2017

2017

 

 

 

         Premier janvier  Bolquère

 

Vers neuf heures par une fenêtre de ma chambre je vois une boule d’or surgir avec la violence d’un bouledogue sur la crête jouxte la Torre d’Eyna

 

On est, quand on est vieux, plumé de ceux qu’on aime

En sorte préparé soi-même à n’être plus

 

Deux janvier

 

(Augustin, Confessions, VIII, 2)   « circuitus erroris mei »     (VIII, 4)

 

Ceux qui ont méprisé, surmonté le sexe, l’argent, les honneurs, le pouvoir, sont un cran au-dessus des autres

 

La foi est si atrophiée en ce siècle fétide de notre France fictive que prier y devient un exploit

 

L’adoration du Saint Sacrement : varappe spirituelle

 

(Cocteau) « Le poète est un mensonge qui dit la vérité », mais il est aussi une vérité qui dit des mensonges, par exemple : « Le poète est rassuré par ce qui effraye les autres. Les violences le rassurent et lui donnent de la douceur » !

 

(Gide) « La langue française est un piano sans pédales »

 

Au prêtre Simplicianus lui disant : chrétien ?… Je te croirai quand je te verrai « in ecclesia Christi »  Victorinus rétorque : « Ergo parietes faciunt christianos ? » Je me le disais en Cerdagne, plein air, pensant au Pesquié

 

Mardi 3 janvier

 

Le traumatisme d’être né ne se guérit que par mourir

 

(Joseph de Maistre)  « Ce ne sont point les hommes qui mènent la révolution, c’est la révolution qui emploie les hommes »

 

Le Christ de Calvi a sauvé la ville des Turcs

 

(Cocteau) « Ah ! combien j’aimerais ne pas tourner en rond »

« une sorte d’échec dans le visible, sans quoi nulle victoire n’est profonde »

 

Coffré dans un corps

 

Ce que donne à entrevoir l’Evangile est offusqué par l’exégèse pédante et par le commentaire dévot

 

A « Europe 1 » on féminise les tentacules de la pieuvre

 

Mercredi 4 janvier

 

Quand le réconfort n’est que confort l’âme est bien près de périr

 

Etre toujours à l’extrême centre

 

Samedi 7 janvier Eygalières

 

Quand on est seul maître à bord et que n’obéissant qu’à son commandement on se trouve indemne de commandes, grand est le risque de s’amollir, de s’affadir, de succomber à la procrastination, de craquer sous le poids de l’ « à quoi bon ? »

 

La preuve de Dieu trine par le triangle est chez Nicolas de Cuse apodictique ; on ne peut si l’on est un vrai mathématicien la refuser. Cela rejoint la très forte intuition de Simone Weil que la géométrie et les évangiles ont même origine et partie liée.

 

Lundi 9 janvier  Eygalières

 

Sarcina saeculi, « le fardeau du siècle », écrit Augustin

 

René Char, entre char à bios(la flèche, la vie) et charabia

 

Se pourrait-il enfin que tu puisses mourir

Comme on meurt simplement quand on est un oiseau ?

Mais si tu n’as plus cœur à carder l’avenir

La Parque te tranchera d’un cruel ciseau

 

(Chateaubriand) « Dans l’ardeur qu’on ressentait pour la nullité, on chercha, comme pour humilier la France, ce qu’elle avait de plus petit afin de le mettre à sa tête »

(Notre actuel Président de la République)

 

Mardi 10 janvier Eygalières

 

Des gouttes sur un fil     tête en bas  prenant un bain de soleil                   ces       écervelées!

 

Ah ! S’accroupir au bord d’une flaque d’eau croupie !

 

Le mot pyjama, si insolite, si drôle, m’apparut tel avec plus de saillant quand je le rencontrai à un moment exceptionnel – dramatique érotique – des Souvenirs d’enfance d’André Tubeuf

 

André Tubeuf plonge à quinze ans des six mètres du troisième étage de son plongeoir beyrouthin ; moi, à trente, je saute, plus mort que vif, à l’instigation d’un maître-nageur, des trois mètres d’un plongeoir de Strasbourg

 

On passe la pierre-ponce, qui n’est pas Pilate, sur les différends parfois aigus dont est résulté notre inamovible Credo

 

Mercredi 11 janvier Eygalières

 

 

Négoce des larmes, écrit Augustin. Que paie-t-on avec ? Le billet du Royaume.

 

Le Royaume est un palais de larmes de joie.

 

Relativisme : religion des ramollis

 

Le malheur d’être né a pour compensation

La gloire de renaître en l’éternelle Sion

 

(François Cheng, sur la Chine communiste)  « Il n’y avait pas loin de l’homme trop épris de justice formelle au justificateur puis au justicier »

 

Les actes d’achat comme les dattes ont besoin pour mûrir d’un climat chaud ; d’où la température de serre des grands magasins ; on ne devrait s’y achalander qu’en tenue adamique

 

Vendredi 13 janvier

 

Des balafres de pluie en gouttelettes fines

Sur ma vitre avertie écrivent leurs comptines

 

En tout homme une grotte de Bethléem, un divin enfant. Combien d’entre eux s’en doutent ?

Et ils seront pourtant à leur heure dernière

Fourrés dans cette espèce de berceau la bière

Ou (subterfuge vain) dispersés en poussière

 

(Saint Hilaire) « La foi rejette les questions spécieuses et inutiles de la sagesse du monde et la vérité, ne succombant pas aux impostures et niaiseries humaines, ne s’offre point en dépouille à l’erreur »

« Seigneur, accorde-nous le sens exact des mots, la lumière de l’intelligence, la noblesse du langage, l’orthodoxie de la foi »

 

Dimanche 15 janvier

 

S’il ne s’y faufile pas un peu de chair combien  frigide peut sembler la charité !

 

(La Docte Ignorance)   « De même donc que toute possibilité est dans la possibilité absolue, qui est Dieu éternel, et que toute forme et tout acte se trouvent dans la forme absolue, qui est dans la vie divine le Verbe du Père, le Fils, de même tout mouvement de connexion, toute proportion et harmonie, en unissant, se trouvent dans la connexion absolue de l’Esprit divin, afin que Dieu soit l’unique principe de toutes choses, en qui et par qui tout est dans une certaine unité de la Trinité »

 

Lundi 16 janvier

 

Les exégètes sont les moustiques  de la Parole divine ; il leur aura manqué, pour l’interpréter en vérité, d’être des mystiques

 

A tout moment il t’est loisible d’attraper au hasard trois mots contigus dans le Littré et de les douer d’une cohérence poétique : ptérion  ptéride psylle, un insecte, une plante, un point du crâne ….  A toi de jouer !

 

Est-il exact que moi aussi je doive mourir ? On me le dit, sans ménagement. Je sens moi-même parfois que cela pourrait advenir en effet, pourtant une aurore en mon tréfonds indique un nord immarcescible ; non, vous dis-je, je ne mourrai pas.

 

Mardi 17 janvier

 

Chaque matin je viens au monde  Dans les langes de mon langage     Chaque soir je tourne la page  Et de la fange enfin m’exonde

 

« rien ne désaltère mon pas » (Du Bouchet)

 

Un cri de coq embrase le jour

 

Attendre              pierre levée

 

(Nicolas de Cuse)  « Que chacun, tout en admirant les autres hommes, se contente de ce qu’il est et de sa propre patrie, de manière que le sol natal, les mœurs de son royaume, sa langue, etc., lui paraissent les plus doux, afin qu’il y ait unité et paix sans jalousie, dans la mesure du possible »/…/

 

Pas de charité sans vérité, souligne Philippe Arino

 

 

Mercredi 18 janvier  Toulouse

 

Le soleil leste à vêtir de sa chlamyde le clocher des Cordeliers fait plus de manières pour vêtir des chêneaux aux meneaux le Collège de Foix

 

(Jacques Dupin) « Nous n’appartenons qu’au sentier de montagne », non au « sentier de l’étroite et longue science » (Claudel)

 

Jeudi 19 janvier

 

(Nicolas de Cuse) « L’ordre veut que les sens soient sommés à la raison et la raison à l’intellect »

 

Le mot              termite du silence

 

Vendredi 20 janvier

 

(Benjamin) « Etre écrivain signifie donner des concerts de pensées »

« La mouche a six pattes ; « 2×2 = 4 ». La vérité de ces deux propositions n’est pas de même nature. Car la justesse de la seconde est dans un rapport à la vérité plus profond que celle de la première.

« Connaissance et vérité ne sont jamais identiques ; il n’y a pas de vraie connaissance et pas de vérité connue ».

 

Dimanche 22 janvier

 

Je ne me suis pas levé la nuit dernière pour coucher par écrit un beau distique survenu dans un entracte du sommeil ; je ne peux me le rappeler ce matin ; est-il à jamais perdu, enseveli comme le joyau du poème de Baudelaire ?

Que cette notation soit sa sépulture.

 

Déviation satanique du Coran : où saint Paul (Rom., 12) prescrit : « Ne vous vengez pas vous-mêmes, mes bien-aimés, mais laissez agir la colère de Dieu, car il est écrit : A moi la vengeance, c’est moi qui rétribuerai » le verset 17 de la sourate VIII justifie le massacre islamique : « Ce n’est pas vous qui les avez tués, mais c’est Allah qui les a tués ».

 

(Benjamin) « L’éros, l’amour /…/ se dévide comme un fil dont la « chambre mortuaire » est le centre »

 

Dans l’émission catholique « Grand Format » Patrick Viveret, qu’on dit engagé dans des « mouvements citoyens », dénonce la barbarie des guerres coloniales, du nazisme, du fascisme, du terrorisme (pas un mot sur Staline ou islam) et insinue que le mal absolu serait le syndrome identitaire.

Mais tiens ! tiens ! Le « sentiment identitaire » de la « gauche » se conforte en Benoît Hamon.

 

Sœur Emmanuelle a trouvé « des choses très belles dans le Coran ». Moi aussi, mais ….

