service au siècle dernier, sera-ce Husserl/Heidegger ?
(Bloy) « Mgr Amette, archevêque actuel de Paris, mais surtout archevêque du Paris actuel » (sera un chaud partisan et promoteur de la massacrante Union sacrée)
(en février 1908) « la foi est morte », « le christianisme est enterré »
« les catholiques sont si profondément infidèles, dénaturés, idiotifiés, surtout dans le clergé »
Samedi 29 avril Toulouse
O nuit plus claire que mon péché je voudrais être extrait de ce puits où je ne vois que ma seule image boueuse !
Notre Pape adjurant les autorités islamiques de dénoncer la violence, c’est comme demander à un joueur d’échecs d’appliquer les règles du jeu de dames
(Bloy) « La Sainteté n’est pas autre chose que l’épanouissement complet et heureux de l’individualité /…/ Plus on est saint plus on est singulier »
Une petite fille à tresse tressautant sur un gazon très sec
Au jardin botanique je parle à un merle – noir, ça va de soi ; à l’instant où je lui prononce le nom fatidique de mon ami passe une dame tout en noir, des pieds à la tête, gantée de noir, cheveux noirs ras, à la garçonne ; elle marche alerte et raide. Messagère de la mort ? Ou duplicate féminin de la grâce que me signifie le passereau ?
Affalé au fond d’une poussette un môme semble se résigner mal à s’être fourvoyé parmi les terrestres
Dimanche 30 avril Le Pesquié
Artiste de l’esquive virtuose de la frivolité
Sœur Raphaël Desjoyeux, aplatie tout le long des litanies de sa profession solennelle, est une crêpe de consentement pour toute l’assistance et, pour moi, nom et prénom, un caducée de grâces
La « manière filamenteuse et collante » des hagiographies, note Léon Bloy
Des pâquerettes, à Foix, nichées dans le parapet de la rivière Ariège. Quelle ténacité à vivre chez ces pauvresses, et quel prodige d’abord d’être nées dans des interstices de pierres !
(Bloy) « un journaliste caligineux, fuligineux, plombagineux, innommable et indiscernable »
« une âme de pot-au-feu qui ne bouillira jamais »
Lundi premier mai
Le discours sirupieux
L’actualité, selon Marina Zvétaieva, c’est « l’action des plus mauvais sur les plus mauvais »
(Bloy) « la société chrétienne condamnée sans rémission. Tout est inutile maintenant, excepté l’acceptation du martyre »
Pastichant Bloy je dirais : celui qui croit en Christ a droit à coups de trique d’être continûment patraque
Les Juifs « aussi imbéciles, aussi aveugles que les chrétiens »
« une époque d’aberration universelle »
« un vieil écrivain demeuré jeune pour mieux souffrir »
La sottise des catholiques, « une espèce de monstre dans l’histoire de l’esprit humain. » « Au surplus, toutes les figures ou combinaisons de similitudes supposées capables de produire le dégoût sont d’une insuffisance plus que dérisoire quand on songe, par exemple, à la littérature catholique ».
Mardi 2 mai
Sur le kakemono de ma vitre un poème de gouttelettes
Un lopin de purin au pouvoir de lopettes : France 2017 ?
Belle interférence : Bobin évoque les ailes du papillon posé sur une herbe qui sont « repliées au point de n’en plus former qu’une seule » ; Beaufret, pour illustrer le dédoublement (Zwiefelt) être/étant, écrit : « Lorsque le papillon est posé sur une fleur, ses deux ailes sont rassemblées l’une contre l’autre, au point qu’on ne voit qu’un là où en réalité il y a deux »
Pour une juste estimation de soi, ne pas oublier, la goutte de sperme qu’on fut d’abord, puis un petit animal misérable, et la poussière qu’on sera enfin. Entre ces extrémités il est loisible de faire le Faust, ou le faraud.
Mercredi 3 mai
« Laissez venir à moi les petits enfants » est un hendécasyllabe qu’une plume pieuse ou alexandrine a parachevé : « blonds » (mais pourquoi pas : « bruns » ?)
Il s’en va tout triste parce qu’il a de grands biens. Mais s’il se décide à Le suivre, ne sera-t-il pas tout triste d’avoir perdu ces grands biens ?
S’épouiller des punaises de sacristie, n’est-ce pas la tâche la plus épuisante d’un Curé ?
En 1910 la presse affirmait que « l’aéroplane » est un « engin de paix »
(Carlyle) « Le désespoir porté assez loin complète le cercle et redevient une espérance ardente et féconde »
La collision/collusion Bloy/Nietzsche est une étincelle qui, se fût-elle produite, aurait peut-être mouché décisivement les « Lumières »
Jeudi 4 mai
Faire descendre l’intellect dans le cœur, c’est la consigne des maîtres spirituels. Mais si l’ascenseur est en panne ?
A une date floue – mais est-ce de date ou de strate qu’il faut parler ? – fillea cessé d’avoir plus d’échos dans la chambre de mon cœur que garçon. Mais la même sorte d’émoi me saisit à la vue d’un être fraîchement pubère, quel qu’en soit le sexe.
Bloy, en décembre 1910, se définit « un vieil âne très doux sous la menaçante carapace d’un rhinocéros »,
Dans le même temps il pense que « la France lépreuse /…/ semble condamnée à périr »
Ceci encore : « Car voici la loi spirituelle. Chaque fois qu’un homme jouit dans son corps ou dans son âme, il y a quelqu’un qui paie ».
Vendredi 5 mai
- Chamson, a-t-on dit, « était de partout parce qu’il était de quelque part »
« Le diable », répondait à Julien Green le Père Lamy, « c’est un beau garçon »
Améry déplorant « la calamité du plaisir conjugal » aurait-il été approuvé par Montaigne ?
Rumi, faux bourdon pour Bloy, abeille pour Bobin
« Pascal est brûlant de gloire pour de bien moindres paroles », note Bloy, que celle-ci de Lautréamont : « Je suis fils de l’homme et de la femme, à ce qu’on m’a dit. Cela m’étonne. Je croyais être davantage ! »
Un distique grotesque mais sincère de mirliton :
Je ne me ferai pas au statut de pépé
Laissez-moi mourir jeune et fichez-moi la paix
Bobin, ou Muray qui le raille ? Je ne choisis pas, j’amalgame, je fais des gammes de conciliation
Très belle parole de Bobin : « Dans le cœur il n’y a aucun nombre, c’est toujours un, et un, et un »
(J. Bousquet) « L’homme n’est pas un point en l’existence de tout, il est l’existence de tout en un point »
« En moi se pense la partie, donc je suis le tout »
« Niaiserie d’une époque où chacun cherche les événements dans le journal au lieu de les voir sur sa route »
Papa, maman, causes secondes, c’est grâce à vous que je puis regarder avec tendresse et gratitude mes dix doigts au moment d’attaquer l’allegro molto agitato, que j’agiterai, médiocre virtuose, modérément, de l’Etude numéro neuf en fa mineur de Chopin
(Bloy) « Tout ce qui n’est pas la Prière est illusion »
Il refuse l’idée de « deux races juives, celle de Jésus et celle de Judas ». Il a tort !
« la source de pissat d’âne qu’on est convenu d’appeler la Bonne Presse »
S ybarite de l’ascèse par une façon de se réjouir de ses abstinences forcées
Gravir ses gravats
L’empereur Shirakawa : « Trois choses échappent à mon contrôle, les inondations du fleuve Kano, la victoire aux dés et les moines du mont Hiei »
En régime chrétien, cela donne les cinq choses que Dieu ignore : le nombre de congrégations féminines dans le monde, ce que pense une femme, ce que pense un jésuite, ce que va dire un dominicain au début de son homélie, ce qu’a dit un capucin quand il la termine
Dimanche 7 mai (électoral)
J’écoute sur « Radio Présence », avant d’aller voter, un prêtre qu’on interroge sur le quartier du Mirail : l’église y est à peu près inaccessible ; les musulmans pour leur commerce grouillent sur les lieux, obstruent ; ne payent aucune patente (au détriment des commerçants …chrétiens) ; les voitures obstruent. La police ? Elle constate, promet. Rien ne se fait. Mais, poursuit cet Assomptionniste, la vie associative est intense, il y a de bonnes relations avec les musulmans. L’émission s’achève par un extrait de sermon de saint Augustin sur le bon grain et l’ivraie qu’il ne faut pas arracher ; en laisser le soin à Dieu. (Sera-t-il plus efficace que la police ? Oui, dans l’autre monde).
Rue du Taur, trois gaillards gueulent, l’un d’eux exhibant une croix de bois, « repentez-vous »
L’humilité, qui ouvre à la confession de Dieu, dissipe le mensonge d’une prétendue « invention » de Dieu dont se pourlèche l’arrogante sottise des faux philosophes
Y aura-t-il un jour qui sera le dernier ?
Mon goût de vivre se dépense à le nier
La chair est triste hélas faute d’une autre chair
Que l’on caresserait jusque dans l’interstice
D’un sourire acquiesçant d’une œillade complice
Et ensemble un Salveensemble salve au clair
Y a-t-il une place en Enfer où ça ne chaufferait pas trop ?
Aimer le prochain comme l’on se hait soi-même
C’est nouvel Evangile et c’est nouveau saint-chrême
Novlangue : « Podcast, émission de radio ou de télévision que l’on peut télécharger depuis Internet vers un baladeur » (sic)
(Bobin) « J’ai profondément aimé jouer avec des enfants de mon entourage ». Pédophile !
Mardi 9 mai Toulouse-Sceaux
Au bord du ballast une kyrielle de coquelicots, baisers ferroviaires au voyageur de Dame Nature
Etais-je plus près de Toi hier dans mon désarroi ou dimanche dans la liesse torrentueuse du val d’Estours ? L’idée des maîtres spirituels que plus ça va mal mieux ça va est tout de même dure à avaler !
Direct Matin, poing quotidien dans la gueule du piéton
Un Tauler est un Terray de la varappe spirituelle. Il me terrifie.
« le choléra ecclésiastique » (Bloy)
La parabole du prodigue : aimer, l’affaire du cadet, hainer, celle de l’aîné.
Sept milliards, c’est l’illusion du dénombrement ; la vérité c’est 1+1+1 ….chaque fois unique
Une prière de pharisien : je Te remercie, mon Dieu, de ne m’avoir pas mêlé à la tourbe insane des fans du foot
L’évêque de Versailles, écrit Bloy, est « empoisonné de gymnastique »
« Le crétinisme du monde catholique a quelque chose de surnaturel et ressemble sacrilègement au Repos du Septième Jour »
Voilà 72 ans que je piétine dans l’ornière juvénile de mes douze ans
(Haïkaï ) Le journal ? Je suis assez riche pour m’acheter du papier Q
« Y en a marre ! » cri de ralliement de la canardière
Mercredi 10 mai
(Bloy) « Pour montrer le mal avec précision, avec exactitude rigoureuse, il est indispensable de l’exagérer » (Philippe de Néri) « Si vous tenez à tout prix à tomber dans l’exagération, exagérez en vous montrant particulièrement doux, patient, humble et aimable, alors tout ira bien »
« La Vérité », écrit Bloy, « doit être dans la Gloire. La splendeur du style n’est pas un luxe, c’est une nécessité » ; mettre l’Art, dont « le propre est de façonner des Dieux », « au service de la vérité »
Koan, mieux que Coran
« mais bon » …un bouchon que l’on enfonce dans la probabilité
En chaque âme, un abîme de mystère
Abyssus abyssum fricat
Celui qui croit que « celui qui croit qu’il y a des péchés qu’il ne peut pas commettre n’est pas chrétien » – maxime d’un prêtre aimée par Bloy – n’est pas psychologue
« ces chrétiens modernes qui tamisent l’Evangile »
Jeudi 11 mai
(Bloy) « nos évêques qui sont tous des lâches quand ils ne sont pas des Judas »
« cacogénaire »
« crétinisme complet voulu par Satan »
Dédicace de Bloy en décembre 1913 : « Gallia moritura te salutat »
(Pour une pub touristique) Quercy une autre façon de dire merci au Créateur
(Bloy) « Etranger à toute politique et contempteur vomissant du suffrage universel, le ridicule énorme de l’isoloirn’est pas pour me convertir à cette institution d’imbéciles et de chenapans. Je voterai cependant le jour où ma voix aura le poids de vingt mille voix, ce qui n’arrivera probablement pas demain matin. Omnia evomanda et cacanda ».
On lui botte le cul et il sourit aux anges
Cela lui fera-t-il gagner des indulgences ?
V endredi 12 mai
L’esquif de la Parole le youpala des dogmes
Bobin veut sauver cette phrase : « La certitude d’avoir été un jour, ne serait-ce qu’une fois, aimé, et c’est l’envoldéfinitif du cœur dans la lumière »
Le temps est une grande illusion dont nous sommes les ombres éphémères ; notre seule tâche est d’accoucher de la vie éternelle, la sage-femme de cette parturition étant la mère de Jésus
(Bobin) « La plupart des conversations d’adultes me laissent dans une nuit complète, mais parler avec un vieillard a du sens » ; les bébés « me bouleversent plus que n’importe quelle œuvre d’art »
Bloy cite Jeanne Peurabon : « Dieu, quand j’en parle, est mon pseudonyme »
Odon Vallet, à « France Info », hasarde que « la Vierge serait apparue à Fatima »
En août 1914 Bloy voit dans les Allemands une « vermine qui sera peut-être remplacée par une autre »
Péremptoire et sophiste à ses heures : la sainteté, lâche-t-il, « rien n’est plus facile » : Quaerite primum regnum Dei et justitiam ejus ». Mais cela est très difficile ! C’est comme interpréter sans faute et au mouvement la sonate mystique de Scriabine.
(Frédéric II) « A la guerre, Dieu est pour les gros escadrons »
(Bloy) « Chaque fois qu’on jouit dans son corps ou dans son âme il y a quelqu’un qui paie » ; ou encore : « toutes les fois qu’on est heureux, il y a quelqu’un qui paie, et /…/ toutes les fois qu’on souffre, on paie pour quelqu’un »
Il cite Viviani : « La jeune génération catholique, nous l’enterrerons dans les tranchées »
Samedi 13 mai
On vous fait flairer le thé avant de vous le vendre comme le candidat au Palais Bourbon vous parfume de l’encens de son programme. Le thé une fois en tasse, le type une fois en place, il n’y a plus d’arome, plus de goût
La radio chrétienneen ce jour anniversaire de Fatima s’intéresse à la brouille débrouillée entre Bayrou et Macron. Mêler ces imbéciles à l’Apparition mariale !
(Une toile d’Arcabas, Réconciliation, représente deux hommes qui s’étreignent, l’un tout abandonné, l’autre encore sur la réserve et la tête dans le cirage : lequel est Bayrou, lequel Macron ?)