 

Lundi 23 janvier

 

(Dom Bosco) « Qui est uni au pape est uni à Jésus-Christ, et qui rompt ce lien fait naufrage dans la mer agitée de l’erreur /…/ »

 

Anecdotes bouddhiques : Le peintre chinois qu’un chant de rossignol vidant de ses savoirs appareille au Cosmos,

Le moinillon qui, parce qu’il a pris soin sur sa route de ne pas écraser les insectes, modifiant son karma accroît sa longévité,

Le sixième patriarche sera non Shu-hsin, l’instructeur en chef des moines,  mais le marmiton Hui-neng

 

« Soyez virils », s’écrie saint Paul (Cor., I, 16)

 

Jeudi 26 janvier  Villard

 

Le pauvre Jacques Attali essaie d’opposer à l’utopie progressiste de Marx qui accoucherait de la paix l’affreux monde de Shakespeare, bruit et fureur ; n’a-t-il donc pas aperçu que l’utopie marxiste aura pourvu le monde de plus de bruit et fureur que n’en expose le théâtre élisabéthain ?

 

Sur un fond gris pâle tirant vers le blanc blême un nuage gris sombre essaie des formes au-dessus de la Moucherolle

 

Ein Zerfall : « Si nous n’y prenons garde, nous sommes tout d’un coup complètement seuls »

 

Samedi 28 janvier

 

« Penser est commun à tous », énonce Héraclite ; un homme seulement sur cent mille pense, énonce Voltaire. L’un et l’autre se soutiennent selon le sens qu’on donne à penser. Mais quand Héraclite déclare : « un, pour moi dix mille, s’il est le meilleur », il rejoint Voltaire.

 

(Phédon)   « Sache bien en effet, excellent Criton, qu’un langage impropre n’est pas seulement défectueux en soi, mais qu’il fait encore du mal aux âmes »

 

Shen-guang est accepté par Bodhidharma quand celui-ci l’ayant mis au défi de lui montrer de la neige rouge il se tranche l’avant-bras gauche. Il deviendra le deuxième patriarche. De là, les moines de Shaolin exécutent le gashôavec la main droite seulement.

 

Le très érudit Te-shan brûle les rouleaux de son commentaire du Soutra du diamant, persuadé que « Face à cette Lumière   Tous les écrits ne valent pas plus Qu’un cheveu dans l’immensité du vide », « Face à l’Eveil   Tout le savoir de ce monde  N’est qu’une goutte d’eau dans l’océan »

 

Dimanche 29 janvier

 

Cette terre lointaine où rarement l’on aborde : le présent

 

Nous sommes dans une période où Jésus dort à la poupe sur le coussin

 

Dans les masses opaques de la culture universelle un mot brille parfois  une torche  un brandon  puis un Maître de sagesse d’un souffle pieux l’éteint  et tout advient alors dans l’épaisse nuit du vide

 

Intelligence karstique. Les ondées du savoir sont englouties. Ce qui ressurgit au jour de la parole ou de l’écriture, est-ce l’eau décantée, très pure, d’une singularité ? La note personnelle que l’on est seul habilité à produire ?

 

Lundi 30 janvier  Villard

 

Que je sois ici ce matin, observant dans le ciel grisâtre et laiteux ces escadrilles d’oiseaux : munificence ! Mille lieues plus bas intriguent des politiciens

 

Ne soyons pas de ces bébés      Heureux de sucer le succès

 

(Athanase) « Chaque jour, comme si nous ne faisions que commencer, augmentons notre ferveur » ; « chaque jour, en nous levant, pensons que nous ne parviendrons pas au soir, puis au moment d’aller nous coucher pensons que nous ne nous réveillerons pas »

 

Pépite d’or du jour, le verbe noisiller

 

Et ce fut    une octave plus haut que le crissement des skis     le menu filet de voix d’une mésange sur un arbre dépouillé

 

(Su Dong-Po) « Notre vie ici-bas, à quoi ressemble-t-elle ? A un vol d’oies qui, venant à poser leurs pattes sur la neige, parfois y laissent une empreinte »

 

Sur mon balcon ce tas de neige résiduelle, pour lequel il n’y aura pas de résilience, a l’air d’un écorché d’ours blanc

 

(Li Ling) « C’est dans les cheveux blancs que je mets mon espoir »

 

(Au restaurant de l’hôtel du Centre)

Une petite flamme nonchalante oscille dans son cristal sur un air de piano-jazz

 

 

Mardi 31 janvier

 

Que de gens perdent que de temps à lire que de journaux !

(Autant de perdu pour la piété et se piéter).

 

(Dans le train) « Tout colis ou bagage abandonné pourra t’ être considéré comme suspect, merci pour votre vigilance » : celle de cet annonceur aurait dû se porter sur son pataquès

 

 

Mercredi premier février

 

Entendu à la radio : « il faut écrabouiller Marine le Pen » ; « elle présidente, il nous faudrait des siècles pour nous en remettre »

 

(Machrab) « Pour une seule rose il faut donner de l’eau à dix mille épines »

 

Marie-Noëlle Thabut disserte sur le sel év        angélique puis conclut : « nous sommes de simplesserviteurs », ne se doutant pas que simplesest une édulcoration

 

(Simone Weil) « Vous n’avez plus qu’une coquille à percer pour sortir des ténèbres de l’œuf dans la clarté de la vérité /…/ L’œuf, c’est ce monde visible. Le poussin, c’est l’Amour, l’Amour qui est Dieu même et qui habite au fond de tout homme, d’abord comme germe invisible. »

 

Nos politiciens tels les poissons de Tchouang-tseu dans la vase se soufflant leur mauvaise haleine

 

Vendredi 3 février

 

Edison dans L’Eve future : « Ecarter de ses pensées l’idée d’un Dieu ne signifie pas autre chose que se décapiter gratuitement l’esprit »

 

Tombé du nid, ce fut mon sobriquet. N’ai-je pas ainsi été préservé d’autres chutes ?

 

Si tu préfères la vérité au Christ, maintenant que le Christ est advenu, tu n’es pas dans la vérité. Cependant si tu veux la vérité c’est Lui, quand même l’ignores-tu, que tu veux.

 

« Faites confiance à ceux qui vous dirigent et soyez-leur soumis » : je lis la Lettre aux Hébreuxen manière d’oraison et confesse que, non, je ne peux plus faire confiance, et dans l’actuelle conjoncture je ne puis croire que ce soit un péché

 

Le katsu est le cri imparable qui défie le biceps et l’épée

 

Un signe entre autres du suicide français : Jeanne d’Arc réinterprétée par Romeo Castellucci (« Chaste Lumière » ?) : Jeanne est transsexuelle, nue, sorcière caracolant un ballet entre les cuisses, l’épée en main au lieu de la croix ; elle meurt dans un charnier.

Ça se voudrait un théâtre de la cruauté ; ce n’est qu’un théâtre de la fétidité.

 

Dimanche cinq février

 

Skaion : gauche, sinistre, funeste

Skia, ombre, chose vaine

 

Il est sinistre qu’une « Gauche » prétende aux « Lumières »

 

(Lucchini) « Je continue, par Nietzsche, de tourner autour du christianisme »

 

Lundi 6 février

 

Contre la bruine du purin   Des politiciens de carrière

Le parapluie de la prière     Oh bon Jésus et de bons reins

 

Pascal Bruckner engage à soutenir les dissidents de l’islam. L’apparatchik de service qui l’interroge sur « France Culture » tente de convertir « dissidents » en « modérés ».

 

Mardi 7 février

 

Goutte à goutte sur la vitre   Fines guipures de pluie

Aiguillées de millilitres

 

Il a épousé la femme de ses rêves, mais ce sont des cauchemars

 

(Imitatio)   « Que pouvez-vous voir ailleurs, que vous ne voyiez où vous êtes ? Voici le ciel et la terre et les quatre éléments »

 

(Ikkyû)  Les moines chantent, commentent les soutras. Plutôt déchiffrer les lettres d’amour de la pluie, de la neige, de la lune, du vent. « Le vent parfumé d’une seule nuit de plaisir vaut plus que cent ans de méditation stérile ».

 

Mardi 7 février

 

(Siracide, 32, 3)  « Parle, vieillard, car cela te sied, mais avec discrétion ; n’empêche pas la musique »

 

Selon Groddeck nous avons tous nos âges, et – j’ajoute – en sus les neuf mois d’avant d’avoir un âge

 

Sur la vitre   en accroche-cœur    une fibule de pluie

 

(Jeu d’esprit)  Le laïc est à l’église ce que par conversion est à la glaise le Lalique

 

 

Ils sont ce jour dit-on 7 milliards sur la croûte

Combien  m’ont en ce jour aheurté sur ma route ?

 

Jeudi 9 février

 

Si je te donne une tasse de thé

Dans le très beau style wabi-sabi

Nul doute que ton subséquent pipi

Ne soit le clair pipi de la santé

 

Il y eut un Katô nippon qui fut un bouddhiste persécuteur des cathos

 

Vendredi 10 février

 

Comment le Botrytis cineris (champignon du champagne), le botryche lunaire et le botruschristique (« le sang », écrit Jarry, « du botrus crucifié) forment un trilobe qui m’est propre

 

(De Gaulle en 1965) « Sauter sur sa chaise comme un cabri en disant « l’Europe ! l’Europe ! l’Europe ! » mais cela n’aboutit à rien et cela ne signifie rien »

 

Samedi 11 février

 

Selon la parabole évangélique de la vigne le chrétien est un prince sarment

 

Il vaut mieux être dans son tort qu’en son entorse

Disait Achille (pas Œdipe) au pied léger

Mais ce fameux héros bombait par trop le torse

Je préfère Thersite et son art d’outrager

 

L’admirable Jean Vanier dit qu’il n’est pas meilleur qu’un autre, mais sa façon même de le dire montre qu’il est en effet, dans les faits, meilleur que la plupart des autres

 

Du saoudien Al Qasimi : « L’occupation de notre esprit par Allah est la pire des colonisations »

 

C’est presque un art que d’être effrayé par des riens

 

Avoir peur d’avoir peur est aussi peu recommandable que n’avoir pas peur de ne pas avoir peur

(Colette : « La peur n’est pas, Dieu merci, une épreuve que je ne puisse soutenir /…./ Au compagnon qui, soucieux, me demande : « Tu as peur ? » Je suis assez sûre de moi pour répondre : « Oui, sois tranquille, j’ai peur »)

A dire à l’héroïque Carmélite froussarde de Bernanos

 

 

Lundi 13 février

 

La c… du jour : Un héraut de Macron s’écrie « plus de droite, plus de gauche », mais ne décolle pas du binôme « progressistes » (ce sont les bons) et (ce sont les mauvais) conservateurs. Cet imbécile n’aura pas réfléchi à cette loi de la vie : on ne progresse qu’en conservant

 

Vincent Peillon, bedeau du laïcisme

 

La sage injonction « cache ta vie » conjoint Epicure et saint Joseph

 

(Joseph Pieper) « La jeunesse de l’homme qui aspire à l’éternel est par nature indestructible. Elle ne donne prise ni au vieillissement ni à la déception. »

 

Mardi 14 février

 

Un Juif déclare à la radio juive de Toulouse qu’ayant lui ou les siens subi déjà six agressions maghrébines il préfère aux « Arabes » les affidés de Marine le Pen. Le responsable de l’émission se récrie : délit de « racisme ». C’est donc être raciste que d’éprouver quelque répugnance à fréquenter des gens qui vous agressent.

 

Les petits grains de mon chapelet, quand je les laisse choir d’une voix murmurante, quel Ange les picore ?

 

A « Sud Radio » on se préoccupe beaucoup des trucs les plus efficaces pour une sexuqui soit succès. Ma foi, si c’est tout leur art de vivre ; s’ils se contentent de ça …

 

Mercredi 15 février

 

Que nous manquerait-il si nous manquait l’oiseau ?

Le soupçon volatil qu’existe l’angelot

 

Un journaliste en mal d’épopée parle d’un « bras de fer » entre Hollande et Assad

 

Vendredi 17 février   Florian

 

Exégètes, argyronètes de la foi ; effleurent ; ignorent les profondeurs de Dieu

 

Une société saine doit éviter, nous dit monsieur Macron, expert en politique bio, les « conservateurs »

 

Barra zammer, en dialecte tunisien , « va te faire foutre » : voilà une locution à mettre dans sa trousse de première nécessité

 

Samedi 18 février

 

« Et il se mit debout » : debout sur les heures, écrivait Joë Bousquet, cet alité perpétuel, ce condamné à la sublimité.

 

La simple joie animale d’être bien dans sa peau. Lézarder, sans autre idée  qu’une idée de lézard, dans une égoïste paresse.

 

Un rocher tout fier   d’avoir chassé    son dernier granule de neige

 

 

 

Dimanche 19 février  Villard

 

Difficile d’être présent à la Présence

On est en décalage on est en dissidence

On rêve sur ses skis d’un brûlant Sahara

On fredonne au Salut un scabreux « ça ira »

On vire au vieux et l’on joue à l’adolescent

On est à la Présence hélas toujours absent

 

Peur islamique de la croix du cochon et du cocufiage

 

Dans quel pays sommes-nous ?  Petite affiche dans le car-navette du Bois Barbu : « Lag-Park airboards – snake gliss yooners »

 

Lundi 20 février

 

Trop de livres hélas et pas assez de chair

 

Etat de grâce ou état de crasse : on n’échappe pas

 

Ah ! Se pendre à un spaghetti !

 

(Carrère) « les gens qui se déclarent apolitiques /…/ sont de droite ». Vieille rengaine !  Casserole crevée.

 

 

 

Mercredi 22 février Villard

 

Des petits rocs   dévêtis de leur doudoune    crient « bientôt l’avril ! »

 

La même mélodie de Brassens sur l’ubac chante « il n’y a pas d’amour heureux » et sur l’adret « je vous salue Marie »

 

Comment chacun se garantit-il de la titillation de n’être rien, de la trituration que  « rien n’est » comme le murmure, morne et morose, Besme dans La Villede Claudel ?

 

Quel joyau vaut l’étoile de Vénus ?    Quelle star en fera son améthyste ? Quel cambrioleur l’en détroussera ? Nous te saluons bel astre invendable

 

Jeudi 23 février

 

Notre belle langue fait de la paix, à une lettre près, le pain, et telle est je crois la leçon eucharistique : si vous ne mangez pas à la table du Christ vous serez d’âge en âge artisans du pétrin

 

(Char) « émerge autant que possible à ta propre surface », oui, et immerge autant que possible à ta propre profondeur

 

(Char) « Si ce n’est pas le capitaine, sur la passerelle du navire, qui dirige la manœuvre, ce sont les rats ».

Qui nous dératisera ?

 

Au jardin des oliviers la chair et le sang dorment ; seul l’Esprit les éveillerait

 

Samedi 25 février

 

Un être à barbe me semble carnavalesque

 

Je peux prier Jésus Marie   Ne peux prier Renan Loisy

 

Le Saint-Phlin des Déracinésserait « négligeable pour des hommes d’action /…./ parce qu’il n’est pas encore né ». N’être pas né fut et ne cesse pas d’être mon cas. Mais Montaigne me réconforte : « ce naître n’achève jamais et jamais n’arrête ».

 

Dimanche 26 février  Villard

 

Une coulée de soleil auroral sur une échine de roc

 

La vie rogne l’espoir affûte l’espérance

 

Si contents les rochers    de s’être dévêtus   de leur suroit !

 

Une neige haillonneuse implore en vain le ciel

 

Lundi 27 février  Vercors

 

(Char)    « si /…./ vous rencontrez la foudre au visage d’écolier allez à elle, oh, allez à elle et souriez lui car elle doit avoir faim, faim d’amitié »

 

Des nuages se forment déforment se disloquent reloquent  et toi qui les reluques, vieux schnock, dans quelle humide nébuleuse d’idées te situes-tu ?

 

Mardi 28 février  Villard

 

« Vous consultez les informations, l’idiotie vous submerge » (Sollers)

 

Serrée entre des bancs de nuages gris, épais, une lanière de ciel d’un bleu ferme et tendre, azurée, plus délicat que tous les bleus de pur beau temps …lanière ? non, c’est un parc où se promènent de nonchalantes nuées bistres ou blanches

 

Sollers cite Flaubert : « La bêtise humaine, actuellement, m’écrase si fort que je me fais l’effet d’une mouche portant sur son dos l’Himalaya » ; ou encore : « La Sottise est naturelle au pouvoir » ; ou encore : « Il y a des idiots partout, puisqu’il y a partout des journalistes »

 

Mao ne fut qu’un capitaine de cloportes    C’est Confucius en fin de compte qui l’emporte

 

(Sollers) « La pulsion de mort est plus ténébreuse que prévue. Goulag, Shoah, Hiroshima, Allah »

« Ah, ces Français du vingt-et-unième siècle, quel souk ! »

 

 

S’étonnent-ils ces arbres   De leur nouveau printemps     De leurs feuilles vert tendre ?     De vivre ce miracle ?

 

J’imagine le moindre des volatiles nés de la main du Créateur vibrant de rire à considérer le vol lourdaud de nos avions

 

Une terre labourée aux mottes aplanies est comme une feuille sur laquelle le doigt de Dieu va tracer des signes céréaliers

 

Mercredi premier mars

 

Hannah Arendt cite la Cité de Dieu (XII, 21) : « Initium ut esset homo creatus est »

 

(Günther Anders) « L’absence de futur a déjà commencé ». « Nous ne vivons plus dans une époque mais dans un délai ».

 

Du singe au cyborg ?

 

Jeudi 2 mars

 

Dieu piétiné par trop de mots pieux

 

« Cher collègue » : aurai-je été de qui que ce soit quelque jour que ce soit une fois le « collègue » ?

 

 

Vendredi 3 mars

 

  1. Labarbe (sic), spécialiste de l’éphébie, note que l’on est éphèbe d’abord à seize ans, on se coupe alors les cheveux ; deux ans plus tard on est éphèbe à temps plein : c’est l’hêbê. (C’est la barbe).

Hé bé !

 

Hèbètude  le moment où la barbe point    le crépuscule de la beauté

 

Lévi-Strauss : « Je hais les voyages »

 

Selon Heidegger le philosophe est un perpétuel « débutant »

 

Le ouide l’homme infecté de darwinisme est tout triste d’être privé de son stiti

 

Samedi 4 mars

 

Mars  prompt   bref coup de faux ; mai  non moins bref  mais moins tranchant  un rai de miel plutôt

 

 

 

Cette nuit, encore une pollution. Je méditais hier soir sur le divin Cœur de Jésus.

 

Ilsveulent nous rendre honteux de revendiquer notre identité française

 

La doctrine à haute dose c’est un risque de toxines, d’orthotoxines

 

Dimanche 5 mars

 

La pilosité invasive perpètre le pillage des grâces de l’imberbe

 

Etre barbu ou ne l’être pas : les raisons de se raser ou ne pas se raser sont diverses. Beaucoup de barbes sont des protections contre telle ou telle avarie du visage; d’autres soulignent la férocité d’une religion rébarbative. Daniel Brottier, pourquoi s’offrit-il le luxe d’une barbe longue et drue qui tombait de sa lèvre telle un stalactite ? Je pensais que dans tous les cas le barbu par cet attribut s’affiche allergique à la pédérastie ; j’imaginais mal l’amour socratique compatible avec un supplément pileux. Mais Léonard de Vinci me déconcerte.

 

« Louer son ventre pour faire un enfant ou louer ses bras pour travailler à l’usine, quelle différence ? » La Bruyère écrivait voilà trois siècles et des poussières : « Tout est dit, et l’on vient trop tard … » Mais non ! Une stupidité de ce calibre, une si énorme ineptie, nul homme, si génial fût-il, n’était en mesure de la proférer avant l’époque de la « PMA » et de Pierre Bergé. 