(Bloy) « à une certaine profondeur déterminée par le gisement des grands morts, on est bien forcé de rencontrer la Solidarité universelle qui nous est cachée par le mensonge social »
Dimanche 14 mai
Bloy dénonçant « tous ceux qui /…/ prétendent gouverner les autres en les contraignant à voir ou à penser comme ils voient ou pensent eux-mêmes, sans aucun égard pour la vocation particulière dévolue à chacun de nous »
Le succès, « un diplôme de médiocrité ou un certificat d’ignominie »
« il n’est donné à aucun homme de connaître sa propre histoire »
« tu ne sais pas le nom de ton âme, et par conséquent tu t’ignores toi-même d’une ignorance infinie /…/ »
« Vous pouvez savoir qui vous engendra, mais sans une révélation divine, comment pourriez-vous savoir qui vous a conçu ? Vous croyez être né d’un acte, vous êtes né d’une pensée »
les « marchands de soupe théologique »
En manière de dédicace à Maritain Bloy cite Jérémie : « onager assuetus in solitudine »
« La France », aurait dit Mélanie, « est assassinée par ses évêques »
(Bobin) « Dans les yeux tout ronds des tout-petits, il y a une confiance qui n’est pas encore entamée /…/ c’est ça qu’on peut retrouver chez un homme très âgé /…/ »
« Ce ne sont pas les poètes qui donnent la plus grande lumière, mais ceux qui ont aperçu une lumière plus grande que la poésie »
Si c’est un merle qui entonne l’alléluia aura des ailes
La lettre tue, c’est écrit dans le Nouveau Testament qui demande ainsi de n’être pas lui-même pris à la lettre
Bobin oppose à Lipatti qui joue avec le cœur – collier de notes inaltérables – Gould qui fait « tomber les perles du collier dans un désastre glacé »
Pour Heidegger, Nietzsche est le « dernier philosophe allemand à avoir cherché passionnément Dieu », « après Hölderlin, le seul croyant de son siècle »
Lundi 15 mai
La joie inénarrable de se taire en Dieu
Et Lui dédier ce lai de silence radieux
(Bobin) « l’art double de la plus grande proximité et de la distance sacrée »
Contrebandier de l’amour dois-je dissimuler mes larcins ?
(Heidegger en 1950) « la sphère du politique /…/ est elle-même mise depuis longtemps hors-jeu par d’autres rapports d’être et mène une vie illusoire » ; quant au journalisme, il est une « manière organisée de déshonorer tout ce qui est langage »
Husserl d’Edith Stein : « en elle tout est vrai »
Mardi 16 mai
A Radio Présencel’annonce d’une présentation au Musée du Vieux Toulouse de lettres de Saint-Exupéry provoque ma lecture de quelques répliques du petit prince et du renard.
Pouvais-je espérer un meilleur cadeau d’anniversaire ?
Encouragé j’appelle à Buzançay le Collège de l’Immaculée Conception. Vainement.
Il fait bleu dans le ciel bleu de mes yeux
Je me préfère nu qu’orné de dalmatique
N’est-ce pas le ressort de ma secrète éthique ?
« Je ne suis pas fait pour ce monde » : mais, Bobin, quand on a publié plus de quinze volumes chez Gallimard, il y a au moins cette présomption que le monde ne vous va pas si mal
Un vœu : sourire en mourant
Mercredi 17 mai
Une pointe de joie on dirait comme une pointe d’asperge
(Bobin) « Un minuscule caillou contient tous les royaumes », c’est aussi bien dire que chacun de nous est toute l’humanité, chaque catholique, comme le pensait Bloy, toute l’Eglise
« Toute notre vie n’est faite que d’échecs et ces échecs sont des carreaux cassés par où l’air entre »
Jeudi 18 mai
(Bobin) « Chaque jour a son poison et, pour qui sait voir, son antidote »
« L’âme est une pierre détachée d’une montagne de lumière. Elle roule jusqu’à la vitre noire de la mort qu’elle fait voler en éclats »
Vendredi 19 mai
Une fois qu’on est pris dans la chausse-trappe d’être né il n’y plus qu’à attendre l dernière heure résigné
Dire que la vie est belle c’est au moins lui conférer la beauté de le dire
Nu ce tout petit mot inerme comme un lombric on n’ose en user sans l’atténuer d’un adverbe intensif : tout nu
(Bobin) « Il y a toujours dans un livre, même mauvais, une phrase qui bondit au visage du lecteur comme si elle n’attendait que lui »
Samedi 20 mai
(Bobin) « Il y a la mode et il y a le ciel, et entre les deux, rien », mais « il y a des modes de tout, même du ciel »
Laisser goutter le jour seconde par seconde En implorant le Ciel qu’il seconde le monde
Mourir comme un caillou plonge dans un étang
Quelques ondes de choc puis les risées du vent
Le faire-part serait un trille volatil
Le cercueil un nuage rose ainsi soit-il
La pudeur masculine ne viendrait-elle pas de la découverte pubertaire que l’élan d’amour est normalement, vulgairementforcé (conduite forcée) vers une vulve ? Alors on cache son sexe pour se cacher ce désarroi
Oubliant que Patricia venait exceptionnellement ce matin, j’ai produit un branlebas de combat, un tocsin de sinistre. Patricia a alerté Jean-Pierre qui a alerté Marie-Thérèse qui a alerté Colette. Ce pendant j’étais à la messe, tranquille comme baptiste, et aux emplettes, gai comme un pinson. Trouvant sur mon appareil de téléphone au moins sept appels je me suis effrayé …de l’effroi que j’avais causé.
Entre berceau et tombeau quelques loisirs péter et rouspéter
Rue Alsace-Lorraine une fillette agite ses menottes ; comment donc ne pas chantonner : « ainsi font font font … » ; puis, emballé, je continue avec « une souris verte qui courait dans l’herbe … » Préférer les comptines au bel canto, quelle indécence culturelle !
(Bobin) « On nous tue à force de nous distraire ».
Terrorisme festif. L’attentat du Bataclan : ilsattentaient à un attentat
(Bobin) « Les vieillards sont des livres saints d’os et de chair »
« Le grand âge est le tambour voilé de Dieu »
« Souviens-toi de te méfier », signé Epicharme
Tout près d’Oran, Onan.
Onaniste plus qu’oranais ? Onan m’aura exclu d’Oran
Dimanche 21 mai
Bobin voit dans « Ils ne savent pas ce qu’ils font » la parole la plus intelligente jamais dite. Valéry n’en pensait pas moins.
Que ce soit garçon ou fille Suffit que ce soit petit
On se prend à cette vrille Puérile et l’on sourit
Mon chansonnier d’émerveillé se compose d’une seule note tenue : ah !
Ce banc était si seul que lui offrir l’accointance de mes fesses me parut un acte de charité.
(Une rose s’étouffait dans un interstice de ses lattes).
Le Tasse, avant Ninon : « Mes amis, vous me croyez laisser ; je vous précède »
Lundi 22 mai
(Bobin) « Ecrire comme on taille une branche pour en extraire la flèche qu’elle promettait »
L’acte de foi d’avoir foi en ceux qu’incendie la foi
Me demander d’aimer Jésus ou Marie ou Joseph de sorte que je sois en mon cœur de chair comblé, c’est aussi absurde que de demander à un embryon d’être gracieusement affecté par le bruissement mondain sub solede la surface sociale
Avoir foi en la foi de ceux qui ont foi et en Toi, Jésus-Christ, qui a foi en moi
L’Etre et le néant, eau de vaisselle de Sein und Zeit ?
Dieu, dans l’échancrure de l’Etre ?
Mon impudeur (discrète) est due à la négligence qui m’a fait manquer la puberté
Le site de « la roche d’or » me donne ceci, de FlorinCallerand : « Dieu n’a pas d’habitude ! Il bouge tout le temps, et nous devons toujours être en avance sur notre propre devenir »
Cet égueuloir d’enfants ludiques Que l’on appelle toboggan Egaye les aires publiques Mais on n’y veut pas d’hooligans
Mardi 23 mai Seix Oust
Les deux petits yeux de cette musaraigne dans son trou de mur elle me regarde je la regarde instant éternel
Mercredi 24 mai Cagateille
Au gîte d’Escolan Mr °° me donne à choisir entre maintes saveurs d’infusion et m’apporte la bouilloire afin que l’eau bouillante ne me fasse pas défaut. On imagine mal plus de délicatesse.
Jeudi 25 mai Etang d’Alate
Assister à l’agonie et à l’abolition complète dans l’étang d’Alate d’un petit bloc de glace détaché d’un névé fut le cœur brûlant de ma journée de rocailles ; il s’en vint mourir au bord, implorant de moi un secours qui eût accéléré sa perte, ma paume de plantigrade étant plus chaude ô combien que l’eau de l’étang
On peut se rouler comme un ruminant dans la poussière des mots
Une piété faite de peur C’est pas ça que Tu veux, Seigneur !
La panne. Comment sur l’aire de péage quatre hommes m’ont secouru. Chloé a pu repartir et alternant, par un phénomène qu’il ne m’est pas interdit de juger miséricordieux donc miraculeux, le rouge de l’alarme et son extinction, m’a dissuadé, contre l’avis de mes Samaritains, de quitter la voie de grande circulation où nulle aire de service n’offrait refuge et n’a expiré qu’au Capitole, dans son garage, me laissant chez moi.
Mécanique et miracle. Ma certitude que quelque chose de mon âme a transpiré dans ma voiture (Chloé !), que mon Ange en la circonstance, est intervenu, résisterait à la plus méchante ironie, au scepticisme le plus détergent.
(Dhôtel) « Il ne se sentait pas mûr pour cette solution désespérée qui consiste à adopter un mode de vie normal »
Samedi 27 mai
Chacun a droit à ses fioretti : même un être aussi embourbé en bourgeoisie que moi a, s’il y songe, les siens ; l’épisode de la panne, hier, en est un ; aussi le sourire confiant, radieux, au coin du Capitole, d’une toute petite fille ; mardi le museau de cette musaraigne qui au fond de son trou me fixe de ses petits yeux
Madame de Gironde appelait ses amants des « mourants »
Dans un musée je visite les visiteurs
Le sacrement de n’entendre rien à rien me fut tardivement conféré ; ainsi ma longévité trouva sa justification
Tant de livres dans mon antre sur tant d’étagères. J’aurai absorbé tout ça ? J’imagine, sur le modèle de la bibliothèque, un garde-bouffe où l’on pourrait consulter tous ses repas. Mais Descartes se garde, pas l’omelette.
Dit autrement : tous ces livres dégobillés ! Imagine sur un vaisselier, pareillement rendues, toutes tes agapes
Voyager, c’est « voir le diable habillé de toutes les façons », notait Lemaistre de Sacy
Quand Bobin assure qu’il nous suffirait d’habiter l’instant dans sa plénitude pour que la mort ne trouve plus notre porte, il semble disciple de Husserl
Dimanche 28 mai
Les actualités, c’est moi, dit en son hôpital la maman de Christian Bobin
« Leurs paroles étaient faites de morceaux de monde ajustés n’importe comment. Parfois les carreaux de céramique blanche de la convention se décollaient, laissant apparaître le fabuleux rougeoiement des âmes – ce qu’il y a en chacun d’inconsolable et de grand »
« A chaque instant, à deux doigts d’un miracle »
« L’écriture est le doigt qui montre le miracle »
« L’écriture est un mendiant qui donne une pièce en or à chaque passant ». Oui, Bobin, mais 1) ce n’est souvent que du chrysocale, 2) le passant donne lui aussi, ses yeux, son temps
Lundi 29 mai Toulouse-Arles
Sur le quai d’une attente indûment étirée un moineau quêteur sautille vers mes pieds. Je ne peux le satisfaire fût-ce d’une miette, c’est lui qui me gratifie du petit miracle de sa présence, un bref instant, assez pour que stagner me devienne saveur
Tenir chronique du miracle quotidien
Ça devrait être le souci d’un bon chrétien
Mardi 30 mai
« c’est n’être en aucun lieu que d’être partout » (Montaigne), « quisquis ubique habitat, Maxime, nusquam habitat » (Martial)
Mercredi 31 mai
« mais bon » : cette locution proférée mezzo voce invite à entrer dans un nuage de conjectures ou une brume de résignation apaisée
Quelques gouttes de temps pur Dans un hanap de prière Font ce que ne saurait faire Toute la littérature
Jeudi premier juin
Avoir tout lu des bons auteurs Ne pas savoir soi-même écrire Chassé par tous les éditeurs Faut-il chialer ? Que non ! En rire !
L’agitation d’une pie sur une plate-bande est motif suffisant pour une herbivore hilarité
Samedi 3 juin
Petites confidences gloussement d’eau gloussement d’oiseau
« tu peux être en paix avec ta peine » murmure une tourterelle
La douleur est le seuil de l’Incommensurable
L’avoir dit est dictame assentiment du cœur
Que ton cri soit le cric qui te hisse plus haut
Le désir, on risque de s’empaler sur, mais on peut s’affûter à sa pointe
(Cicéron) « sed saepe etiam tristes firmitate et constantia sunt beati »
On se pelotonne dans l’inadvertance pour ne pas méditer les avertissements et mûrir les décisions
Dimanche 4 juin
Tandis que je m’éprouve en phase terminale
Pour quelques nouveau-nés commencent les annales
Ils sont au tout début d’être ces hébétés
Moi dans la triste imminence d’avoir été
(Hugo) « les bêtes sont au Bon Dieu Mais la bêtise est à l’homme »
Un innocent condamné à mort échappe à la décapitation grâce à une coccinelle qui se pose sur son cou, chassée par le bourreau récidive jusqu’à ce que celui-ci se ravise. Le roi Robert II use alors du droit de grâce, convaincu d’une intervention divine.
(Hymne homérique à Apollon) « Les mortels vivent dans l’égarement et ne sont même pas capables d’inventer un remède à la mort »
Toi qui n’auras aimé que des ombres d’ados
Et rétif à l’horreur de prendre la casaque
De tes pairs les barbons leur as tourné le dos
Tu ne mérites vieux lardon que les Cosaques
Et sans le Saint-Esprit ô traître à ton Credo !
Un peu de bleu entre les nuages un coin de villégiature pour le soleil
Sommeilleux randonneur quel frai d’étoiles dans ton havresac ?
Mercredi 7 juin
(Hölderlin) « La beauté n’est dévolue qu’aux enfants, Est de Dieu l’image même, peut-être »
(Broch) « le sourire abrite le divin »
« il faut absolument voir », on entend, on lit sans répit cette indécente, cette niaise injonction des médias ; c’est l’absolu traîné dans les caniveaux du mercantilisme et de l’arrogante subjectivité
Empilement des livres. Leur écrabouillement sous le poids des derniers parus. Peu à peu tout devient une houille ou une huile minérale dont l’extraction est réservée à quelques érudits dont les travaux à leur tour sont enfouis dans le magma liquide ou charbonneux.