 

 

Les canines d’un enfant ce sont les câlins de son sourire

 

(Broch) « cette voix du pays natal qui toujours brise toutes les frontières /…/ résonnant au-delà de toutes les frontières »

« L’amour est discrimination »

 

Lundi 6 mars

 

Le continent de la continence est peuplé de beaucoup d’eunuques involontaires

 

Sans Toi dit-on mon Dieu je n’ai rien      avec Toi non plus je n’ai rien

 

(Hâfiz) « Jamais ne mourra celui-là dont le cœur vit de désir »

 

(Quignard) « Là où le corps cherche son plaisir l’œil ne contemple pas ». La converse : là où l’œil contemple le corps est interdit de plaisir.

 

Mercredi 8 mars

 

(Heidegger) Les sciences ont « leur source dans la philosophie », « elles n’ont pas la rigueur de la philosophie »

 

(Hallâj) « La sagesse ce sont flèches aux cibles des cœurs croyants dont Dieu est l’archer invisible »

 

Quignard voulant faire bref lâche une ineptie : « L’amour pour le Père s’appelle la politique » ; il n’est chrétien qui ne distingue le pouvoir de la piété. Freud le fourvoie en une autre ineptie : « La jouissance est asociale. Chaque éjaculation affaiblit le besoin social. La fréquence des plaisirs augmente l’individualisme. L’inhibition sexuelle favorise l’obéissance à l’autorité du groupe ». J’ai vécu exactement l’inverse.

 

Un priant exagéré, n’est-ce pas un accapareur de biens célestes ? Mais les stocks de grâces sont tels que l’annonce « en rupture » ne peut être raisonnablement envisagée. Plus on les implore plus on en est pourvu.

 

Coït : chevauchée des Vals-Culs rient

 

A Turin sur un papyrus on voit une femme chevauchant un homme

 

J’apprends dans le même temps que le Président Sissi se met en rogne contre Al-Azhar qui se refuse à condamner résolument la violence islamique que le Cardinal Tauran et sa camarilla se réjouissent, eux, dans leur « dialogue » avec cette Université, de la trouver très décidée à la condamnation.

 

Les religions toutes, en leur principe, non violentes : cette niaiserie était encore énoncée hier soir par le Père °°. Le manque de mémoire est une forme de la charité.

 

(Chateaubriand) « L’incapacité est une franc-maçonnerie dont les loges sont en tout pays »

 

Onze mars  Toulouse

 

La preuve apodictique sinon de Dieu au moins de quelque effet de s’en remettre à Lui est fournie par des bonshommes tels Benoît Labre : sa conduite est absurde, sa bigoterie semble en pure perte, mais ce gueux rayonne, ce parasite porte secours, ce moribond à l’instar du Christ rend la vie.

 

Le psaume 29 – « avec le soir viennent les larmes mais au matin les cris de joie » – décrit l’orbe de mes journées, à l’aube j’ai douze ans disais-je hier à une gracieuse dame, au crépuscule du soir j’en ai quatre-vingt douze.

J’ai joie, puis je gésis.

 

Dieu à la merci de notre merci

 

Le seul homo festivus festivus qui soit décent, honorable, non avili, est celui qui dit avec le psalmiste : « que mon cœur ne se taise pas, qu’il soit en fête pour Toi, et que sans fin, Seigneur mon Dieu, je Te rende grâce ! »

 

Il faut être caréné de caresses pour soussigner le fluctuat nec mergitur

 

Cruelle concaténation : me rendant à un office aux Jacobins, à l’angle des rues Lakanal et Gambetta, tandis que je dépose une lettre dans la boîte postale du lycée Fermat deux beaux garçons me frôlent, double coup au cœur ; les relaie l’ordre sévère et sublime des puissantes colonnes de l’édifice religieux ; la pierre séculaire après la chair séculière ; la vie en son frémissement d’éphèbes, séductrice, à laquelle se substitue la grave liturgie dans le sublime vaisseau de briques. Deux beautés inconciliables ? Elles se joignent à la clef de voûte de mon oratoire intime

 

Prêtre : hyper-être

 

Coït : l’acte est ridicule et par chance le mot l’est aussi

 

Dimanche 12 mars

 

Il est un type d’hommes  taillés en sacristains ou bedeaux ou brancardiers de Lourdes ; on les reconnaît à un je ne sais quoi de clérical

 

L’eau vive de l’Esprit ne coule pas dans les canaux d’arrosage dogmatique

 

(Chateaubriand au livre XXXVIII, 13)  « Il est des axiomes généraux qu’on met devant soi comme des gabions ; placé derrière ces abris, on tiraille de là sur les intelligences qui marchent »

 

Se rouler de rire dans la couette son zéro social

 

Lundi 13 mars  Toulouse

 

Toilettage du Coran. Quand on l’aura nettoyé de ses scories ce sera un admirable supplément à la Bible

 

Quand l’usine mentale est en activité

Le silence de Dieu ne peut être écouté

 

De tous mes écrits faire un tapon

 

Un pigeon blanc un pigeon noir

Sur des tuiles grises et roses

C’est ainsi que l’aube propose

Ses beautés    Que sera le soir ?

 

La philosophie, selon Heidegger, « science certaine, absolue »

« La philosophie, en guise principielle, est cette attitude ou façon particulière de se tenir, sur le mode de la connaissance, en rapport à l’étant en tant qu’être (sens d’être), où, alors même que se tient ce rapport et pour qu’il ne cesse de s’entretenir, c’est chaque fois de l’être (du sens d’être) de l’avoir (cet avoir qui caractérise la tenue de l’être-en-rapport) que tout, en même temps, dépend décisivement »

 

Quand les langues se font la nique : eksecho, en grec = être saillant, supérieur ; en latin ex-aequo,c’est ne  l’être pas

 

Mardi 14 mars

 

Allégé du Credole plaisir à gogo ?

 

L’aimer en tout en tous, oui. Le préférer à tous, à tout : oui, mais.

 

Agapè, est-ce refoulement d’éros ? Ce serait alors le plus contre-nature des amours contre-nature

 

Un qui ne reçoit pas les estropiés chez lui

Ni les boiteux ni les aveugles ni ni ni ….

 

(Adonis) la politique, il se peut qu’ « elle se transforme en sac où on déverse les croyances comme des amas d’ordures »

 

Nietzsche, selon Heidegger : « pépinière pour littérateurs », « sécrétant une sale atmosphère pour la pensée »

 

 

Chemin de croix de l’énumération : Quignard nomme tous les chiens d’Actéon et les parties successives de son corps que ces chiens disloquent

 

Contre la curée   le curé    homme mangé

 

Avoir manqué la manducation de lui-même qu’institue Jésus, dans Les Désarçonnés, alors que le sujet-moelle en est bouffer/être bouffé, trahit chez Quignard une timidité devant la chose catholique – peur de se compromettre ? (C’est si peu à la mode, le Credo !)

 

J’aurais pu être un Quignard, ne suis qu’un guignard ; j’aurai eu cependant mon quignon de bonheur, grainé de grâces, long comme un jour sans fin

 

Mercredi 15 mars

 

Entre mes côtes bat le pouls de l’Univers

Il cessera de battre au bout de mon hiver

 

La belle jambe que me ferait une statue en pied à mon nom, un bronze sur socle dans un jardin public,  notice ad hoc !

 

Lire Quignard, c’est rendre infiniment raisonnable (et éminemment secourable) l’acte christique de se faire Dieu comestible, quignon

 

Mallarmé (grand-oncle de Stéphane), le 24 décembre 1793, lit à la Convention le rapport du Général Westermann : « Il n’y a plus de Vendée. Elle est morte sous notre sabre libre. J’ai écrasé les enfants sous les pieds des chevaux /…/ »

 

Jules Delahaye, le 23 novembre 1892, définit la politique : « la curée, au grand soleil, de la fortune des citoyens, des pauvres, des besogneux, par des hommes ayant mission de les protéger »

 

Jeudi 16 mars

 

Etrenner comme il faut la peine de ce jour

C’est la grâce Seigneur qu’aujourd’hui je demande

Et une joie en sus qui de rien ne dépende

Que de Ton bon vouloir et Ton immense amour

 

Le film Rashomonest, en son finale, évangélique : Rasho y devient un Bethléem ; l’homme est mauvais mais

chaque fois que paraît un tout petit enfant

c’est Jésus qui s’annonce et un monde innocent

 

Vendredi 17 mars

 

Dans le lagon de l’âme morte Clapotent les paroles vaines   Mais la pépite d’or du psaume   Dans les remous de l’onde émue  Dessine de divines orbes

 

Un mot suffit parfois pour changer d’aiguillage

Un mot qui ne soit pas venu du marécage

Du moi de ses moiteurs de son narseux pacage

Mais de l’Agneau de Dieu davidique agnelage

 

L’amour calme et définitif d’un rocher peut donner l’idée d’un sol absolu

 

Traiter de « jeune homme » un évident octogénaire c’est une manière atténuée, par douce dérision, de l’assigner à son grand âge. « Jeune homme », c’est certes plus gentil que « vieux schnock », mais ça revient au même.

 

Samedi 18 mars

 

Chauvir est le verbe préféré de Quignard. Chauve-qui-peut, me dis-je.

 

Quignard approuve Jésus disant « ne jugez pas » dans une page où il juge lui-même avec impétuosité,  se permettant de susurrer que cette injonction n’a eu aucun effet sur le christianisme. Sur lui, certes !

« Epechô en la bouche de Jésus : j’arrête d’obéir, je quitte la meute – j’écris » : trois erreurs si énormes qu’on incline à les croire des impertinences calculées. Jésus s’est voulu obéissant jusqu’à la mort, n’a jamais quitté la meute (ces foules qu’il instruit), jamais écrit (qu’une fois sur le sable). L’auteur de cette phrase stupide a-t-il, lui, quitté la meute ? Pas celle des maisons d’édition !

 

Dimanche 19 mars Arize

 

 

Le silence palpitant d’une eau de source fait une basse continue au chahut rieur d’une harde d’enfants

 

La ribambelle est toujours belle

Quand elle est une fleur d’enfants

 

Pauvreté des mots : comment dire les godasses de Van Gogh aussi dru que la peinture qu’il en a faite ?

 

Lundi 20 mars

 

(Beethoven) « Je ne connais d’autre supériorité que la bonté »

 

(Browning) « How is it under our control   To love or not to love ? »

 

Piété (participe) et piété (substantif) : leur synapse. S’incliner dans l’oraison pour mieux se tenir debout.

 

Une autre niaiserie de Quignard : « La plus terrible théocratie que la terre ait connue (le christianisme) ». Que suit un mensonge par omission : citant le « mè krinete» de saint Jean (VII, 24) il omet la suite : « mè krinete kat’opsin, alla tèn dikaian krisin  krinate », apparemment sans se douter qu’il juge lui-même sans justesse, sans justice.

 

(Adonis) « J’ai beaucoup de cheveux blancs sur la tête, Mais dans les entrailles je n’ai que les poils follets de l’enfance »

 

Mardi 21 mars

 

Psaume 84 (c’est mon âge) : « La vérité germera de la terre et du ciel  se penchera la justice ». M’apparaît ce matin en extrême clarté que justice n’est pas affaire à confier aux hommes – ils ne sont pas capables – mais faire la vérité, oui, et quand celle-ci, ôtée l’ivraie des idéologies et utopies, germera, alors pleuvra (mieux que penchera) la justice.

 

(Anders) « Ce à quoi je ne peux rien ne m’intéresse pas ». C’est ainsi que ne m’intéresse plus, hors mes diversions (musique, balade), que la prière.

 

Les êtres beaux me sont interdits parce que beaux, donc sacrés. Les êtres laids me sont interdits parce que laids, massacrés.

 

Mercredi 22 mars

 

Deguy, Comte-Sponville, ont de l’estime pour Hollande : ça juge la capacité politique des philosophes. (J’y ajoute, sept mois plus tard, Françoise Héritier : cette disciple de Lévi-Strauss a milité ardemment pour cet imbécile).

 

Je suis Bonnefoy en son refus des gnostiques, mais le refuse quand il énonce : « Pourquoi la mort, oui, mais la mort existe-t-elle puisque l’existence particulière ne fait qu’un avec toutes les autres dans l’univers ? /../ » C’est se payer de mots, se tromper sur soi et sur l’un. Lanzmann, au contraire,voit dans la mort « un scandale absolu ». Et Claudel : « Vous avez mis dans mon cœur l’horreur de la mort, mon âme n’a point tolérance de la mort ! »

 

On ne pourrait parler en vérité de la mort que dans le moment où l’on perd tous les mots

 

(Bloy) l’auto, « hideuse machine /…/ qui pue et qui écrase, quoi de plus crétin que de faire 150 kms à l’heure » ; le sport, « moyen le plus sûr de produire une génération d’infirmes et de crétins malfaisants » ; la « cervelle en boyau culier » d’une bourgeoise ; la charité, « maladie contagieuse de Jésus ». « Contempteur absolu du Nombre, je me glorifie de n’avoir jamais voté et je ne crois à aucun avenir politique /…/ J’attends Dieu seul et Notre Seigneur Jésus Christ est mon prétendant. Quand on me parle d’autre chose, c’est comme si on me jetait au visage de la boue et des excréments ».

Son Journal s’ouvre sur la « visite de Georges L. qui « ment comme un musulman ».

 

Jeudi 23 mars

 

La parole de Dieu transmise par les textes

Ressuscitez-la dans les tierces et les sextes

Que l’office l’éveille du tombeau des mots

Elevez votre voix élevez vos rameaux

Et ce que ne peut pas votre théologie

Vous le pourrez dans la divine liturgie

 

« ce monde, qui est le seul » : non, Bonnefoy ! Il y eut d’abord le monde intra-utérin, il y  a les trois mondes du phénomène humain

 

(Bloy en 1892) « Aujourd’hui le catholicisme est devenu comme une espèce d’aristocratie pour la pensée »

 

Vendredi 24 mars  Toulouse

 

Montaigne, quand il cite Térence (I, 39) – « Vah ! quemquamne hominem in animum instituere, aut Parare, quod sit charius quam ipse est sibi ? » – (« et comment se peut-il qu’homme se mette en tête d’aimer quelque objet plus qu’il ne s’aime lui-même »), se doute-t-il que c’est la pensée de Thomas d’Aquin ?

 

Les tuiles éclairées d’un soleil pâle en attente des pattes irréfutables de quelque pigeon

 

(Bloy) « la niaiserie apophtegmatique des protestants », la « crue extraordinaire de bêtise de la littérature cléricale »

 

(Saint-Exupéry) « Celui-là n’habite point le même univers qui habite ou non le royaume de Dieu »

 

Le catholique, cancane le calviniste soucieux de purger son  culte et son calendrier, souffre de sancticémie

 

Samedi 25 mars

 

Il n’est philosophe, si serein, si impavide qu’il affecte d’être, qui ne marque son irritabilité par quelques coups de griffe : c’est lisible chez Spinoza, chez Kant, chez Heidegger, même chez Husserl.

 

Bloy répartit ainsi les péchés capitaux : orgueil, envie, colère, paresse chez les adorateurs du Père ; avarice et gourmandise chez les adorateurs du Fils ; luxure chez les adorateurs de l’Esprit-Saint. « C’est parmi les luxurieux », insinue-t-il, « que le Paraclet ramassera son troupeau ».

 

Sainte-Beuve (II, p. 303-4) escamote, évoquant le chapitre de Montaigne sur la solitude, l’alinéa où le christianisme de celui-ci est patent. Pardi !

 

En novembre 2013 les fanatiques de la Licraexigent le caviardage partiel du Salut par les Juifs

 

(Zola) « Si je voyais un miracle incontestable, cela me gênerait beaucoup.Je n’y croirais pas. Cela créerait un duel entre mes sens et ma raison, je n’aurais plus mon équilibre. Cela serait dangereux pour moi ». (Cette niaiserie date de 1893). Pauvre raison zolâtre, si chatouilleuse, si étriquée !

 

Dimanche 26 mars  Toulouse

 

J’aurai plus de trente années durant feuilleté face à moi la page de briques de meneaux de mirandes, ensoleillée ou embrunie, du Collège de Foix qui me rapatrie dans la culture médiévale fondée en ferme foi

 

(Au jardin botanique)  Ah ! Bel hêtre pleureur tardif à revêtir    Ton larmier de feuillage ! Ah qu’un prompt repentir  T’engage incontinent à de pleurs te pourvoir ! Ce n’est plus l’hiver Nu je ne veux plus te voir Mais te veux éploré dans ta verte vêture Et paré de rameaux pendants c’est ta nature

 

Deux bébés  même ber   un de celluloïd  l’autre de peau

 

Un coq infatué   vient claironner       sous mon nez

 

Cet être minuscule ayant la forme humaine

Comment ne pas aimer sa curieuse dégaine ?

 

Une flache  un gamin saisit des feuilles  les y fait amerrir

 

Une flache   un gamin    lançant de petits cailloux  y fait des ronds

 

Le même armé d’un bout de bois s’échine à fendiller la boue humide

 

(Bloy) « 1° Tout ce qui arrive est adorable  2° Accord parfait de la liberté divine et de la liberté humaine. De toute éternité, Dieu saitque, tel jour, tel individu accomplira librementun acte nécessaire  3° Enfin tout ce qui n’est pas strictement, exclusivement, éperdument catholique doit être jeté aux latrines »

 

Lundi 27 mars

 

Se repentir de Lépante ?

Un Lépantir ?

 

Bloy, Claudel, deux éléphants dans le magasin de porcelaine de la porcine et positive impiété

 

 

De Bloy : « la pauvre jeunesse qui fut mienne /…/ et dont je n’ai jamais pu jouir »

« le monde littéraire /…./ hors duquel est évidemment le salut »

« Voir dans chaque mot de l’Ecriture un vase plein du sang de Jésus-Christ »

« vir coïtans et hoc modo cruciatus in muliere ; anhelans »

« Je suis pour l’intolérance parfaite »

 

Mardi 28 mars

 

Une foi pas même capable de soulever un grain de poussière

 

Bloy …To blow ….Souffle de l’Esprit.

« La littérature pouilleuse des livres de dévotion /…/ est /…/ une sorte de langue misérable, ignominieuse, divinement appropriée » à la condition du Pauvre (Jésus)

 

Considérer son prochain comme un autre soi-même ? Non, ce Président de la République, je ne puis m’abaisser jusqu’à lui. Seul expédient : le déboulonner de son socle d’ambitieux parvenu, le reconduire à son innocence d’enfant.

 

(Bloy encore)  Huysmans, après Là-Baset En route, devrait intituler son prochain tome : EN HAUT ; TOUT LE MONDE DESCEND ».

 

Mercredi 29 mars Toulouse

 

L’Esprit- Saint n’exauce en nous que notre demande qu’Il vienne ou tienne en nous

 

(Mère Teresa) « la sainteté n’est pas un luxe pour un petit nombre mais un devoir simple pour chacun de nous »

 

Sur le Pont Saint-Pierre une chaise s’adosse au bastingage, ce n’est pas une cathèdre, c’est un prie-dieu qui invite à s’agenouiller et implorer  la déesse Garonne, cette garce aux brusques emportements dont les flots sont susceptibles de monter jusqu’aux égueuloirs du Pont Neuf. Cette chaise insolite, est-ce un émule de Dali qui l’aura ainsi apostée ?