L’Univers est le ventre dont il faut s’extraire pour accéder à la gloire divine
Le ton de la fraternité universelle, c’est l’étonnement à tout visage humain quel qu’il soit même si le défigure l’atrophie spirituelle
(Trakl) « … « étrangement repris par la chrysalide De son enfance »
« la voix de jacinthe de l’enfant », ou « la voix d’hyacinthe de l’adolescent »
Gaie si gaie la lumière que retiennent les rideaux dans leur pli
Dans Les Suppliantesle roi d’Argos s’étonne et s’inquiète : « Je vois /…/ d’étranges fidèles –neon th’omilondevant les dieux de ma cité. Puisse la cause de ces concitoyens-étrangers – astoxenôn – ne point créer de maux ! » ; puis il s’écrie : « Me garde le Ciel d’ouïr Argos me dire un jour /…/ : Pour honorer des intrus, tu as perdu la Cité » – epèludas timôn apôlesas polin »
O ma joie bloc d’azur dans le limpide gisement de juin
Vendredi 9 juin
En France l’exploitation des gaz de schistes est interdite, non celle, à mon avis plus sûrement néfaste, des gaz de gauchistes
Mon camarade Pierre Nora, en académicien, semble pris dans une pâte de fatuité.
Avec quel dédain toiserait-il le myrmidon que je suis. Mais que ridicule il me paraisse, voilà qui le réduit à quia
(Althusser en 1967) « Staline peut être tenu pour un philosophe marxiste extrêmement perspicace »
(Bobin) Une obsession … « C’est avec ça qu’on fait un écrivain »
Heidegger met en valeur les « amis de l’essentiel » -die Freunde des Wesentlichen »
« La pensée n’est pas pour la publicité, pas pour l’érudit et ses esclaves, pas pour la personne en l’homme, pas pour la culture, pas pour la science, pas pour la philosophie, pas pour les pensants, la pensée disparaît en sa pensée C’esten faveur de l’être (Seyn) »
Samedi 11 juin
Jouer au pharisien pour se laisser humblement rabrouer
Arcabas, « n’ayez pas peur », écrit sur un panonceau que tient sa fillette devant la Croix
Le trèfle à quatre H de la miraculeuse pensée allemande : Hölderlin Hegel Husserl Heidegger
Et l’on devient si vieux que le deuil d’aimer d’être aimé s’attendrit
Ma note d’excellence se balade entre 0 et 20. Au-delà c’est un adulte : recalé.
(Serge Pey) « Je ferai mon métier d’enfant » « J’ai décidé : mon enfance est infinie »
A madame °° qui avoue un coup de cœur pour les strobilanthes une lectrice riposte : « je n’aime pas les fleurs qui ont un aspect chiffonné »
Bobin ne voit pas les hommes, encore moins les pères, encore moins les maris, « je ne sais voir que les femmes et les enfants », moi, que les enfants
Soulever le domino des dogmes pour entrevoir le sourire de Dieu
La tristesse basse continue et la joie aile à perpétuité
(Celan) « Je ne vois pas de différence de principe entre une poignée de main et un poème »
Vs la salutation bouddhique, gasshô
Les cinq H de la pensée allemande : Hegel, Haeckel, Husserl, Heidegger, Horkheimer ; Etty Hillesum est au féminin la H qui les abat
Douze juin
La LGBTise fait rage
Est-ce le rose soupir du printemps expiré que chante à l’orée du jardin royal le chitalpa de Tachkent ?
Faire de poésie prière ou de prière poésie : pieux ou perfide détournement
Mon idée d’au moins deux portées de la Gesinnung, je la trouve dans la strophe VI du poème Heimkunft : « le souci /…/ qui venait sous la joie » – die unter das Freudige kam ».
Energies renouvelables ? Oui : la Centrale Thermique des psaumes
La catastrophe de l’Umma condensée en ce bref dialogue entre moi et le peintre Mounir qui restaure les murs de ma chambre : -« Jeûne du Coran …dur en été …pas bon pour la santé ! – On est obligé ». A quoi je rétorque sur un ton modéré : « C’est à chacun de décider s’il veut ou non ». A quoi il n’y aura pas de réponse ; ça excède le champ islamique de réflexion.
(Desproges) « Quand on est plus de quatre on est une bande de cons. A fortiori, moins de deux, c’est l’idéal ».
Mardi 13 juin
Certes, il y a du courage à défier Dieu (don Juan) mais il y en a plus encore à se démettre de ce courage – qui est une armure caractérielle – et à entrer nûment dans la vérité de la supplication
Un être aimé c’est un objet transitionnel qui facilite l’accès aux prochains, qui permet la sociabilité, qui permet aussi un réel intérêt pour les œuvres d’art – toucher avec émotion une chair vive habilite à toucher avec émotion un marbre de musée
Efflorescence de mes maybe Vont-ils s’ouvrir en surely ?
Le coq accrêté les dentelures de son cri coruscant
Mercredi 14 juin
« – ça, c’est quoi ? » demande, doigt dressé, le môme « -Un tricératops », répond le père. Par saint Triphylle qu’on fête aujourd’hui dans l’Eglise tridentine, quel effet cette claire réponse a-t-elle pu produire sur ce petit savant en formation ?
Endosse le complet de ton présent, il est taillé à ta mesure
Mon flacon d’ail noir est enrubanné de la consigne : « Soyons la meilleure version de nous-même »
Entendu à « France Culture » : « s’avérer faux ».
Danger du succès : on ne sait plus jouer qu’en clef de fat
Jeudi 15 juin
Les démarcheurs – Sébastien et Sébastien – me persuadent que je cours avec mon vieux boîtier électrique de graves risques d’incendie …imminents ? Ah oui ! Puis-je attendre l’automne ? Je ne vous le conseille pas. Mais leur apprendre que je compte, pour éviter tout sinistre, sur mon Ange gardien, les déconcerte, les laisse désemparés. Comment ébranler ma confiance dans le surnaturel ? Leur dialectique commerciale ne les a pas préparés à ça.
Sebastian im Traum : le poète Trakl pressentait-il cette sorte de Sébastien ?
« Si ta main t’entraîne au péché, coupe-la ». Eh ! Laquelle ? Mieux vaut la droite, je pourrais jouer le Concerto de Ravel pour un manchot ou la transcription par Brahms de laChaconnede Bach. Mais, réflexion faite, je choisis la géhenne, et avec elle tout le répertoire.
De quoi guérir dit-on sinon d’être moi-même ?
Mais pour aimer autrui faut-il pas que l’on s’aime ?
Bilboquet mental : on lance un mot –étier-, on tente de l’enculer sur une idée
A tout moment ce peut être un dernier moment
On le dit on le sait est-ce un divin ferment ?
Le jeune Louis XV pleurait au pot
Samedi 17 juin
Quelques roucoulements de ramiers ourlent le jour Le bleu prend des intensités lourdes de solstice
Tu n’es peut-être Seigneur que mon élan vers Toi
Un mot – Seigneur– que je profère selon le rite
Oh combien cependant j’ai désir que Tu sois
Pierre Nora sous ses plumetis d’académicien grelottant de vanité
Une parole de Toi Seigneur qui défasse toutes mes paroles
Dimanche 18 juin
Oui j’ai besoin d’un petit garçon pour mes cinq pains et deux poissons
Et je pourrais alors Seigneur n’être pas ménager de Tes dons
(Bobin) « Prouver est un désir de savant ou de policier. Accueillir est un désir d’amoureux ».
Le babil du Caporal Opinion rend inaudibles les silences du Colonel Bramble
Notre colloque Arland, en Lagast, est annoncé dans la « Voix de la Haute-Marne » : six thématiquesseront abordées
Une dame merle se balance sur un souple fil blanc, troque un instant les oscillations contre une pause sur un pieu, se repose sur le fil où elle se montre fort attentive à la chansonnette dont je la régale
Benoît XV, sur la guerre 14-18 : « suicide de l’Europe civilisée » ; cette cruelle vérité aura été assénée à Teilhard par Jean Boussac. (Lire Paul Christophe).
(Abbé Mugnier, Journal, 8 octobre 1915) « Le patriotisme est aujourd’hui plus que la religion. On place l’humanité au-dessous de la patrie, c’est-à-dire ce qui est naturel au-dessous de l’artificiel. C’est que le patriotisme permet la haine et l’humanité non ! »
Lundi 19 juin
Un pan de mur cogné par un soleil violent
Toise une cour humide où fermente un relent
Dans le ciel s’évanouit une lune livide
Qui suis-je ? Pâle lecteur des Tristesd’Ovide ?
J’ai plus de confiance en mon ombre qu’en moi
Ah ! que ne suis-je au haut d’une roche un chamois !
Plutôt ? disait Thérèse ora et labora
Labora et ora rien d’autre ne vaudra
Le jésuite Valensin disait : « Un cœur large comme le monde, voilà le jésuite », à quoi il opposait « le nationalisme étroit et mesquin »
Mardi 20 juin
Le rire graveleux de qui a forniqué
Se pimente parfois d’un soupçon de chiqué
Longuement zyeutée une paire de jambes
Et le zizi dans sa caverne entr’aperçu
Pénétrer ? Rien qu’à l’œil rien qu’en toute innocence
Je l’aimai presque et qu’importe s’il ne l’a su !
Mercredi 21 juin
Tout ce qu’il faut pour être heureux il ne lui manque que le bonheur
Gassendi à Descartes : « O âme ! » Descartes à Gassendi : « ô chair ! »
Vendredi 23 juin
Instants d’adoration durs comme des bétyles
Et dressés dans le vide ou l’événement pur
D’un Dieu caché qui dans la montrance se livre
Et rien n’a lieu que Ton amour Seigneur Jésus
Heure d’adoration pleine dense dorée
Pieuse endurance et pressentiment de l’orée
Raphaël, ange gardien de l’empire persan, note Voltaire
(Proust) « Il n’est pas en effet d’exil au pôle Sud, ou au sommet du mont Blanc, qui vous éloigne autant des autres qu’un séjour prolongé au sein d’un vice intérieur, c’est-à-dire d’une pensée différente de la leur »
Samedi 24 juin
Gaieté lugubre des amateurs de décibels
Acharnement thérapeutique, une des formes du sadisme
(Nietzsche) « Le christianisme a fait boire du poison à Eros ; il n’en est pas mort, mais il en est devenu vicieux »
Tu ne peux, tu ne sais prier, cependant tu ne peux te dispenser de la prière
(La Prisonnière) le « goût sexuel /…/ l’on ne sait pas jusqu’à quelles perversions il peut arriver quand une fois on a laissé des raisons esthétiques dicter son choix »
Dimanche 25 juin
Il est des pré artistes comme il est des pré alpes
Ça ne monte pas haut mais c’est mieux que l’asphalte
Je dis aux garçons ce que Baudelaire dit aux petites vieilles à la dernière strophe de son poème
Je suis à l’égard de l’écriture ce qu’est le labrador à l’égard de la parole articulée
Son cartable à bretelle accrochée à son dos
Tourne au coin de la rue un charmant jouvenceau
(Mozart à son père) « Quand tu seras vieux je te mettrai à l’abri de l’air, dans un bocal, pour te garder toujours près de moi et continuer à te vénérer »
Mardi 27 juin Vercors
Que fait entre les rocs le Furon ? Il furète
Stupide trait d’esprit ? Non, mot d’anachorète
Julia Kristeva, Etrangers à nous-mêmes, cite Paradiso, chant XVII : « au point qu’il te sera beau d’avoir fait de toi seul ton parti », « si che a te fia bello averti fatta parte per te stesso »
Dans l’Utopiede More, c’est Raphël Hythlodée qui est le personnage central. A propos de More Julia dit : « Soyons de nulle part, mais sans oublier que nous sommes de quelque part »
(Tusculanes) «patria est ubicumque est bene »
(Genèse)Abraham à Loth : « Si tu vas à gauche, j’irai à droite, et si tu vas à droite, j’irai à gauche »
Régime ferroviaire français : quand les trains ont du retard, c’est du mécanique ; quand ils sont à l’heure, c’est du miracle
On acquiert en vieillissant qui qu’on soit étant soi-même caricatural un talent de caricaturiste
Une botanique (érotisée) des jambes nues, ces tiges attractives à la pilosité variable s’exhibent, sans que soient toutefois visibles les organes reproducteurs, entre le solstice d’été et l’équinoxe d’automne
L’article II de la Déclarationstipule les droits de liberté, de propriété, de sûreté, de résistance à l’oppression
Dans un fourreau de feuilles multilobées un gros bourgeon de cumulus orageux laisse poindre un rien de rose
Mercredi 28 juin
(Bernanos) « La France meurt /…/ d’une intoxication de mensonges »
« j’assiste rarement aux conférences, c’est bien assez d’écouter les miennes »
Mozart fut le septième, marqué du septième sceau du succès. Que peut-on dire de ses frères ou sœurs qui n’auront jamais pu dire « ah vous dirai-je maman » ?
« forme perverse de charité affective » (Michel Crépu)
Jeudi 29 juin
Pour les féministes :
Cavafy cite Shakespeare : « Sigh no more, ladies, sigh no more Men were deceivers ever »
Meredith cité par Valéry : « more brain, o Lord, more brain ! »
Desproges : « La femme est assez proche de l’homme, comme l’épagneul breton. A ce détail près qu’il ne manque à la femme que de se taire. »
J’aurais aimé que s’ouvrissent des lèvres dans le ciel pour un sourire plus beau que le bleu du ciel
Une goutte de temps que dépose une cloche dans l’orbe de l’attente éternelle de Dieu
Ecrire des petits poèmes qui soient sur la page blanche comme des petits cumulus de beau temps dans le bleu du ciel
(Bernanos) « Quand je n’aurai plus qu’une paire de fesses pour penser, j’irai l’asseoir à l’Académie »
Vendredi 30 juin
Le temps : accéléré quand on écrit, ralenti quand on prie
Ecrire, un succédané de la prière pour des natures faibles, sujettes à l’énurésie mentale
Dimanche 2 juillet
Ce qu’est le soleil selon la science Se profère en de doctes assises Ce qu’est le soleil selon le chant Cela fleurit en François d’Assise
Songe d’Attali : « L’euthanasie sera un instrument essentiel de nos sociétés futures »
Débarrasser la terre Des indécemment vieux
Couperet cimeterre ? L’euthanasie est mieux
Lundi 3 juillet
Y aura-t-il un jour après lequel il n’y aura plus de jour ?
(Attali) Après soixante-cinq ans un homme n’est plus productif.
Falstaff !
Des nuages d’après le « mauvais temps », comme endimanchés, en vacance, épris de se bronzer
Mardi 4 juillet
Il ne suffit pas de se croire humblement inférieur aux autres pour ne l’être pas
De Gaulle fut un Don Quichotte qui se pavanait pour une France défunte
Mercredi 5 juillet
Il m’aura phallu dans mon antiquité tardive coupler Paul de Tarse avec Straton de Sardes
Mon petit robin raconte sans phrases au-dessus de l’urinoir sa dégouttante petite histoire, et incontinent je pense au pipit spioncelle
Ce plumet mauve en forme d’écouvillon, rappelant un peu la célosie plumeuse (ma botanique est approximative), c’est l’agastache. Joie de me remémorer ce mot rare. De quel poème le sertir ? De quelle tache sera-t-il la rime léonine ?