 

Jeudi 30 mars Toulouse

 

Le vent       lui seul         feuillette ce petit journal

 

L’odeur un soupçon anisée    de la tulipe   corolle ouverte

 

Avec son irénique colt en plastique un môme insurrectionnel mitraille une escadrille de pigeons

 

(Bloy) « la médiocrité inconcevable du clergé »

« – Apprenez, monsieur Léon Bloy, que je suis athée et matérialiste – Fort bien, cher Monsieur, vous me voyez charmé de savoir que je suis en présence d’un imbécile ».

 

Vendredi 31 mars Toulouse

 

Bloy, quel boy !

 

Une femme à burqa mâchonnant sous un tamaris étique quatorze siècles de rancœur coranique

 

Zola, sa « petite couillonnade positiviste dont il s’est fait le Gaudissart » (Bloy)

 

 

(Huysmans, en 1906) « Personne ne croit plus à l’honnêteté des hommes politiques »

 

Samedi premier avril

 

(Bloy)  Nations chrétiennes solidaires ? « Assurément et incontestablement. Elles sont solidaires du même crétinisme, du même goujatisme, de la même lâcheté, de la même férocité, de la même avarice, de la même bicyclette et de la même ignominie ».

 

Le rassemblement liturgique a ceci d’excellent que l’on fait corps  -« tous les membres (I, Cor.,12, 12) /…/ ne font qu’un seul corps ». Il n’est pas deux fidèles à la messe qui pensentle même Credo mais leur communion le dit d’une même voix.

 

 

(Bloy) « Avantage de la laideur sur la beauté. La beauté finit et la laideur ne finit pas ».

 

Gouttes d’eau en colonnes verticales sur la vitre : poème de pluie

 

Selon Bloy l’Eglise enseigne, et tous les saints, que « le salut d’une seule âme importe plus que le soutien du corps de cent mille pauvres »

 

(Psaume 128) « Saepe expugnaverunt me a juventute mea » – je suis en effet méchamment expulsé de ma jeunesse dans toute messe où ne soit pas trissé au bas de l’autel selon le rite tridentin l’ « ad Deum qui laetificat juventutem meam »

 

Mardi 4 avril

 

J’ouvre mes volets     le mot ciel l’étendue bleue ensemble me sont donnés    avec eux le ouiimmarcescible l’action de grâces

 

(Bloy) « le silence /…/ forme la plus meurtrière de l’hostilité »

« Le monde de la Croix et du Pèlerin, si bas »

 

Les bonnes manières mielleuses d’un christianisme édulcoré

 

Mercredi 5 avril

 

(Bloy) Le catholicisme est enterré par « les francs-maçons, les protestants, les juifs, les catholiques »

Huysmans, « avorton des théologales »

« Les imbéciles sont fuyants et imperméables comme des glaires » ; « l’orgueil sacerdotal, le sentiment le plus judaïque et le plus invincible qui soit »

« Dimanche de Pâques / 1859 /. Allant à l’église, entendu le carillon infâme du temple. Rien ne peut être imaginé de plus odieux, de plus intolérable que cette chaudronnerie d’enfer qui suffit aux protestants. Il y a là, m’a dit notre curé, une pauvre vieille cloche catholique âgée de quatre cents ans qui pleure d’entendre les autres ».

« Oh ! l’horreur insurmontable, indicible de nos latrines luthériennes et scandinaves qu’on ne vide pas et qui débordent comme un poème de Gundtvig ! »

 

Les cookiesfournissent une grêle de renseignements sauf celui de s’en débarrasser!

 

Etre cloué à la croix d’un acte manqué

 

Jeudi 6 avril Bolquère

 

Rejeté sur soi comme une herpe marine dans les sables mouvants de l’intranquillité

 

J’apprends à mon ombre à ne pas trop glisser sur la neige durcie

 

Selon comme on règle son objectif l’être désiré se trouve tout proche (dans quelque rue Gît-le-Cœur) ou bien s’exile, ange ou zombie, dans une Terre Adélie de mémoire délébile

 

Si je vais jusqu’au fond de mon ciel intérieur

J’entends la rumeur de Tes eaux vives Seigneur

 

Cette lune en peine d’être pleine se donne du mal pour ressembler à un nuage

 

(Bloy) « les ecclésiastiques modernes à figure de mouflons ou d’aligators »

« Lecture fastidieuse des journaux. Toujours la compétition des canailles pour la Présidence de la République infâme que Dieu confonde ! »

 

Samedi 8 avril Bolquère

 

Comment  t’appelles-tu demandai-je au torrent ?

Il ne me répondit que par un hurlement

Mais de cette avanie il se fit un viatique

J’allai d’un pas plus gai plus gaillard élastique

J’aurais marché sur l’eau je dédaignais les ponts

J’aurais fendu les flots  par versets et répons

 

L’eau n’a rien de mieux à faire quand l’occasion s’y prête que de dévaler

 

Narcisse en sa chambre d’échos   Se caresse le poil des mots

 

Il fait si beau  que des cumulus ont décidé    de prendre l’air

 

Je me sentirai génial quand mes vieux croquenots ou mes vieilles galoches auront l’air de celles ou de ceux de Van Gogh

 

Une flamme  en forme de virgule   orpheline de sa phrase

 

(Bloy) « C’est avec le fumier de Virgile, d’Horace, d’Ovide et de Cicéron que l’Eglise obtint la fleur merveilleuse /…./ qui s’est nommée la Raison chrétienne »

 

Dimanche 9 avril

 

Le vieillard manque de tact. Il n’a pas su jusqu’où on peut aller trop loin.

 

La débandade des nuages ne trouble pas l’étang gelé

 

Laisse venir à toi les mots de quand tu ne savais pas parler   les mots d’enfance au liséré de toile bise et de ruban rose

 

Virtuose de la longévité il excelle au récital des trémolos vocaux et tremblements jambiers ; on le voit vacillant sans s’affaler sur les échasses de ses dix fois dix ans, et l’on applaudit ; il s’en va sans fausse note petit pas à petit pas vers la cadence finale du  trépas, et on l’honorera d’un Te Deum.

 

Je note à nouveau la phrase-seuil du Journal de Bloy :

« Visite de Georges L., qui ment comme un musulman ».

Pascal, selon le même : « scepticisme noir », « occulte médiocrité »

 

Silouane prête à Dieu cette prière : « Je ne vous demande qu’une chose, mes pauvres enfants, c’est de ne pas tomber dans le désespoir »

 

Pour Bloy Lourdes est devenu « le gouffre central de la sentimentalité contemporaine » ; les « Pères Augustins de l’Assomption » lui paraissent des « prêtres épouvantables »

« Selon le doux protestantisme, le Dieu de Moïse est un paternel et ineffable gaga qui ouvre les bras à tous ses enfants indistinctement »

 

Lundi dix avril  Bolquère

 

Les potentilles ont l’air de méditer sur l’opportunité d’enfin s’ouvrir ; ce sera un jaune qui s’ajoute en catimini au jaune entêté des panonceaux et au jaune épisodique du petit train

 

Lorsqu’à midi un dix avril   S’ouvre en Capcir la potentille      Crayonner un ainsi soit-il    Soit ma religieuse estampille

 

Ça grouille sur cette motte        un caviar de fourmis

 

(Bloy) « Je me suis fait marquis du marquisat de moi-même »         le Roi Bloy !

 

Mardi onze avril  Bolquère

 

Un tout petit nuage blanchâtre joue à feindre d’être la lune ; l’une ou l’autre se dit-il ; mais pfuitt ! l’on n’y voit plus que du bleu

 

(Bloy) Tolstoï, « le célèbre crétin moscovite »

 

Dans le ciel un fantastique oiseau  de fibres nuageuses aux ailes ébouriffées

 

Mercredi 12 avril

 

Tu es Seigneur le rocher qui m’accueille  mais que d’épines autour de Toi !

 

Prenant de l’âge on prend malgré soi de la gîte et volontiers la tangente

 

Jeudi Saint 13 avril

 

Je suis dans l’an quatre de mon cacochymat

Marri ? confondu ? Non fier de n’être pas mat

 

(Bloy) « J’ai l’âme si désemparée que je lis des chapitres de Montaigne »

« Quand on ne mange pas Dieu, on doit s’attendre à être mangé par les chiens. C’est l’avenir de la France apostase ». Cette prophétie a un début de réalisation avec l’insulte raciste(« sous-chiens ») de madame Bouteldja

 

(Rémi de Gourmont) « La parole de Dieu n’est supportable qu’en musique »

 

 

Vendredi 14 avril

 

L’âne qui veillait sur l’Enfant de la crèche à Bethléem ressuscite à Jérusalem pour être la monture de Jésus accablé de la fausse gloire des palmes et des brames

 

Le jacuzzi de tendres toisons des agnelets en bergerie

 

(Coran, 98, 6) « Oui, les incrédules, parmi les gens du Livre et les polythéistes, seront dans le feu de la Géhenne pour y demeurer éternellement, voilà le pire de l’humanité ». Une lecture probe de cette sourate oblige à comprendre que les « gens du Livre », qui se distinguent mal des polythéistes (voir les sourates 5 et 9), sont incrédules s’ils persistent à ne pas croire  « un Prophète envoyé par Dieu », lequel  ?  Devinez.

 

(Bloy) Napoléon, « d’un point de vue tout à fait supérieur /…/ le Raté grandiose, l’Infirme colossal »

(Son ancien propriétaire)   « Coiffé d’une casquette sordide, il marcha comme un vieux lancier de la préfecture, dans un immémorial pantalon à la semaine dont le fond gravitant vers les mollets donne l’idée d’un bastingage contre l’artillerie éventuelle des coups de souliers dans le fondement »

 

 

Je n’en suis même pas à laMéthode rosede l’art d’aimer ; mais la Méthode rossede l’art de l’étrille, je l’ai si bien assimilée que me voici un Cziffra  des lazzi

 

Samedi Saint 15 avril

 

C’est parce qu’il a dit beaucoup de mots d’amour à des courtisanes que Charles de Foucauld peut s’adresser du fond de ses tripes à son « bien-aimé Jésus ». Autrement dit : il faut avoir été prodigue pour se jeter aux bras du Père

 

« Là, rôdent les renards » (Lamentations) ; est-ce cette sorte de renard que je suis moi-même, ou celui du Petit Prince ?