Franz Brentano : La psychologie du point de vue empirique donne Husserl
Signification multiple de l’étant chez Aristotedonne Heidegger
Jeudi 6 juillet
Un lac de tuiles sur lequel Frêles esquifs tanguent pigeons Mais gare au grain ! Rose du ciel L’orage gonfle ses bourgeons
Au fond il suffirait que le voyant rouge s’allume que se détraque le petit boîtier de la poitrine c’en serait fait en douce pour jamais de la douceur
Je les préfèrerais saignants à cuits à point
Mais le grand Pourvoyeur ne m’en présente point
Incarcéré dans cette vie mourante
Je ne sais plus à quel rien me vouer
A d’autres les roueries d’un duc d’Otrante
Ma ruse être candide et Dieu louer
Vendredi 7 juillet
Jean-Pierre (Millecam) « Pour moi, écrire, c’est prier ». Mais non ! Prier et écrire sont deux actes inconfondables. La prière honteuse, inavouable de l’écrivain est une électrolyse : « lisez-moi, lisez-moi ».
L’été fond sur moi encore une fois tel une bête de proie mordu lacéré dévoré aux Ides de septembre que serai-je qu’une joie cendreuse un deuil de brumes jusqu’au prochain juillet
Comment ça se passera, au dernier soupir ? Que cette question me travaille, cela n’indique-t-il pas que la fin se fait proche, et que pointe l’esquif de Caron ?
Au nard le chien préfère l’excrément Je ne peux lui en faire compliment Mais lui fais-je reproche d’aboyer ? Il est ainsi que moi contraint de payer Son écot de façons d’être au Destin Cris saccadés moi c’est le baratin
Toulouse Quelques tuiles de toit bien imbriquées et l’on peut voir la mer en rose
Au Rondon Marcel Arland voit « trois peupliers au corps nu, trois adolescents ». Il cite K. Mansfield : « Une des raisons pour lesquelles on écrit : il faut qu’on déclare son amour »’, et corrige : « la raison fondamentale ». Celle-ci écrit aussi : « Au fond, tout au fond, tout est bien »- et il ne corrige pas.
Dimanche 9 juillet
Débat entre les Iniakas et les Aquoibons
Où tu n’attends plus rien où plus rien ne t’attend
C’est là qu’il faut planter la tente de l’attente
Il n’est de réponse topique à la question du mal que de supprimer la question
Les dogmes, ce sont les arêtes du poisson ; il les faut pour que tienne la chair mais elles sont incomestibles
Quand aux mélismes d’un merle répondent les hurlements d’un môme on se fait une piètre idée de l’espèce humaine
Lundi 10 juillet
Un nuage gris foncé en forme approximative d’épagneul sollicite mon regard et ma verve mais à peine ai-je saisi ma plume il s’éclipse se perd en vapeur superflue
Orage ciel au vocatif
Tout est bien Même quand tout va mal
Mardi 11 juillet Bolquère
Dans l’ajour du jour deux fillettes coiffées d’un délicieux bibi
Eau des fontaines potable pas potable on peut papoter sur Qu’importe on ne la boit on l’écoute plus sûr
Jeudi 13 juillet Lincou
La voix de jacinthe d’un jeune adolescent
Tant me remue hélas ! j’en suis convalescent
Enculées sur des pieux des bouteilles de plastique tremblent à la brise, le léger bruit qu’elles produisent suffira-t-il à protéger ce potager des passereaux ?
(Judrin) « Tout nous manquerait dans un Dieu qui ne fût personne »
(Le beau dieu Tout du panthéisme est un dieu de rien)
Samedi 15 juillet
Petite vie abat grand vent
Ces nuages tels des tifs coupés jonchant le céleste parquet
Pédophilie, islamophobie, homophobie, fascisme, racisme… Une pandémie de présomption de culpabilité
(Arland) « l’instant où tout se tait en moi, où je m’oublie enfin pour me confondre exactement avec le paysage »
Je ne peux
Quand on est dans le marasme Regarder un peu le ciel Et la forme des nuages Le marasme devient miel
(La Bruyère) « C’est une grande difformité dans la nature qu’un vieillard amoureux ».
Mais dans la surnature ?
Lundi 17 juillet
« Lisez-moi lisez-moi » pandémie de mentale mendicité
Une émission littéraire laisse dégoutter des « problématiques verniennes » ; une autre, à propos de Jane Eyre : « thématique de la rédemption »
Mercredi 19 juillet Villard
Ces vies de femmes qui finissent à la traîne d’un chiwawa
A l’octave du cœur le cri se cogne au roc
Sud Vercors un accordéon de monts chauves
La foi parfaite laisse les preuves à Dieu
La treille de la détresse mûrit ses grappes de larmes sèches
Assez de santé pour être confortablement malheureux
Vendredi 21 juillet
Je ne crois plus à rien mais je crois tout de Toi
Seigneur viens au secours de mon manque de foi
Peux-tu encore te blottir dans un nid de mots consolateurs ?
(Mounier) « L’événement sera notre maître intérieur »
Et si le mot amourme devenait odieux à force de l’avoir attendu hors le mot ?
« Je suis avec vous », dit-Il ; le Pape François l’assène ; mais cela exclut-il, Seigneur, quelque autre avec ?
Samedi 22 juillet Villard
On se fait peu à peu une gueule pareille à celle de la Gueuse
Quel passereau ténu cisaille l’humide sous-bois de son chant ?
La certitude est le tissu de Pénélope Il le faut remailler matin après matin En vain le prétentieux raisonneur développe Son écheveau de preuves … De preuves ? … tintin !
Dimanche 23 juillet
Je broyais du noir un joyeux bouquet d’épilobes
m’a souri
Entre deux mots dit-on il faut choisir le moindre
Mais le moindre est encor de trop je veux voir poindre Outre mots le minois d’une jeune beauté
Ah ! Se taire zyeuter et caresser l’été !
(L’amour s’il n’est qu’un mot peu me chaut je frissonne A ne jamais aimer que des noms sans personne)
Le nevermoreloge dans sa carcasse verbale tous les démons de l’enfer
Belle prière de Franz Lichtlé s’achevant par : « que ma tendresse arrive à embrasser celle ou celui qui me répugne », oui, pourvu que j’aie, pour me donner « force », embrasser d’abord celle ou celui qui ne me répugne point
Application immédiate du Cantique des cantiques à ma quête et requête de Florian : « je tournerai dans la ville, par les rues et les places, je chercherai celui que mon âme désire, je l’ai cherché, je ne l’ai pas trouvé ». J’erre ainsi, chaque vesprée, en ce Villard, toute petite ville, peu de places, peu de rues, dans le fol espoir qu’aussi heureux que la Sulamite je pourrai avec elle m’écrier avant que juillet se termine : « j’ai trouvé celui que mon âme désire, je l’ai saisi et ne le lâcherai pas »
Ce jour est ce jour n’y ajoute rien ses limites – un nuage rose des cris d’enfants égaillés – sont celles de ta joie
Lundi 24 juillet
Le goutte à goutte d’une pluie battante tombe sur mon attente de Dieu
Où en es-tu mon vieux de la corvée de vivre ?
Combien d’années encore à porter le fardeau
A te signer à te saouler pieux poivrot ? ivre-
Mort avant de mourir pour de vrai vieux bedeau !
Mardi 25 juillet
Quand « j’ai cru c’est pourquoi j’ai parlé » glisse à « j’ai parlé c’est pourquoi j’ai cru » la foi risque fort de n’être plus que sa profération
Ce qu’on appelle un bon vivant n’est qu’un cadavre baratté
Je converse avec Marie-Thérèse, je lui parle de mon Ange gardien. Hé bien, il se manifeste bientôt après : sur le présentoir de l’église mon œil est attiré par le livre de G. Huber : Mon ange marchera devant toi
Mercredi 26 juillet
A l’ange nous avons, sans appareils sans fils sans ondes matérielles, un immédiat accès. L’idée que l’Ange de Florian je peux, par le biais de Raphaël, le solliciter, par lui atteindre le cœur de ce petit garçon, me bouleverse de joie
Quand on est pris dans l’engrenage du système et des mécanismes sociaux on aurait du mal à croire que les anges existent et provoquent des turbulences dans la chaîne causale.
Etant en roue libre, désadapté, je me fie à leur gracieuse intervention.
Avoir eu le joug conjugal sans le jouir
Jeudi 27 juillet Villard
On est pris dans une conversation inepte comme dans une camisole de force. Or de ces camisoles on n’est jamais, dans le commerce ordinaire, en manque.
Qui nous délivrera des entretiens oiseux ?
Le chant la danse la varappe le silence
La supplique adressée à Notre Père aux Cieux
Le vœu de ne plus jamais rompre aucune lance
Inflexible sous sa casquette rigide, ses jarrets raides escortant ses bâtons komperdell, un sexagénaire en culotte courte accomplit en toute rigueur sa quotidienne corvée de trek
Venue d’où cette voix d’enfant ? De quel royaume de féerie ? Fluette et cristalline, immunisée contre le concept et la corruption
Cette mouche faisant longue pause sur ma petite table, une mouche pas des plus communes, avec du rouge sur le museau, est, semble-t-il, attentive à ma parole de bienvenue, me fait avec ses pattes et sa tête des signes d’intelligence ; j’ai une amie ! me dis-je, « I have then one friend » ! Je suis plus heureux que l’âne de Coleridge
Mon séjour est égayé par le passage fréquent sur le trottoir d’en face d’une multitude de dames tenues en laisse par des petits chiens
Vendredi 28 juillet
Une grappe de garçons devant un buisson où bruit un oiseau
Malheur de n’avoir pas de chair humaine à se mettre sous l’Adam
De l’odeur du foin à l’odeur du crottin la modulation est exquise
Mon esprit balance entre la calembredaine et la billevesée
Samedi 29 juillet
Les senteurs de crottin sur la sente stimulent l’excursionniste
Straton de Sardes ou Méliton de Sardes il faut trancher
Dimanche 30 juillet
Assez riche pour s’offrir un licou de fines mélancolies
Ce badigeon bleu (le ciel) ça couvre quoi ?
Lundi 31 juillet La Fauge
Jarrets tout épineux d’un buisson d’églantiers
Quelques pis de nuées grises lâchent d’avares gouttes de bruine
Mardi premier août Villard
Jérôme Clément, dont je suis prié de savoir qu’il est une personnalité, félicite Jeanne Moreau d’être intelligente et donne pour preuve qu’elle ne renâcle pas à lire la presse ; en sus, elle est contre le Front National : cerise sur le gâteau
Si courte-patte que tu sois fleurette tu vibres au grand vent
S’accuser en confession d’avoir plus de quatre-vingts ans : n’est-ce pas en effet un péché que d’allonger sa vie indûment ?
Chacun de nous est doté d’une détresse à sa pointure
Nuages de foehn si inhibés qu’ils ne lâchent maugréant qu’à peine trois gouttes
Le ridicule tue, dit-on ? Non, je suis à tu et à toi avec le ridicule
Petite fille une blondeur de blé la tresse en épillets un visage très pur des yeux couleur d’œillet en main un pauvre ourson tout filasse tout floche l’objet transitionnel le doudou du Freudon
(Lagneau) « L’acte le plus élevé de la pensée consiste, en définitive, à comprendre la nécessité de poser l’incompréhensible »
A France Culturedégoulinent des inepties sur Baudelaire : il serait « de gauche », « démocrate » (à preuve le poème les petites vieilles), « pas catholique » ; il prie, oui, mais comme il pisse au lit
La fontaine Rusteau bave sa goutte avare
Et le pré de la Fauge implore la pluie « Oh !
Charitable nuage verse-moi ton eau
Je sèche je ris jaune arrose dare-dare ! »
Le Cornafion roc enveloppé dans une houppelande de rocs
Vendredi 4 août
Pouvoir dire le mot mortc’est se pourvoir contre la mort, c’est dire qu’elle n’est pas le dernier mot
Sur l’or de toutes les paroles que tu retiens nul voleur ne fera main basse, nul fisc ne les soumettra à l’impôt
Le louis d’or d’une médisance tue
La différence de gabarit entre cette araignée minuscule et moi ne cesse de m’étonner ; et elle ?
Dimanche 6 août Villard
Soudain, avec son sens presque exact, à la suite d’un achat, m’advient le mot écouvillonqu’aussitôt j’ambitionne d’employer dans une phrase attrayante. Hé bien, c’est celle-ci.
« Pallier à » échappe, place de l’Ours, à une employée municipale s’adressant à des vacanciers. Je la plains, je les plains, mais quelle surprise de lire dans Lettrines : « un état de carence analogue à celui auquelon palliait ». Gracq n’était pas ce jour-là en état de grâce, à moins qu’il n’ait voulu cette insurrection tribunicienne contre la syntaxe.
Lundi 7 août
Jean-Pierre Juge m’appelle pour me recommander l’ouvrage de Patrick Theillier sur les expériences extrêmes de coma ; je le rappelle ; une femme, qui n’est pas la sienne, me répond qu’il est mort. « Il » : ce n’est pas lui ! L’interférence est curieuse.
Que d’agités avant de s’en servir !
(France Culture) « la découverte qu’elle en a fait »(dans une émission littéraire)
Mercredi 9 août
J’aime mon prochain comme je me hais moi-même Article Un du catéchisme migratoire
Thomas Clerc assure, dans Libé, qu’imaginer, comme le fait Houellebecq dans Soumission, la France au pouvoir d’un parti musulman modéré, c’est un fantasme ; c’est – il enfonce le clou – frappé d’une parfaite irréalité. Ce pauvre Thomas, quelle apparition du Christ, non, de Mahomet, lui faudra-t-il donc pour le dessiller ?
(Colette) « le vrai voyageur, c’est celui qui se promène »
Vendredi 11 août
(Villon) « en mon païs suis en terre lointaine »
(Aragon) « En étrange pays dans mon pays lui-même »
(Colette) « En Puisage, en Forterre – oh ! qu’on nous rende ces noms régionaux ! »
« L’esprit des veillées apporte ce qui se mourait, depuis des années, sous le parler gras et sale, les rires ivres, l’argot sans vigueur, le néologisme sans ancêtres, la veulerie »
Samedi 12 août
Une fille frêle et fraîche, jambes, cuisses, bras nus, cheveux blonds agités par le pas vif, faite à souhait selon mes canons de beauté
(Gandhi) « Tout ce que tu feras sera dérisoire mais il est nécessaire que tu le fasses »
« Sachez que le Seigneur a mis à part son fidèle »
La dispersion sénile des pensées
Vol de corbeaux devant les portes Scées
Le ciel lâche dans le crépuscule son couvain d’oiseaux noirs
Dimanche 13 août
« …nous entrerons dans la carrière… », hymne des sodomites
Avoir une gueule gidienne de vieil amateur de marmousets, quelle honte !