 

« caritas etamor », dit l’hymne

 

Se laisser couler dans le sans-souci

 

(T.S. Eliot) « April is the cruellest month »

 

(Bloy) « L’art n’est pas mon but, mais seulement un instrument dont j’ai appris à me servir comme d’une épée ou d’un canon /…/ Je donnerais tous les artistes du monde et tous les chefs-d’œuvre de l’art pour l’Oraisondominicale dite par un mendiant au bord d’un fossé »

 

Dimanche de Pâques

 

Pour Bloy, il suffit d’un seul catholique, et l’Eglise est là, toute, intègre. Mais l’Evangile suggère qu’on soit au moins deux ou trois.

 

C’est la vulgate qui ajoute dans la traduction du livre de Tobiele chien qui « montrait sa joie en caressant de la queue ». Bloy note que la nouvelle exégèse (Loisy) dédaigne cette joie caudale ; « j’en connais un », note-t-il (un certain abbé) « que la queue du chien de Tobie empêche de dormir ».

 

Lundi 17 avril  Argelès

 

(Montaigne) (III, 2)  « Je me contredis bien à l’aventure, mais la vérité, comme disait Démade, je ne la contredis point ». Démade, non Augustin ?

 

La lune de miel puis la lune de fiel et là pas de quartier

 

(Bloy sur Le Mystère de la Nativité de Maurice Bouchor) : « L’allégresse infiniment humble de ces animaux sans péché qui n’en peuvent plus de savoir que Jésus va naître »

 

Machines à nous machines à vous   machines à sous  machines à soues   machines à dessous machines à sens dessus dessous   machines à trente-sixièmes dessous

(Cette litanie jaillit dans le jardin public d’Argelès ; le casino qui le borde affiche en capitales blanches dans un cartouche rouge : MACHINES A SOUS. Ah ! Ces assoussinats !)

 

Bloy = Nietzsche. Même moustache.

 

Les violeurs d’enfant sont abominables, mais la « pédophilie » devenue un thème pandémique (une thématique) est une infection de la conscience collective au moins aussi néfaste, couplée comme il se doit en régime d’hypocrisie totalitaire avec l’initiation au sexe dès la maternelle : moraline et viol moral

 

Mercredi 19 avril Argelès

 

La mort est cette amie enfin qui sera fidèle au rendez-vous

 

Il m’arrive d’implorer la tendresse d’un roc et de le caresser comme j’eusse voulu caresser un cerf

 

Je jouis de l’occis maure comme de l’oxymore

 

Jeudi 20 avril   Argelès

 

Ma tunique de Nessos : je suis un brûlé du troisième degré par le manque à jouir

 

Une graminée énervant sa petite ombre sur un petit roc

 

Le ciel se change en aquarium pour que s’y effile en queue de poisson le gaz lâché par un aérodyne

 

Elections : onze candidats. Le foot politique. Quelle est l’équipe adverse ? Le peuple français. Mais ces onze, devant la porte dorée du pouvoir, forment une équipe dessoudée au possible, chacun veut avoir le ballon ; et l’on ne se passe rien.

 

Comme il est beau le Léviste coiffé de son bonnet rose du soir !

 

Vendredi 21 avril

 

Le viol des enfants est la sinistre inversion de l’évangélique « laissez venir à moi les petits enfants » ; la « pédophilie », concept d’inquisition, a  pour corollaire qu’on se met en frais de faire en sorte qu’il n’y ait plus de petits enfants mais des petits cochons qui dès la maternelle se flairent le cul et se tripotent le con

 

(Bloy) « Une concierge extraordinaire qui roucoule en poitrinant avec une dignité de vieille pintade qui se croit encore de la devanture »

Les pudeurs de Brunetière lui inspirent cette saillie : « une âme de vieille religieuse dans une culasse de sous-officier prussien »

 

L’homélie de notre clergé est d’ordinaire une coulée de confiture pieuse sur une tartine d’évangile

 

Samedi 22 avril  Vallée du Tech

 

Noli me tangere me chuchote cette anémone sylvie

 

Ces eaux torrentueuses clament dans la langue de la Genèse « mon Seigneur et mon Dieu » et moi je les loue pour cet acte de foi nature

 

Quand vous aurez fini de chantonner, torrent

Pousserai-je à mon tour ma copieuse rengaine ?

Mais il ne se tait pas et je perds vite haleine

Il a, lui, la grande santé de l’élément

 

Nous voici revenus, ô Clamence, à l’homme de Cro-Macron !

 

Dans cette coupe d’air très pur   Aux lèvres de neige et de roc     Puissé-je rêve de l’azur   M’évanouir nouvel Enoch

 

Quelques rocs efflanqués font la sieste sur un hamac d’herbes sèches

 

Ces pissenlits sont fourrés jusqu’au cou dans leur fraise de feuilles indentées

 

L’abbé Mugnier, selon Bloy, était un « serviteur de Mammon, à figure de vieux renard qui retrousserait sa soutane, pour entrer dans l’étable de Bethléem /…/ domestique des esclaves du Démon /…/ Qu’il retourne à ses chiennes de Sainte-Clotilde  /…/ »

 

La différence entre soupière et pot de chambre, à y bien regarder, n’est guère sensible

 

(Bloy) On sera jugé sur « les larmes qu’on a répandues et les larmes qu’on a fait répandre, capital de béatitude ou d’épouvante e !

 

Accepter de servir la femme corps à corps

Fut toujours une tâche au-dessus de mes forces

Dois-je ce renâcler à mes ancêtres corses

Ou bien est-ce une peur de la « petite mort » ?

 

Escalader les psaumes : ce sont les cent cinquante marches de l’accès au Royaume

 

Dimanche 23 avril  Pont d’Espagne

 

Dans la « besace d’air bleu » que m’a prêtée l’abbé Bégarie j’ai fourré quelques cumulus de beau temps

 

Plutôt que voir un paysage en vrai

Le regarder dans un bidule ouvré

 

Quel bonheur d’être de ce monde et d’être ici

Eternellement sous le souffle du Récit

Etrenné de Joël d’Evangile et de psaume

Heureux d’être homme parce que Dieu se fit homme

 

Un torrent est une partition qui se joue elle-même entre largo et presto

 

Le jeune serveur de l’hôtel du Pont d’Espagne, exemplaire par sa naïveté, sa crédulité, sa parfaite inaptitude à la réflexion critique : il vote Mélanchon parce qu’ « c’est le rêve », « la nature » ; l’islam ? Foin des religions ! C’est fini, les « jeunes » ont dépassé ça !

(Un esprit fort, n’est-ce pas ?)

 

Avoir préféré la cascade à la cacade

Cela fait-il de moi un être singulier ?

J’avoue : au bruit des eaux mon cœur bat la chamade

Et il reste de glace au quatorze juillet

 

Eh bonjour avril ! s’écrient ces petits soldats ces petits soleils ces soldanelles

 

Les adoratrices de Montmartre paraissent à Bloy un « assemblage de créatures laides et répugnantes »

 

(Epicharme)    memnèso apistein

 

Lundi 24 avril

 

Un débile social

 

(Bloy) « un pays /…./ gouverné, hypnotisé, affolé, enragé par un groupe de sots qui ont la chiasse »

« Le suffrage universel est un mal absolu »

 

Heureuse coïncidence : ma prière tardive, et justement inexaucée à saint Antoine de Padoue, hier, a pour immédiate suite un dépliant sur ce « consolateur des affligés ».

Mais qu’avais-je perdu ??

 

Mardi 25 avril  Toulouse

 

Bloy avait pour « admirable ami » Josef Florian.

 

Sur les Jésuites : « Une compagnie si pharisaïque, si médiocre, si laide par tant de côtés »

 

Entrant à Saint Jérôme je vois dans la galerie deux plantes vertes ; les mots philodendron, aspidistra me viennent à l’esprit, et je m’agenouille, heureux de ma mémoire, devant le Saint-Sacrement

 

L’automobile, pour Bloy : « cette hideuse et homicide machine, destructrice des intelligences autant que des corps, qui fait nos délicieuses routes de France aussi dangereuses que les quais de l’enfer et qu’on ne pourra jamais suffisamment exécrer »

Clémenceau : « ce vieux pantin à tête de mort », « un mulet insolent », « vieux gamin décrépit et malfaisant »

 

Mercredi 26 avril

 

Zola, prié d’intercéder en faveur de Wilde, se révèle Zalaud

 

Détournement de fonds : la récitation du chapelet faisant jaillir des étincelles érotiques

 

Vendredi 28 avril

 

Prière, oraison sont ignorées du DictionnaireHeidegger. Ignorées de Heidegger ? Que faisait-il à l’abbaye de Beuron ? Prière, oraison, la manœuvre mentale ne peut les réduire ; elles donnent à l’Etre un autre accès que par le discours.

 

Variation sur un thème usé : Nous sommes un tout petit moment dessus, puis un long moment dessous, sinon pulvérisés ; je ne puis me mettre en marche dans la lumière sans penser à tous ceux que j’aime ensevelis dans l’épaisse mort, et la pensée que je ne tarderai pas à les rejoindre ne me laisse pas, comme on dit, de marbre ; me bouleverse.

 

Puissé-je insecte d’or me dissoudre en un rai !

 

Entre deux cris de coq un coin de ciel plus clair

 

Qu’un enfant te sourie et les livres s’éclipsent

 

La hache à double tranchant du millénaire trois, mise en service au siècle dernier, sera-ce Husserl/Heidegger ?

 

(Bloy) « Mgr Amette, archevêque actuel de Paris, mais surtout archevêque du Paris actuel » (sera un chaud partisan et promoteur de la massacrante Union sacrée)

 

(en février 1908) « la foi est morte », « le christianisme est enterré »

« les catholiques sont si profondément infidèles, dénaturés, idiotifiés, surtout dans le clergé »

 

Samedi 29 avril  Toulouse

 

O nuit plus claire que mon péché je voudrais être extrait de ce puits où je ne vois que ma seule image boueuse !