Lundi 14 août
Ma malfaisance fut de feindre l’adulte n’étant qu’un enfant
Christian Bobin a élu cette phrase d’André Dhôtel : « Il n’y a que l’impossible qui arrive »
Mardi 15 août
« …le jour où tu seras invité à des noces… » (Luc, 14) : mais, Seigneur, je n’y tiens pas ; je n’y veux aucune place, ni la première ni la dernière
Blanches barbiches épilogue des épilobes le sait le colchique
Exténuer son existence si bien que l’on meure sans s’en apercevoir, et ce serait le bouquet si non plus ne s’en apercevaient les proches
Retour de balade, un oisillon par deux fois vient à ma rencontre ; il quémande, certes, mais que mande-t-il ?
Mercredi 16 août
Le premier colchique fleuri bat la générale de la défloraison
Le son de soprano de la marmotte le baryton du chien le pathétique essoufflement de la montgolfière le crissement de la scie dans les épicéas le bruit baudelairien d’une branche qui choit le mutisme millénaire d’une playe
Vendredi 18 août
Ce n’est plus la France c’est le Fric et l’Afrique
Ce jeune garçon son très doux sourire ses regards de brebis divine
Samedi 19 août
Dans le là-bas de ma mémoire la plus lointaine la plus intime dort le diamant d’un regard
Le nom de Dieu ne peut être prononcé décemment qu’à l’optatif ou à l’imploratif
Dimanche 20 août
Quand on met « Dieu » en tarte conceptuelle nappée de pensées pieuses on a, sans le vouloir, blasphémé
Voltaire m’agrée quand il note que le dévouement du roi Codros pour son peuple est fort beau et qu’en juger ainsi est universalisable.
(Je ne suis pas impartial avec le roi Codros : en trois ans de khâgne, lui seul m’a valu, grâce à une version grecque, une première place).
Dix ans de guerre de Troie tiennent dans un mot de Thersite : « all the argument is a cuckold and a whore »
Lundi 21 août
Un catéchiste (ou catéchumène) de « France Culture » récite sa leçon : « l’islamophobie existe, elle a toujours existé, elle existera toujours ». La connerie aussi.
Mardi 22 août Villard
Grâces mariales de ce jour où Marie est fêtée « reine » : au Col Vert une fille me salue, que je trouve délicieusement à mon goût ; plus bas, un petit garçon armé d’un bâton dont je note à voix haute la solidité m’approuve, hilare ; enfin au refuge de Roybon pour un peu j’eusse lancé à deux fillettes affriolantes : « princesses, nommez-moi berger de vos sourires »
Un nuage en point exclamatif étonné d’être dans la nue ?
Une réclame en belle langue française :
« Concert inglorious funkers tout le show est à 100°/° live, pas de bandes ou de playback »
Charmante histoire contée par Colette : On dit à Nouche, sept ans : « Choisis et fais ce qui te plaira le mieux – Je choisis de me promener toute seule dans le jardin ». Le lendemain : « Choisis tes compagnons, et apprends ce qui te plaira le mieux – Je choisis d’apprendre à aller me promener … »
Tchaïkovski recommande le deuxième mouvement de sa quatrième symphonie aux solitaires mélancoliques le soir
Mercredi 23 août La Fauge
Le petit robin de l’abreuvoir tire sa langue goutte à goutte
Il n’est pas nécessaire de croire en Dieu pour Le prier. Prie-le, et sois sûr qu’Il est à l’orée de ta prière.
Le Pape François, en son message du 21 août : « La sécurité des migrants passe toujours avant celle des nations »
Jeudi 24 août
Déjà fléchissent les colchiques Culbutés par leur tendre poids
Le filament cotonneux de l’épilobe deuil blanc de son été
A-t-il mémoire encore de ce que fut pour lui la vie en rose ?
Marie Darrieussecq déplore le emarque du féminin et veut être écrivaine
Vendredi 25 août
Marie Darrieusecq se sent mal dans la rue, parce que la rue est mâle.
Le sycomore est à l’honneur Depuis que l’a choisi Zachée Ce petit homme à l’arrachée S’est emparé de son Seigneur
Dans la partition qui m’est allouée la basse continue est souffrance (morale) les fioritures (flûte cromorne) sont rire joie
(Colette) « L’humour est une forme du courage »
(Labiche) « J’espère que la jeunesse vous viendra avec l’âge »
Samedi 26 août
On finit par être en enfer à force de ne pécher pas
Eclairs en coups de poing ils vous mettent les yeux au beurre noir
Le long bâton du fléole bambou du pauvre
L’éclair prompt pugnace poursuit ses proies dans l’empois de la nuit
Mourir jeune est un exploit qui n’est pas à la portée de tout un chacun
La parole, fleur de la bouche, est rarement racinée
Quel imbécile souhaitait, au terme d’une série d’émissions sur Homère, que l’humanité cessant enfin de guerroyer s’inspirât de la fin de l’Odyssée ?
Mon oreille est trop faible pour entendre l’homélie de la messe, ma bouche ne l’est pas pour dire Amen
Dimanche 27 août
Ma Pénélope aux petits pieds Ravaude chaque nuit sa toile Sous le doux regard des étoiles Et moi je jouis de l’épier
Dix minutes de varappe valent en intensité dix ans d’existence, déclare Sylvain Tesson. Je l’admire, mais cet énoncé ne me paraît pas avoir de sens. Est-il juste d’évaluer l’intensité selon l’effort, le péril, l’enjeu ? Je n’en crois rien. Que dire du dur désir de durer ? De l’acuponcture des petites émotions ? S.T., après sa chute, est resté nombre de semaines à l’état d’alité, cependant que je m’offrais de délicieuses déclinaisons de préalpes. Les tensions de durée valent bien les intensités de risque. Au fait, y a-t-il un instrument de mesure ?
(France Culture) Trois raisons, y affirme une tête molle, de souhaiter que l’humanité continue : art, science, compassion. Rien sur la rédemption.
Mauvaise pensée : Louis de Gonzague meurt à vingt-trois ans pour avoir porté un lépreux et pris la lèpre. N’avait-il pas mieux à faire ? (C’est un petit bourgeois hédoniste qui interroge ainsi).
Lundi 28 août
Elyane, quand j’ose lui dire : « ne m’intéresse que d’aimer et d’être aimé », me rétorque incontinent : « c’est le cas de tout le monde » ; ma différence est écrasée, je suis assigné au nivellement général
La jeune Parquesent la guerre 14/18, transpire les longues patiences et le pâtir de la tranchée
Mardi 29 août Villard
Il faut chaque été, pour la masse crétinisée, du foot, du vélo et de l’explosif. Cet été, c’est Barcelone qui s’est dévouée pour offrir en pâture aux gloutons du fait divers quelques viandes saignantes et des péripéties policières.
Que l’été serait morne sans attentats !
L’attente de l’attentat, débile variante de l’attente de Dieu.
La voix suave, persuasive, automobile de la sirène Zavetta invitant le peuple du Vercors au spectacle du cirque en est, je tends à le croire, la meilleure attraction
Ma prière à l’archange Raphaël – qu’il baise Florian sur le cœur – est aussitôt paraphée par un vif écureuil et une mésange agitant un rameau
Mercredi 30 août Villard
Nettoyé de ses scories le Coran peut s’ajouter à la Bible
La censure des bien-pensants, leur immunité parolière, leur art de n’entendre pas ce qui ne leur convient pas
Les Evangiles sont les copeaux d’une Parole qui transcende les paroles
Vaches en troupe étale sur l’estive
Comme une tarte un clafoutis pis vive !
De loin à travers le rideau multiple des arbres et dans la houppelande d’un petit vent me parvient, chuchoté, le son de cloche de l’Angélus villardien
Vendredi premier septembre Villard
La double hache Husserl/Heidegger a ouvert une brèche dans l’épais appareil des positivismes
Une présentatrice de France Inter glousse de contentement à imaginer sur le mode de la dérision le cas où deux pour cents de musulmans en Allemagne risqueraient d’investir le pays et d’y opérer « le grand remplacement ».
Je recueille dans la tasse de thé proustienne ces petits morceaux de prose :
« Il en est du monde comme du goût sexuel où l’on ne sait pas jusqu’à quelle perversion il peut arriver quand une fois on a laissé des raisons esthétiques guider son choix »
« Le désir n’est donc pas inutile à l’écrivain pour l’éloigner des autres hommes d’abord et de se conformer à eux »
« des millions d’univers s’éveillent tous les matins »
« Il n’est pas en effet d’exil au pôle Sud, ou au sommet du Mont Blanc, qui nous éloigne autant des autres qu’un séjour prolongé au sein d’un vice intérieur, c’est-à-dire d’une pensée différente de la leur »
Madame Merkel, qui ne se remet pas des atrocités du nazisme, inflige à l’Allemagne en manière de pénitence une invasion de fidèles de l’islam, avatar mahométan du nazisme
Le scepticisme est un cancer, il ne faut pas qu’il se généralise. Le traiter aux rayons de la prière.
Crépuscule du soir Le soleil s’enfonce dans un nuage de la brèche de Chalimont ; le nuage se déplaçant, le soleil semble changer de sens, son disque grossit ; enfin, braise devenu, il irradie un liséré d’arbres puis s’éteint
Samedi 2 septembre
« Xénophobie » : le mot est lâché par une bécassine de France Culture.L’idée ne lui vient pas qu’elle aurait la phobie de la xénophobie.
Il nous faudrait un peu d’éros Pour qu’agapè nous soit possible Si la chair n’est pas combustible La charité n’est plus qu’un os
Dimanche 3 septembre
Rien ne me paraît plus faux que l’idée, dont Montaigne joue en virtuose, que nous nous succédons à nous-même, toujours différent ; non ! c’est sur la basse continue d’une signature dès l’origine apposée que nous brodons des variations et modulations en accord avec notre être essentiel, et de cela Montaigne lui-même est une excellente illustration
Il y a une religion close et aussi une irréligion close, par exemple celle des « hussards de la République », ces instituteurs formatés par la vulgate positiviste, dont monsieur Germain, vénéré par Camus, est hélas un spécimen, que son horreur de la croix appareille au fanatisme islamique
Lundi 4 septembre
Le petit rire de mon presse-agrumes est semblable au cri du geai
Suprême jouir : être asymptote à l’autre corps désiré ne le toucher que du regard de ce presque faire à loisir son délice et en vouloir encore encore encore
Mercredi 7 septembre
Gandhi (sur la Bible) « Un document qui contient suffisamment de dynamite pour réduire en miettes toute la civilisation, pour renverser le monde, pour apporter la paix à ce monde déchiré par les guerres »
Exclu du colt et du coït qui virilisent De peu d’effet lui fut une longue analyse
Le seul tourisme qui ne soit pas sot : caboter autour de l’île de soi
L’eau devant un précipice n’hésite pas
Puissé-je sans faiblir chuter dans le trépas !
Jeudi 8 septembre
Comme pris de honte le soleil de ce huit septembre, après qu’il a caressé la brèche de Chalimont, devient tout rouge et décampe
Dans la pièce Mon frère ma princessesignée par madame Zambon le héros, Alyan, garçon de cinq ans, préfère les robes de fée au ballon de foot, et s’écrie : « La nature elle s’est trompée …elle a mis des morceaux qui ne sont pas à moi /…/ Le zizon c’est pas à moi, c’est mou, on dirait un ver de terre, la nature elle s’est trompée, je veux être comme Nina ma sœur ».
Pauvre Alyan !
Samedi 9 septembre
Le nihilisme, c’est la résignation à l’idée que tout est à portée d’intellect, or ce tout, au bout du compte, n’est rien, n’est rien s’il ne recèle et ne livre l’atout d’une sortie de tout
Les magasins allemands Lidl présentent, sur des emballages de produits grecs, une photo de l’île de Santorin où les croix ont été effacées : tyrannie coranique et vilenie mercatique. ¨Prétexte : ne pas choquer ! « Nous sommes une entreprise qui respecte la diversité ». Les chrétiens en seraient-ils exclus ? Même hypocrisie que celle des calvinistes notant sur leur calendrier les fêtes musulmanes et y gommant les saints de l’Eglise. Plates excuses, tartufferie !
Il fait un peu plus jour dans le jour lorsque l’on croit à l’Amour
Le claquement dans le vent du soir d’une voix d’enfant
Lundi 11 septembre
Sou l’écume mentale la masse du silence ses alvins
Pourquoi sommes-nous nés ? Pour demander pourquoi Et répondre étonnés Par un acte de foi
Mardi 12 septembre
Se taire tenir clos les battants de l’esprit
En Ta présence divin Enfant Etre l’âne et le bœuf simplement
Un articulet dans le Larousse ce qui reste d’un Important
Des mains si jubilantes qu’on les croirait prêtes à s’envoler
Des lucarnes de ciel dans un crépi de nuées
Se faire outrance pour trouer les outres de l’outrecuidance
Mercredi 13 septembre
Selon Maïmonide, porter secours à un païen qui se noie est interdit
L’ubac de la mort a-t-il un adret ?
Montaigne, sur les stations thermales (II, 37) : « qui n’y apporte assez d’allégresse pour pouvoir jouir le plaisir des compagnies qui s’y trouvent … »
Ah ! Montaigne, les compagnies qui s’y trouvent, c’est déjà beaucoup que de les supporter ; quant à en jouir, donne-moi la recette …
(Clémenceau) « La France est un pays extrêmement fertile : on y plante des fonctionnaires et il pousse des impôts »
Vendredi 15 septembre
Une niaise à France Culturevoit dans le narcissisme une haine de soi
A la croisée du défi paradoxal de Cocteau – « à l’impossible je suis tenu » – et du crédit que je fais à saint Joseph – « toi dont la puissance sur le cœur de Jésus sait rendre possibles les choses impossibles » – se situe mon espérance incoercible
Cette rance urine de piété sur l’Evangile l’homélie de routine
(Monseigneur Darboy) « L’erreur de l’homme est de croire qu’il a quelque chose à faire en ce monde »
Samedi 16 septembre
Le Pape François est jésuite à contre-sens : jadis les féaux de Loyola s’en allaient évangéliser le monde et témoignaient de Jésus-Christ par le martyre ; aujourd’hui ce sont nous, Européens, qui sommes priés de nous laisser gracieusement envahir voire martyriser
Ce bébé hilare cramponné aux barreaux de son parc nous épargne pour l’heure les sottises qu’il lâchera une fois ministre
(Sartre) « La science ne m’intéresse pas ».
Peau de balle !
Dimanche 17 septembre Villard
Le temps est notre pharaon l’éternité nous en libère
Je tombe de l’eau la cascade aussi
Plus dangereuse que la tique la punaise de sacristie
(Stravinsky) « Je considère la musique, par son essence, impuissante à exprimer quoi que ce soit : un sentiment, une attitude, un état psychologique, un phénomène de nature, etc. L’expression n’a jamais été la propriété immanente de la musique /…/ Si, comme c’est presque toujours le cas, la musique paraît exprimer quelque chose, ce n’est qu’une illusion et non une réalité »
(J. de Maistre) « L’Evangile hors de l’Eglise est un poison »
« Il suffit que tu ouvres les yeux », professe le psaume 90, « tu verras le salaire des méchants ». Mais c’est seulement à se les crever qu’on a chance de voirce salaire, et je pense au mot de Jésus : « si ton œil est pour toi une occasion de chute… » Il faut en effet s’aveugler pour faire crédit au roi David.
Lundi 18 septembre Villard
Halal est grand et le mouton est son prophète
Seule dans l’herbe grasse humide une crépide lasse
Scolie insecte piquant ou note critique
Riverain d’un ruisseau volubile un clapotis de voix d’enfants
A la vesprée un petit œil de braise perce l’épaisse haie d’épicéas
Mardi 19 septembre
Opte résolument pour un alléluia ferme et définitif
(Goethe) « Nur weil es dem Dank sich eignet Ist das Leben schätzenswert » , « parce qu’elle est apte au merci, pour cela seul la vie est digne d’estime »
Mercredi 20 septembre Villard
« Coucou », dis-je, et la petite araignée fait un saut à l’élastique
Flaccide et fabuleuse une bouse de vache
A ce dépôt culier mon sphincter se relâche
Et pauvre imitation je défèque à mon tour
Laissant en sus sur le gazon papier d’atour
Etre poli c’est tel la lune ne montrer qu’une de ses faces
Il se trouve trop intéressant pour s’intéresser à autrui
Samedi 23 septembre
Nous sommes tout fiers, pauvres sots, d’envoyer des sondes et des satellites, des soyouz, des drones dans l’espace, et nous oublions de nous préparer au lancement de notre fusée porteuse dans l’éternité
Réjoui par le jaillissement, à neuf heures quinze, de la locution : « au trou du cul n’importance »
Nietzsche, les « littérateurs » lui sont odieux ; pour Husserl ou Heidegger il en est
Entre une fibrille de rayon solaire et un fil arachnéen à l’heure où l’astre disparaît la différence est à peine sensible
Lundi 25 septembre
Si l’on veut détruire éros au bénéfice d’agapè ce n’est pas l’amour mais la haine qu’on risque de faire surgir
Chacun ne fait jamais que parler de lui-même
Excepté le chartreux lui se tait art suprême
Préservé du chiendent de l’actualité
Le blé de son silence a grains d’éternité
Mardi 26 septembre
Ces ânes qui semblent ruminer un poème de Francis Jammes
Finir sa vie à la Sartre en se compissant
Que me soit épargné ce destin indécent
Les mathématiques de la charité donnent-elles raison à Bloy ? Pour tout être qui jouit un autre souffre-t-il la passion ? S’il en est ainsi je puis accepter sereinement ma nullité ès choses d’amour.
Vendredi 29 septembre
Disciple de Kierkegaard je constate chez mes amis, sceptiques perclus ou éclopés du marxisme, une perte non seulement de la fibre religieuse mais aussi de l’humour ; il leur reste une morale, une esthétique ? je suis loin d’en être sûr ; quant à leur ironie, elle a des semelles de plomb
Le mot de Pelléas– « il n’y a peut-être pas d’événement inutile » – rejoint le mot de Pascal (les événements, nos maîtres), et m’est un réconfort quand je pense à la rencontre de Florian
Un bébé menottes closes endormi dans les bras paternels
Un petit enfant qui dort me rend dérisoire toute lecture, et s’il sourit, s’il me regarde de son œil céleste, que dire ? Aude sapere devient alors la plus inepte des maximes
(Valéry) « La mort est une surprise que fait l’inconcevable au concevable »
Lundi 2 octobre
Je rêve d’un stade de foot plein à craquer où, par une surnaturelle entourloupe, c’est une vraie messe, catholique, selon la foi, non la fifa, qui est célébrée.
Cette élévation de toute une foule, grâce à l’officiant et ses acolytes, ce match où la victoire, 1 à 0, est obtenue par la Passion rédemptrice du Christ, ô comme c’est plus attractif et plus effectif que le vulgaire carrousel de deux fois onze énergumènes courant après un ballon !
Et il n’y a pas d’autre filet que celui où les pêcheurs de Tibériade attrapent, à l’instar du Curé d’Ars, les cent cinquante trois poissons.
C’est le kyste que je détecte chez les trotskystes, et c’est le Christ que je voudrais qui soit son ablation.
(Valéry) « Le sourire est un système ».
(Il y faut le concours de dix-septmuscles).
(Marie Noël) « Si vous avez envie que je croie en vous, apportez-moi la foi. Si vous avez envie que je vous aime, apportez-moi l’amour. Moi, je n’en ai pas et n’y peux rien. Je vous donne ce que j’ai : ma faiblesse, ma douleur /…/ C’est tout ! Et mon espérance ! »
Un point d’exclamation se dresserait comme un épi plein de grains ! Un de ceux avec lesquels se fait la farine du pain de vie
(Marie Noëlle Thabut) Jésus met en garde contre la dérive de certainspharisiens.
Dire que le Dieu de l’Ancien Testament serait autre que celui du Nouveau est un « pur blasphème ».
Mardi 3 octobre
Un monsieur Daniel Mendelssohn veut avoir lu l’Odysséeavant de mourir
L’homme, seul animal capable de dire qu’il est un animal
Mercredi 4 octobre
Penser que Léonard fut aussiun virtuose de l’enculade me laisse perplexe, pantois. Le même homme qui peint sainte Anne ramone les anus : héneaurme !
Edouard VII, ses corvées de coït et de raout
(France Culture) Un monsieur Garrigou-Lagrange, victime de la maladie de Lyme, définit Stendhal comme « égotique »
Vendredi 6 octobre
Michel Crouzet, le connaisseur le plus qualifié de Stendhal qui soit au monde, ne s’éloigne pas de La Chartreuse de Parmequand il souligne que la seule civilisation de l’amour est celle du Christ
Passent d’énormes nuages noir Goya cauchemars du ciel
Lundi 9 octobre
(Daumal) « Veille à tes pieds, assure ton pas prochain, mais que cela ne te distraie pas du but le plus haut. Le premier pas dépend du dernier . »
Parvenir à ce point orphique où la question où ? n’ait plus de sens
(Oùest-il le diocèse des élus ? Est-ce la grande Rose ?)
(Lacan) « Croire à ce à quoi l’expérience nous conduit tous, Freud en tête : au péché originel »
Mardi 10 octobre
Quand le où ?a cessé de nous circonscrire dans « le polygone des ténèbres mentales » les portes du oui s’entrouvrent à l’espérance
(Alain) « les discussions n’instruisent personne »
(Buber) « Le royaume de l’Eros perclus de l’aile est un monde de miroirs et de reflets de miroir »
(Zundel) « essayer d’écouter cette musique qui est en nous et qui est Dieu »
La piété des médias s’exprime dans leur dévotion aux résultats des matches de foot
Maturation ou masturbation : mais a-t-on vraiment le choix ?
Mercredi 11octobre
La multiplication des signes de croix devient jeu de vilains
De tout petits êtres à forme humaine préméditent dans leur landau leur futur accès à la députation
Une bergeronnette chaloupant parmi les feuilles éparses chues d’un frêne
Jeudi 12 octobre
hautbois d’une voix de bébé qui glousse parmi les orants
Plain-chant plein chaud de charité
Grèbe castagneux chevalier guignette deux oiseaux dont les noms accolés m’emportent au septième ciel des assortiments
Je chie je Malachie je Malachie je chie corps esprit
Badioulivernes maoïstes
Le communisme est son badioudelaine où il remise et reprise ses lubies
Adorno/Horkheimer « La Raison est totalitaire »
Si le ciel tout à coup comme un crépi mal fait
Nous tombait sur le crâne en grosses masses bleues
Ah ! quel bleu ce serait ! quelle incurable plaie !
Quel noir illimité quel entonnoir morbleu!
(Gramsci) « la mentalité démocratique /../ un gaz putride »
Vendredi 13 octobre Lac de Gaube
Esplumouse, quel drôle de nom pour une cascade !
Nous vient-elle de la commedia dell’arte ?
Roches en redingote cravatées d’eau claire
Que chacun d’entre nous soit un centre du monde
C’est l’évidence se le dire sans faconde
Une flaque de soleil une blague d’eaux rieuses
Un petit garçon blond une gentiane bleue
«Bonjour » me chante-t-il de sa voix juvénile
Elle me sourit dans sa corolle gracile
Il m’aime elle m’aime lequel aimé-je mieux ?
Dieu étant « le centre de l’âme » (Jean de la Croix) chaque âme est un centre du monde
Samedi 14 octobre
Comment Le rencontrerais-je, toujours en colloque avec moi-même, Sera-t-il une fois où je sois en état d’entendre qu’Il m’aime ?
« Accende lumen sensibus » priais-je à proximité d’un paquet de merde. Un border collie passa, queue basse, à fond de train.
L’aurore aux doigts de rose caresse d’un reproche
Les humains engourdis d’avoir trop fait bamboche
Le ciel s’ouvre quand un enfant te dit « bonjour »
Dimanche 15 octobre
Un ruisseau qui roucoule c’est assez pour l’herbe de l’oraison ; on prie aussi le moindre des cailloux de dire son silence, ou la petite fleur dandélion de chuchoter entre deux touffes
Un clan de colchiques tremblotant dans la brise
Me distrait de moi-même et de mon humeur grise
Comme vous je voudrais aux caresses du vent
Petites fées offrir ma vie innocemment
La truelle d’un instant permet parfois de soulever un poids de siècles
« Pourquoi cette ivresse dans la seule évocation de ce mot : Amour ? » interroge Maurice Zundel. Mais il m’arrive de prendre ce mot en haine !
Lundi 16 octobre
Notre Pape à son tour abolit la peine de mort, du moins pour les assassins ; s’il s’agit de leurs victimes, il ne se prononce pas
Les paroles liturgiques, des perséides qui scintillent un instant puis s’éteignent dans la boue de notre babil
Je n’écoute jamais que les bruits de moi-même Son silence très fin quand Il me dit « je t’aime » Comment le percevrai-je assourdi que je suis Par le sempiternel tourbillon de mes bruits ?
« Sortir » est devenu pour eux « aller en boîte »
je préfère Jacob et l’échelle et qui boîte
Jeudi 19 octobre
Au milieu de la messe le gazouillis d’une petite fille réveille les fidèles de leur torpeur dogmatique
Le père Valensin, pour Martin du Gard, est une sorte de fou surdoué qui au lieu de se cacher sous la table quand il aperçoit un chat se fourre dans le dogme catholique
Combien de schnaps me faudrait-il pour faire un chenapan ?
Vendredi 20 octobre
Eden ou Enfer : illuminé ou éliminé
Je suis aussi, Seigneur, morceau de l’univers
Je voudrais une fois toucher un peu de chair
J’aime l’amour je hais le mot amour
S’il n’est que mot il joue un vilain tour
Marcher … »sans se détourner ni à droite ni à gauche » (Bloy)
Encaserné dans une langue on risque de ne pas s’ouvrir à la Parole
Il existe des gestionnaires de la mauvaise conscience qui s’en donnent une bonne par affecter un zèle d’inquisiteurs
Agneaustique
A me mettre, avant que mâchoire se décroche, un peu de chair sous l’Adam !
Mardi 24 octobre Argelès
Le frisselis d’une eau sous les piles d’une arche
N’est pas moins allusif qu’un trait de Caran d’Ache
Une file de brebis telles des chenilles processionnaires
Vacarme des grandes eaux tunique du grand silence
Un rocher cachalot se prélasse sur l’estran d’un pré
Mercredi 25 octobre Argelès
(Zundel) « C’est beau comme les montagnes, disait une petite paysanne de Savoie qui venait d’entendre une fugue de Bach. Avec une âme ouverte sur l’infini elle était de plain-pied avec les plus grands chefs-d’œuvre/…/.L’instruction est un fléau qui dégrade la science et abêtit l’esprit si elle n’aboutit pas à cette ouverture ».
A fleur de lac un rodéo d’étincelles
A l’encolure d’un roc une coulée de soleil
Il n’est pas de Conservatoire où former des virtuoses du silence
Lasses d’avoir dansé tout l’été des fougères courbent le col
Jeudi 26 octobre
Un sourire pèse si peu qu’à le voir on se sent allégé
La vraie prière engaine ses paroles dans un fourreau de silence
Le « sacrifice de l’intellect » ? Mais oui ! Pour le nec plus ultra de l’esprit
Le frottement jouissif d’une branche contre un tronc me rappelle celui d’un chat qui se caresse contre ma cuisse là une stridence ici un ronron
Vendredi 27 octobre Cabaliros
Blotti dans son buisson de bruyères un pissenlit cligne de l’œil
L’archange Raphaël, au moment où je me résignai à regagner Cauterets avec mes bâtons désajustés, m’offrit le secours d’un couple de randonneurs et l’immédiat réajustement
Et je ne voulus pas me pousser du Col …de Contente.
Je m’en contentai.
Samedi 28 octobre Lutour
Les rires écumeux de l’eau lorsque grand galop elle se rue
Dans la cuvette d’un gros bloc rocheux un pétouillet de cailloux
Le plus bel exercice dactylique une main dans une main
Très content d’être ce qu’il est où il est ce poisson pourquoi non ?
Dimanche 29 octobre Pibeste
Je papote je clapote dans le jacuzzi de mon ego
Ce minuscule escarbot gaillard bien en jambes il s’en va où ?
Moi prêt à lui porter secours s’il faisait la culbute mais non
Il tangue mais ne bronche ni ne trébuche file tout dru tout doux
Ç’aura été sur la crête du Pibeste un gentil compagnon
Bonjour chêne pubescent je me présente bipède pubère
Lundi 30 octobre
Est dérisoire ce qu’on est Si ce n’est pour être à jamais
Blanchot (« l’écriture du désastre ») est dans le suaire des mots, Bobin (« l’homme du désastre ») est un ressuscité
(Bloy) « comblé des dons de la médiocrité, cette force à déraciner des Himalayas »
(Le Désespéré) «fendre en quatre l’ombre de poil d’un sénile fantôme de sentiment, faire macérer, en trois cents pages, d’impondérables délicatesses amoureuses dans l’huile de myrrhe d’une chaste hypothèse ou dans les aromates d’un élégant scrupule »
(Doktor Faustus) « Quand, par-delà le paroxysme d’une détresse sans issue, poindra le miracle qui surpasse la foi – la lumière de l’espérance ? »
Mercredi premier novembre
Mais simplement ici me taire ami des pierres
Les virtuoses de l’esbroufe vous marchent sur le pied, les virtuoses de l’Evangile vous le lavent. Admirer ceux-ci, ne pas trop mépriser ceux-là.
Jeté dans le train des choses au sortir des lombes maternelles Te voici devenir petit être braillant l’ombilic du monde Jusqu’à tant que te bouffe dans ta boîte finale le lombric
Le prodige, Seigneur, que ce corps que je suis !
Le tâter le zyeuter sans l’aimer je ne puis
Jeudi 2 novembre
(Zundel) « L’enfer, c’est l’échec de Dieu en nous »
« le péché ? Le règne du moi »
(Newman) « On ne se repent jamais de s’être tu, mais souvent d’avoir parlé ». Je répute fausse la première assertion : que de paroles je me repens de n’avoir pas dites à papa !
Cette pharmacie où me fut administré, remède-panacée, le sourire d’un bébé
Qu’un kaki se plaque sur ton crâne quelle mine ferais-tu ?
Prier : se désapproprier
« Présence réelle » : c’est Jésus-Christ au cœur de chacun de nous exposé dans le chœur de nous
Samedi 4 novembre
(Bloy) « exécrateur victimaire du propos banal et de la rengaine, il portait sur l’extrémité de sa langue une catapulte pour lancer d’erratiques monosyllabes qui vous crevaient à l’instant même une conversation d’imbéciles »
« les regrattiers du salut »
Zundel cite un vieux chartreux disant des offices : « pour moi, tout cela, c’est du sable dans la bouche »
Dimanche 5 novembre
Boualem Sansal dit de Macron à Alger : « bêtement intempestif et opportuniste »
(Courtois) « Lénine, l’inventeur du totalitarisme »
(André Louf) « Je ne sais pas aimer parce que je colle à moi-même »
(Zundel) « Il ne faut pas parler de vieillir, car notre jeunesse est devant nous »
(Doctor Faustus) Le piano, « représentant direct et souverain de la musique même dans sa spiritualité », on y entend la musique « d’une façon à moitié immatérielle, presque abstraite »
Lundi 6 novembre
Les taréstocrates
Léninisme, glyphosate mental ; il faudra désherber des millions de cerveaux
Mardi 7 novembre
(Zundel) « Jésus savait bien qu’on peut parler tout le jour de Dieu et parler d’un faux dieu »
La ribambelle d’idées folles Qui ribotent dans un cerveau Lui font une tête de veau A la fin et un floc d’eaux molles
Balade euphorique un bébé de trois mois dans son hamac maternel une portée de poussins un tout jeune écureuil sismique un minuscule nuage feu-follet blanc dans un ciel rieur
Crétinerie en politique de la plupart des intellectuels : après Comte-Sponville et Deguy appelant à voter pour Hollande je découvre que Françoise Héritier elle aussi appelait ardemment en 2012 à favoriser l’élection de ce galfâtre. Compétente quand il s’agit de la Haute-Volta elle est débile s’il s’agit de son propre pays. Persuadée par ailleurs qu’il n’y a pas une autre vie. Aussi sotte en ontologie qu’en politique.
Mercredi 8 novembre
« Insurrection fasciste du colonel de La Rocque »
(à Radio Présence)
Zundel formant le vœu d’ « une humanité qui ne travaillerait plus pour ses petits bonheurs homicides »
« La fin dernière de tout, c’est la jeunesse et la joie »
« suivre la pente de nos goûts les plus profonds, pour donner à Dieu ce que nous avons de plus unique »
« Tant que nous n’avons pas rencontré Dieu, tant que nous ne sommes pas un regard d’amour vers Lui, Dieu est comme un faux dieu »
(Louf) les moines, « experts en athéisme »
Vendredi 10 novembre
Un Important demande l’absolu respect du corps, sur lequel « l’extrême droite », elle seule, exercerait des sévices
Les paradoxes sont pour l’écrivain comme un plumetis de couette confortable sous lequel il feint d’être hardi
Les combats chez Homère ou chez Virgile me font penser aux tréteaux de Maître Pierre : marionnettes que seul Don Quichotte prend au sérieux
Ulysse était condamné dans l’île de Calypso à un éternel coït, il a préféré, à la longue, le temporel crêpage de chignon domestique
Seigneur, pour Te trouver, ne faut-il pas vider son bazar d’icônes ? Echeniller sa cervelle de tous les clichés de piété ? Porter la prière jusqu’à l’épure des battements du sang ?
Adorer : briser devant Lui le vase d’un temps thésaurisé
Même si la mort l’emporte à la fin ce n’est pas rien que de l’avoir crue vaincue de la narguer
(Teilhard) « Je ne connais qu’une prudence, c’est de brûler d’un feu plus fort »
« Il faut faire un pas de plus, celui qui nous fera perdre pied à tout nous-même »
(Bertrand Fessard de Foucault) « Si elle n’est pas une disponibilité, une ouverture à une voie plus directe mais plus rude vers l’absolu, et l’intense conscience de soi et du monde, la chasteté est un enfer, une mort subie dans la vie »
Samedi 11 novembre
Que fait-on dans « l’île des Macréons » ? (Pantagruel, IV, 25) Que fait-on dans la France du Macron ?
L’inverti, se trompant de trou, allume son briquet dans un boyau culier
(Bloy) « ces cauteleux enfants de Loyola »
Mon accumulation de petits carnets, qui seront publiés dans une poubelle et examinés par des érudits muridés
(Bloy) « Le monde moderne, las du Dieu vivant, s’agenouille de plus en plus devant les charognes »
(Hugo) « Proxénète de l’Idéal »
Dimanche 12 novembre
Le pasteur aumônier des prisons, traitant de l’hospitalité, évoque celle d’Abraham recevant des étrangers pour nous encourager à accueillir les hordes migratoires.
Mais Abraham accueillit combien d’étrangers ? Trois ?…Un ? .
Le même pasteur cite Derrida, si éloquent sur l’accueil. Je demande seulement : combien ce charitable philosophe en a-t-il hébergé, de migrants ? Compendium de sa prédication : « L’étranger de la visitation, qu’on appelle aussi arrivant absolu, est indéterminé. Ce peut être n’importe qui. Pour l’accueillir, l’hôte lève les barrières immunitaires avec lesquelles il se protégeait. Il accepte de s’exposer à ce visiteur dont les lois et les comportements sont imprévisibles, de se transformer en fonction de ce qui arrive, au risque de perdre son identité. Il accepte que le visiteur fasse la loi chez lui, même si ce « chez soi » devient impossible à vivre ».
Farceur, as-tu, pour cette idiotie, payé de ta personne ?
(Isaac le Syrien) Ne pas se croire digne de prier
Quelles paroles font un berceau où un Enfant Dieu puisse naître ?
Les gouttes de plomb du temps qui pèse pendant une Adoration
D’amour ? Point. Se tenir dans l’âpre volonté de tenir le coup
Lundi 13 novembre
Ne jamais oublier ces paroles de saint Paul si rarement produites (II Cor., 11) « Satan lui-même se camoufle en ange de lumière. C’est donc peu de chose pour ses serviteurs de se camoufler en serviteurs de la justice »
(Jean Santeuil) « Il n’y a qu’une chose vraiment infâme, qui déshonore la créature que Dieu a faite à son image, le mensonge »
(Simone Weil) « Tu ne pourrais pas désirer être né à une meilleure époque que celle-ci, où tout est perdu »
Prier, casser les concaténations mentales
(Bloy) « le Chamelier Prophète, accroupi sur la bouse de son troupeau, couvait déjà, dans son sein pouilleux, les sauterelles affamées dont il allait remplir les deux tiers du monde connu »
Mardi 14 novembre
Les rides de l’éternelle jeunesse de l’eau
J’ai encore un espoir de devenir virtuose des points d’orgue
Mercredi 15 novembre
Les seuls êtres véritablement admirables sont ceux qui ne cherchent pas à se faire admirer
Dans la cupule d’un colchique l’automne a goutté son nectar
« …comme nous pardonnons aussi… » C’est cela qu’il faut pardonner. (Quel pouacre a souillé le Paterde ce pléonasme ?)
Quand tu souffres du vague à l’âme prie-Le de soulever des vagues
Vendredi 17 novembre Prat d’Albis
Quatre pissenlits courts sur pattes copains d’estive au Prat d’Albis
La fougère affalée entre les genêts rêches
Semble un houseau de lansquenet mort sur la brèche
La voix de contralto du vent qui chansonne
sur l’échine du Prat d’Albis
Mentalité démocratique, pour Gramsci : « un gaz méphitique »
(Bloy) « L’armée des petites ouvrières déambulant à la conquête du monde, la tête vide, le teint chimique, l’œil poché des douteuses nuits, brimbalant avec fierté de cet arrière-train autoclave, où s’accomplissent, comme dans leur vrai cerveau, les rudimentaires opérations de leur intellect »
« les gens d’affaires, l’âme crottée de la veille ou de l’avant-veille, couraient, sans ablutions, à de nouveaux tripotages »
« Les catholiques modernes, monstrueusement engendrés de Manrèze et de Port-Royal, sont devenus, en France, un groupe si fétide que, par comparaison, la mofette maçonnique ou anticléricale donne presque la sensation d’une paradisiaque buée de parfums »
« la dysenterie littéraire de ce Trissotin violet », écrit-il de Monseigneur Dupauloup
« Une glaire sulpicienne qu’on se repasse de bouche en bouche depuis deux cents ans, formée de tous les mucus de la tradition et mélangée de bile gallicane cuite au bois flotté du libéralisme »
Samedi 18 novembre
Nous nommons tout ce qui nous tombe sous le sens
C’est un prurit c’est un impétigo de noms
Nous affligeons d’un nom le plus chétif des monts
Et pourquoi ne pas nommer ce caillou Saint-Saëns ?
Lorsque la baignoire achève de boire l’eau du bain elle se gargarise, cette gargouillade définitive me donne une sensation de alles ist vollbracht
Dimanche 19 novembre Rocher de Batail
Les Trissotins idolâtres de la Culture
N’ont pas d’autre horizon que le galimatias
Les mots sont la vermine de leur galetas
Mental Soit ton cœur est athanor de l’Idée pure
« Empruntez le portillon » me susurre au bovistop un dandélion affable, la tête enfouie dans l’herbe parole inouïe !
Près du rocher de Batail une pierre accoupie a l’air d’un gros mouton
Le vent sa rude musique ses silences flagellants
La tête ? Un étau Réjouis-toi plutôt sur les estives du cœur
Lundi 20 novembre
(Doktor Faustus) « Ce qui exerce une action n’est-il pas réel ? »
« Vivez plus par la volonté que par l’imagination », ce mot d’Elisabeth de la Trinité ne plaît pas à Claire, piégée par Jung et les Symboles
Mardi 21 novembre
Au jeu de vivre il préféra le jeu de mots
Cela ne fut-il pas le pire de ses maux ?
Je Te tends ma sébile Seigneur donne-moi quelques sous de silence
Dité, dans l’Inferno : Satan. Dites= riche. Ditis= le Riche =Hadè
(Suarès) « cette opinion fort saine que la politique est une religion pour le peuple. Et, comme on sait, il lui en faut toujours une. Les socialistes en sont la plus lourde preuve, eux qui font déjà une si forte et morne église »
« Un homme qui pense, s’il fait de la politique, ne s’estime pas assez »
« perclus de goutte dogmatique »
« Il y a beaucoup d’islam dans la première Réforme »
« La chasteté seule arrache l’homme à l’espèce et le rend à Dieu »
Lénine, « le génie de Catoblépas Caliban », « Caliban des termites » Staline, « un garde-chiourme for ever »
« L’hérésie est vivante, l’hérésie est le salut des dogmes »
« Moins Dieu, il n’y a rien : ni moi, ni le reste »
« Il y a ceux qui blasphèment, même en priant, et ceux qui prient, même en blasphémant ; ceux qui sont dans l’amour, et ceux qui n’y seront jamais »
« gratte Nietzsche et tu trouves le Boche »
Mercredi 22 novembre
Francs-maçons, leur spécialité : ni maçons, ni francs
Là où je cesse de jacasser Là tu peux être Seigneur je sais
La guerre sainte de la Croix n’a d’autre balistique que celle de la parole portée, d’autre feu que celui de la Pentecôte
(Suarès) « les petits enfants sont des vieillards en fleurs et les vieux des enfants pourris »
« Si, sachant quelque chose, il me fallait l’enseigner, j’oublierais sur-le-champ que je le sais »
Jeudi 23 novembre
(Suarès) « La plupart des jeunes sont vieux ; et presque tous les vieux sont morts. De là qu’on s’ennuie tant dans les salons, et qu’on se momifie si tôt en famille. Avant trente ans ils sont couchés pour jamais dans le cercueil plat des intérêts et de l’habitude. »
« Dans la famille, tout se pardonne plus aisément que la différence des esprits. Ne pas penser comme eux, c’est trahir. »
« Quelques hommes âgés, trop rares encore, mentent aussi : ils sont terriblement jeunes et n’osent pas l’être. »
(Bobin) « La plupart des conversations d’adultes me laissent dans une nuit complète, mais parler avec un vieillard a du sens. »
(Michaux, Enfance) « allégresse de la vie motrice qui tue la méditation du mal »
Vendredi 24 novembre
Un robot en Chine passe l’examen de médecine en 1 heure au lieu des 7 normalement nécessaires. Eh bien, je ne me ferais pas examiner par cet imbécile
Quelle parole de docteur vaut le gazouillis d’un bambin ?
A l’église, dans le silence de l’Adoration, une voix de petite fille, vrille de volubilis, s’enroule autour des cierges
(Suarès) « sourire, c’est perdre de la pesanteur »
« L’âme forte est catholique, de préférence »
Citant Napoléon : « La France n’a jamais été vaincue, elle est toujours trahie »
« Je suis catholique comme je suis païen : deux effets de la même force. Et tout ce que j’ai de vivant comme païen, c’est ma force catholique qui l’anime »
« La règle de saint Benoît est un puissant poème, un chef-d’œuvre pour le cœur humain »
La croix, ouvre-cœur
Le parfum du vrai pain, ne peuvent rivaliser avec les plus fines fragrances de la cosmétique
Adorer : se tenir sur le seuil de la perte des mots
(Suarès) « On ne s’ennuie qu’avec les hommes, avec tous les neutres. On ne s’ennuie pas avec Dieu ».
Hugo « pense faux naturellement »
Clémenceau, « sa manie a toujours été de voir le pouce de Rome dans tous les malheurs de la France et toutes les iniquités de la politique. C’est la part la plus vulgaire de son esprit »
« L’immense foule des anarchistes ne veut la liberté infinie que pour lâcher la bride à une bestialité infinie »
« Les partis sont des sectes, où non pas les dogmes mais les appétits servent de mobiles »
« La charité dans l’ordre du cœur a fait notre complexité dans l’ordre de l’esprit »
« Il y a du plébéien dans tout fanatique »
Samedi 25 novembre
(Elisabeth de la Trinité) « Vis en son intimité, comme l’on vit avec celui qu’on aime, en un doux cœur à cœur »
Atout cœur, me disent mes frères dans la foi. Je n’ai dans mon jeu que du pique !
Dimanche 26 novembre
Mort par suicide ou mort assistée, ce serait l’alternative aimablement proposée aux vieux qu’au-delà de 84 ans une loi obligerait à vider les lieux où l’on joue au jeu de vivre.
Beaucoup d’options, selon l’un ou l’autre choix : peloton d’exécution, arsenic, ciguë socratique, s’ouvrir les veines, être guillotiné, et cetera
Assez de carburant pour tenir le coup encore un jour un jour
On est toujours tout prêt à saluer l’essor
D’un peuplier publiant haut son heureux sort
Tant de bleu quelle plaie au-dessus de nos crânes
Et ce morne égouttement des jours qui nous fanent
Quand un frisbee adroitement lancé s’envole
Gai d’en savoir le nom de voir sa parabole
Je note l’incident sur une paperole
Tant pis si le sanhédrin me juge frivole
Lundi 27 novembre
Une bouteille de bière vide esseulée sur un matelas de feuilles mortes
Il est toujours possible de trouver un taillis où uriner à l’abri des curieux
(Suarès) « Le meilleur et le plus beau païen sera toujours le catholique, au moins pour les moralistes du Nord »
« s’il était un homme, aujourd’hui, tout à fait païen, il ne peut être qu’un esprit borné ou une brute »
« Jamais le saint ne se tait : rien ne parle plus haut que son profond silence : car il prie »
Fais de mon jour, Seigneur, un pain complet
Où je ne pense que ce qui Te plaît
La foi est l’étrave à fendre les vastes eaux du doute
(Suarès) « Femmes, toujours en armes, les ciseaux de la jalousie, l’aiguille du soupçon, et le sexe toujours en main. Et qui ne la flatte pas, l’outrage. Avec elles, on ne peut jamais oublier qu’on n’est pas de la même espèce. Ces têtes bornées sont pourtant pleines d’une infinie rancune »
Mardi 28 novembre
La riposte au mot cruel de Sue – ilsvous rendent malades puis ilsvous soignent – se trouve chez J.J. Surin : « Son ouvrage est de détruire, de ravager, d’abolir et puis de refaire, de rétablir, de ressusciter ».
Mon insuccès fracassant m’a épargné le bruit des bravos
Sans le métalent dont le Seigneur m’a doté j’eusse été une queue de paon de vanité
Ivan Karamazov, très disert sur le scandale de la mort des enfants, n’est pas assez malin pour entrevoir qu’il y est, par son allégeance au Malin, pour quelque chose. Adrian Leverkühn le lui apprendrait.
(Suarès) « un homme capable de créer, s’il politique, s’abaisse au-dessous de son propre mépris /…/ En tous ceux qui gouvernent, on sent le parvenu ».
« Il faut beaucoup vivre pour grandir en pensée ».
Mercredi 29 novembre
En musique aussi il y a des péchés par omission. La fausse note n’est pas plus navrante que la note manquée.
(Suarès) « Le silence est la grande persécution »
Jeudi 30 novembre
Selon Suarès quand on est aimé et qu’on n’aime pas on pâtit plus que l’amoureux(reuse)
Etre un virtuose du silence un Cziffra des réticences éblouies
La Gaystapo
(Valéry) « Si l’on réfute un Platon, un Spinoza… » Sottise ! On ne les réfute pas.
Le début est toujours un début de la fin
Eurêka ! Mais …trouver cela est-ce si fin ?
Samedi 2 décembre
Saigne, heure ! C’est, pour le Seigneur, adhérer à la gracieuse souffrance quotidienne
Au rabot de la foi puissé-je m’encastrer
Seigneur dans le haut mur de l’éternel attrait
La preuve de Jésus est aussi par les mille visages que la piété des peintres et des sculpteurs lui ont prêtés
L’«infaillibilité de la prévision » selon Valéry caractérise la science. Que dirait-il de l’infaillibilité des prévisions de l’ignare Curé d’Ars ?
Les dieux lares du sodomite sont dans les rambuteaux
Dimanche 3 décembre Toulouse
Deguy, hyper-discret, refuse de déranger Dieu, son amour, sa volonté, pour « moi », dit-il ; « je » n’en appelle pas à « Dieu ». Le saint homme !
Grêle L’homéopathe céleste enveloppé dans sa bure nébuleuse nous bombarde de granules. Certes, de telles nubes ne pluunt pas justum
Tandis que se déroule la messe à la chapelle Saint Jean-Baptiste une petite fille à blanc bonnet bonnet blanc s’intéresse à l’histoire d’une Zoé qui d’abord n’est point partageuse (page de gauche) puis (page de droite) se repent.
Chaque jour que je finis vivant m’expose à une prière d’action de grâces
Je me demande par quel miracle je n’ai pas encore été assassiné
Sortir par les temps qui courent c’est courir le risque du cou coupé
Pourtant je sors je rentre je me constate me tâte retâte
Encore vivant !
Lundi 4 décembre
Nos bonnes paroles sont la crèche où nous attendons l’Enfant Dieu
Aide-moi, Christ, à n’être rien qu’un oui férié
Mardi 5 décembre
Un inculte de « France Culture » se plaît à souligner que d’Ormesson …catholique ? Non ! Païen : sa gaieté, son amour de Casanova. Il ignore, ce niais, que catholicisme et paganisme sont plus affines que ne l’est l’actuel cacolaïcisme ; il ignore que Casanova se déclarait catholique. Suarès : « Le meilleur et le plus beau païen sera toujours le catholique ». Vlan !
(Mallarmé) « Ratés, nous le sommes tous »
La parole est un cache-soi
Tout ce qu’écrit Deguy, sachant qu’il a préconisé de voter pour le méphitique Hollande, me dégoûte : « Dieu c’est ce qui ne change rien à ce qui est », prononce-t-il par ailleurs, feignant d’ignorer que « ce qui est », sur la planète comme elle est – temples, églises, mosquées … – montre urbi et orbisa dette à l’endroit de Dieu.
(Mais peut-être Hollande a-t-il, à «ce qui est », changé quelque chose ? Oui, le sens du mot mariage. Que Spinoza le déculotte et lui administre une fessée).
Alain Marchadour ose corriger ou censurer l’Epître aux Romains
Mercredi 6 décembre
Entendre le silence tout vibrant d’un pollen de soupirs
Tout à coup me revient la marche du premier zouave : « pan pan larbi les chacals sont par ici »
Que sont, chez Voltaire, les « Macrons » ?
Vendredi 8 décembre
L’égalité se constate d’abord dans la cellule-œuf de la fécondation, enfin dans l’état cadavérique ou la cendreuse poussière ; dans l’entre-deux elle n’est que chimère
(Hymne acathiste) « Réjouis-toi, en qui est dépassé le savoir des savants »
(Chateaubriand) « L’invasion des idées a succédé à l’invasion des barbares » ; c’est aujourd’hui la converse qui a lieu : « la civilisation actuelle décomposée se perd en elle-même »
Que de faux-sauniers de l’Evangile !
Samedi 9 décembre
Malherbe, une heure avant de mourir, choqué d’une impropriété, et tancé de s’emporter ainsi, s’écrie ; « Monsieur, je défendrai jusqu’au dernier soupir la pureté de la langue française » Deguy, sur la pierre tombale de son épouse, s’interroge : quelle citation « qui ne feindrait, mimerait pas l’espérance ? » Lâche, qui au beau risque d’espérer préfère le confort du scepticisme Blanchot, dans son Pas au-delà, barbote dans ses circonlocutions, ses laborieux paradoxes, sa mystique spécieuse. Le vrai pas au-delà, ce serait ne pas écrire, tomber à genoux devant le Saint-Sacrement, tandis que son pas au-delà n’est qu’un long bercement dans l’osier de phrases sophistiquées L’anecdote du type portant un masque affreux, qui n’émeut pas, et qui l’ôtant épouvante, est une allégorie de la plupart d’entre nous, qui se chargent par complaisance et sont bien pires pris en flagrante réalité
Dimanche 10 décembre
L’idée que chacun se raconte devient en moi si prégnante qu’elle me fait sourire à tout propos édifiant et indicatif ou pontifiant et vindicatif ; ainsi Elisabeth de la Trinité m’invite à penser qu’il n’est pas difficile d’éprouver en soi la « douce compagnie de Dieu » ; c’est son expérience et je ne la conteste pas, et je n’oserais dire que cela n’est pas pour moi, j’insinue seulement qu’en mon quatre-vingt quatrième automne rien de tel ne m’est advenu
Je ne cesse de jacasser dans le vestibule de mon âme ; comment pourrais-je y entendre Son silence ?
(Chateaubriand) « Je comprends ce qu’ils comprennent, et ils ne comprennent pas ce que je comprends »
Lundi 11 décembre
A l’objection « c’est purement verbal » opposer que le Verbe est productif. Dire Dieu c’est déjà Dieu donné.
Candide et cauteleux Benjamin Stora : il nous ferait croire à propos de l’Algérie que l’Histoire seule, en vérité l’historien seul (lui, in petto) sont fiables, préservent des fantasmes et des fanatismes. Qu’il lise donc Valéry. Et qu’il se relise !
Mardi 12 décembre
(Suarès) « Enfantin, je le suis ; mais je le sais, voilà le mystère »
« Dieu abstrait est la mort de toutes les religions /…/ il faut d’abord Jésus vivant pour que le Christ vive »
Sur Shaw : « il pense en maître d’école primaire, comme le touche à tout d’un journal socialiste »
« La mystique profonde est le couteau qui tranche le nœud gordien où la raison est prise »
Mercredi 13 décembre
Se tenir au courant, disent-ils. Mais non ! Contre le courant.
Ils veulent être « au courant », mais il me semble qu’ « au trottant » serait plus attractif
Jeudi 14 décembre
(Jean de la Croix) « Une seule pensée de l’homme vaut plus que le monde entier » ; j’ajoute que le monde est à la merci de cette pensée
(Siracide) « Parle, vieillard /…/ mais n’empêche pas le chant » (ou : « la musique »)
Enfants, petits-enfants, ce sont trophées dont ils s’infatuent devenus vieux
Vendredi 15 décembre
Le poème est un fruit qui mûrit sur une treille de silence soleilleux
Tu mesures Seigneur dans mon Vidourle intime
Le niveau de mon croire ou ne mon croire pas
Samedi 16 décembre
Aude non sapere sésame de la vie intérieure
Un enfant et un ballon L’un l’autre de couleurs vives
Ça suffit pour que d’un bond Me voici sur l’autre rive
Le Pape François n’est pas « très enthousiaste face aux conversions rapides »
Grimpant un jour de décembre sur le Mont Girantès épargné par la neige j’y découvris dans une anse d’herbes une gentiane tardive dont le bleu sourire me sembla-t-il était pour moi et que je consacrai par mon regard
Mon âge ? Entre quatre et quatre-vingt quatre ans
Dimanche 17 décembre
(Isaïe, 61) « des fils de l’étranger seront pour vous laboureurs et vignerons »…eh bien, les voici insulteurs et assassins
canines pickles du sourire
Entendu hier par mégarde Cazeneuve et Julliard barboter dans le bourbier droite/gauche sous la houlette de Finkielkraut
Au-dessus de l’étang de Roumezet une petite grenouille assoiffée reçut quelques gouttes d’eau que je laissai choir de ma gourde ; ce geste samaritain pour cette humble créature m’émeut un an plus tard en ce décembre comme le jour du solstice d’été où je le fis
(Deut., 28) « L’émigré qui est au milieu de toi s’élèvera plus haut que toi, mais toi, tu tomberas de plus en plus bas »
Cazeneuve déplore dans le thème (la thématique !) des « racines chrétiennes de la France » une « relecture historique frelatée » qui a « rendu la France peu à peu nauséeuse »
Lenteurs de l’éducation Un bébé qui glousse ce n’est pas encore l’affleurement de l’Idée
Quelques gouttes de pluie agrippées à la vitre miséricordieuse elle ne les repousse pas
Ma foi une ablette dans un océan de clartés indécises
Ego centré mégot cendreux
Suivre le Seigneur ? dit Aelred de Rievaulx ; mieux : courir après Lui. (Voilà la belle façon de se tenir au courant).
Lundi 18 décembre
Catholique je suis impropre en tout temps à tout sauf au propre du temps
Jour de décembre radieux, pas un souffle d’air. Le jardin botanique est fermé à cause des « intempéries ». « Merci », est-il ajouté, « pour votre compréhension.
(François Jullien) le changement climatique « met en jeu tant de facteurs divers et corrélés »
Castoriadis déjà en 1986 : « Il y a longtemps que le clivage gauche-droite, en France comme ailleurs, ne correspond plus ni aux grands problèmes de notre temps ni à des choix politiques opposés »
Jeudi 21 décembre
Ton corps est une façon de te prononcer, tu peux y mettre un accent fort, tu peux y mettre des guillemets, tu peux le mettre en sourdine
(François Jullien) « Toute pensée se développe nécessairement – légitimement – à partir d’un arbitraire »
Vendredi 22 décembre
La joie, oui ! Mais ne pas y être enrégimenté ; ce n’est pas un ordre de mobilisation
Quand selon le compte des années on sait qu’on approche de sa fin on se dit qu’un beau cadeau de ce Noël par exemple ce serait de s’éclipser discrètement en un soupir archangélique et de joindre sur-le-champ l’étoile assignée par la Destinée
Vieux jours ? Non ! Je ne veux savoir de jours que jeunes, d’autant plus jeunes que se creusent mes joues
Un sot à « France Culture » parle des livres de l’an 2017 qui « doivent être lus »
Il manque tant d’écrits aux Ecritures. (Ainsi, deux lettres aux Corinthiens).
Lundi 25 décembre
Il n’est pas de plus beau cadeau de Noël que Noël
Certitude et doute, certitude dans la crypte, doute sur le parvis. Car au fond de la foi ce n’est pas toi qui crois au Christ c’est Lui qui croit en toi
Benoît XVI : l’ultra-raison comme les ultra-sons
Mourir, est-ce le retour à la case zéro ou l’accès au point oméga ? Mais n’être plus c’est tout comme si l’o n’avait pas été. En vérité on est condamné à la vie éternelle sitôt que né
Pour honorer les morts de Verdun la municipalité convoque un rappeur, Black M., distingué pour avoir émis le vœu de « baiser cette conne de France ». Intimidée par les protestations de Français dignes de ce nom le maire annule cette convocation mais le Président de la République le regrette, s’en émeut.
Les morts de Verdun seront tout de même (dés)honorés par 3400 jeunes Allemands et Français en tee-shirts de couleur, courant parmi les 16142 sépultures, traqués par un épouvantail sur échasses censé signifier la Mort, au rythme des Tambours du Bronx, groupe de percussions issu de blousons noirs et tapant sur des bidons.
Vendredi 29 décembre
Jette en ton âme un caillou de silence Ses orbes sertiront le monde
(Valéry) « Le philosophe n’en sait réellement pas plus que sa cuisinière. » C’est bien, mon cher, ce que pensait Thérèse d’Avila.
(Nietzsche) « Cinq heures de fauteuil : première étape vers la sainteté »
Samedi 30 décembre
Corvéables attelés sans esquive possible au joug du temps
Dès le premier degré de l’échelle mystique de Jean Climaque on toise de haut les honneurs
« La longue chaîne de l’ancre », titre Bonnefoy. C’est l’encre qu’il faudrait lire.
Dimanche 31 décembre
Et qu’il ne m’arrive rien mais rien de rien un rien en italiques un rien en capitales un rien qui guillemette et guillotine tout