 

Notre Pape adjurant les autorités islamiques de dénoncer la violence, c’est comme demander à un joueur d’échecs d’appliquer les règles du jeu de dames

 

(Bloy) « La Sainteté n’est pas autre chose que l’épanouissement complet et heureux de l’individualité /…/ Plus on est saint plus on est singulier »

 

Une petite fille à tresse tressautant sur un gazon très sec

 

Au jardin botanique je parle à un merle – noir, ça va de soi ; à l’instant où je lui prononce le nom fatidique de mon ami  passe une dame tout en noir, des pieds à la tête, gantée de noir, cheveux noirs ras, à la garçonne ; elle marche alerte et raide. Messagère de la mort ? Ou duplicate féminin de la grâce que me signifie le passereau ?

 

Affalé au fond d’une poussette un môme semble se résigner mal à s’être fourvoyé parmi les terrestres

 

Dimanche 30 avril  Le Pesquié

 

Artiste de l’esquive  virtuose de la frivolité

 

Sœur Raphaël Desjoyeux, aplatie tout le long des litanies de sa profession solennelle, est une crêpe de consentement pour toute l’assistance et, pour moi, nom et prénom, un caducée de grâces

 

La « manière filamenteuse et collante » des hagiographies, note Léon Bloy

 

Des pâquerettes, à Foix, nichées dans le parapet de la rivière Ariège. Quelle ténacité  à vivre chez ces pauvresses, et quel prodige d’abord d’être nées dans des interstices de pierres !

 

(Bloy)  « un journaliste caligineux, fuligineux, plombagineux, innommable et indiscernable »

« une âme de pot-au-feu qui ne bouillira jamais »

 

Lundi premier mai

 

Le discours sirupieux

 

L’actualité, selon Marina Zvétaieva, c’est « l’action des plus mauvais sur les plus mauvais »

 

(Bloy) « la société chrétienne condamnée sans rémission. Tout est inutile maintenant, excepté l’acceptation du martyre »

 

Pastichant Bloy je dirais : celui qui croit en Christ a droit à coups de trique d’être continûment patraque

 

Les Juifs « aussi imbéciles, aussi aveugles que les chrétiens »

« une époque d’aberration universelle »

« un vieil écrivain demeuré jeune pour mieux souffrir »

 

La sottise des catholiques, « une espèce de monstre dans l’histoire de l’esprit humain. » « Au surplus, toutes les figures ou combinaisons de similitudes supposées capables de produire le dégoût sont d’une insuffisance plus que dérisoire quand on songe, par exemple, à la littérature catholique ».

 

Mardi 2 mai

 

Sur le kakemono de ma vitre   un poème de  gouttelettes

 

Un lopin de purin au pouvoir de lopettes : France 2017 ?

 

Belle interférence : Bobin évoque les ailes du papillon posé sur une herbe qui sont « repliées au point de n’en plus former qu’une seule » ; Beaufret, pour illustrer le dédoublement (Zwiefelt) être/étant, écrit : « Lorsque le papillon est posé sur une fleur, ses deux ailes sont rassemblées l’une contre l’autre, au point qu’on ne voit qu’un là où en réalité il y a deux »

 

Pour une juste estimation de soi, ne pas oublier, la goutte de sperme qu’on fut d’abord, puis un petit animal misérable, et la poussière qu’on sera enfin. Entre ces extrémités il est loisible de faire le Faust, ou le faraud.

 

Mercredi 3 mai

 

« Laissez venir à moi les petits enfants » est un hendécasyllabe qu’une plume pieuse ou alexandrine a parachevé : « blonds » (mais pourquoi pas : « bruns » ?)

 

Il s’en va tout triste parce qu’il a de grands biens. Mais s’il se décide à Le suivre, ne sera-t-il pas tout triste d’avoir perdu ces grands biens ?

 

S’épouiller des punaises de sacristie, n’est-ce pas la tâche la plus épuisante d’un Curé ?

 

En 1910 la presse affirmait que « l’aéroplane » est un « engin de paix »

 

(Carlyle) « Le désespoir porté assez loin complète le cercle et redevient une espérance ardente et féconde »

 

La collision/collusion Bloy/Nietzsche est une étincelle qui, se fût-elle produite, aurait peut-être mouché décisivement les « Lumières »

 

Jeudi 4 mai

 

Faire descendre  l’intellect dans le cœur, c’est la consigne des maîtres spirituels. Mais si l’ascenseur est en panne ?

 

A une date floue – mais est-ce de date ou de strate qu’il faut parler ? – fillea cessé d’avoir plus d’échos dans la chambre de mon cœur que garçon. Mais la même sorte d’émoi me saisit à la vue d’un être fraîchement pubère, quel qu’en soit le sexe.

 

Bloy, en décembre 1910, se définit « un vieil âne très doux sous la menaçante carapace d’un rhinocéros »,

Dans le même temps il pense que « la France lépreuse /…/ semble condamnée à périr »

Ceci encore : « Car voici la loi spirituelle. Chaque fois qu’un homme jouit dans son corps ou dans son âme, il y a quelqu’un qui paie ».

 

Vendredi 5 mai

 

  1. Chamson, a-t-on dit, « était de partout parce qu’il était de quelque part »

 

« Le diable », répondait à Julien Green le Père Lamy, « c’est un beau garçon »

 

Améry  déplorant « la calamité du plaisir conjugal » aurait-il été approuvé par Montaigne ?

 

Rumi, faux bourdon pour Bloy, abeille pour Bobin

 

« Pascal est brûlant de gloire pour de bien moindres paroles », note Bloy, que celle-ci de Lautréamont : « Je suis fils de l’homme et de la femme, à ce qu’on m’a dit. Cela m’étonne. Je croyais être davantage ! »

 

Un distique grotesque mais sincère de mirliton :

Je ne me ferai pas au statut de pépé

Laissez-moi mourir jeune et fichez-moi la paix

 

Bobin, ou Muray qui le raille ? Je ne choisis pas, j’amalgame, je fais des gammes de conciliation

 

Très belle parole de Bobin : « Dans le cœur il n’y a aucun nombre, c’est toujours un, et un, et un »

 

(J. Bousquet) « L’homme n’est pas un point en l’existence de tout, il est l’existence de tout en un point »

« En moi se pense la partie, donc je suis le tout »

« Niaiserie d’une époque où chacun cherche les événements dans le journal au lieu de les voir sur sa route »

 

Papa, maman, causes secondes, c’est grâce à vous que je puis regarder avec tendresse et gratitude mes dix doigts au moment d’attaquer l’allegro molto agitato, que j’agiterai, médiocre virtuose, modérément, de l’Etude numéro neuf en fa mineur de Chopin

 

(Bloy) « Tout ce qui n’est pas la Prière est illusion »

Il refuse l’idée de « deux races juives, celle de Jésus et celle de Judas ». Il a tort !

« la source de pissat d’âne qu’on est convenu d’appeler la Bonne Presse »

 

S         ybarite de l’ascèse par une façon de se réjouir de ses abstinences forcées

 

Gravir ses gravats

 

L’empereur Shirakawa : « Trois choses échappent à mon contrôle, les inondations du fleuve Kano, la victoire aux dés et les moines du mont Hiei »

En régime chrétien, cela donne les cinq choses que Dieu ignore : le nombre de congrégations féminines dans le monde, ce que pense une femme, ce que pense un jésuite, ce que va dire un dominicain au début de son homélie, ce qu’a dit un capucin quand il la termine

 

Dimanche 7 mai (électoral)

 

J’écoute sur « Radio Présence », avant d’aller voter, un prêtre qu’on interroge sur le quartier du Mirail : l’église y est à peu près inaccessible ; les musulmans pour leur commerce grouillent sur les lieux, obstruent ; ne payent aucune patente (au détriment des commerçants …chrétiens) ; les voitures obstruent. La police ? Elle constate, promet. Rien ne se fait. Mais, poursuit cet Assomptionniste, la vie associative est intense, il y a de bonnes relations avec les musulmans. L’émission s’achève par un extrait de sermon de saint Augustin sur le bon grain et l’ivraie qu’il ne faut pas arracher ; en laisser le soin à Dieu. (Sera-t-il plus efficace que la police ? Oui, dans l’autre monde).

 

Rue du Taur, trois gaillards gueulent, l’un d’eux exhibant une croix de bois, « repentez-vous »

 

L’humilité, qui ouvre à la confession de Dieu, dissipe le mensonge d’une prétendue « invention » de Dieu dont se pourlèche l’arrogante sottise des faux philosophes

 

Y aura-t-il un jour qui sera le dernier ?

Mon goût de vivre se dépense à le nier

 

La chair est triste hélas faute d’une autre chair

Que l’on caresserait jusque dans l’interstice

D’un sourire acquiesçant d’une œillade complice

Et ensemble un Salveensemble salve au clair

 

Y a-t-il une place en Enfer où ça ne chaufferait pas trop ?

 

Aimer le prochain comme l’on se hait soi-même

C’est nouvel Evangile et c’est nouveau saint-chrême

 

Novlangue : « Podcast, émission de radio ou de télévision que l’on peut télécharger depuis Internet vers un baladeur » (sic)

 

(Bobin) « J’ai profondément aimé jouer avec des enfants de mon entourage ». Pédophile !

 

Mardi 9 mai Toulouse-Sceaux

 

Au bord du ballast une kyrielle de coquelicots, baisers ferroviaires au voyageur de Dame Nature

 

Etais-je plus près de Toi hier dans mon désarroi ou dimanche dans la liesse torrentueuse du val d’Estours ? L’idée des maîtres spirituels que plus ça va mal mieux ça va est tout de même dure à avaler !

 

Direct Matin, poing quotidien dans la gueule du piéton

 

Un Tauler est un Terray de la varappe spirituelle. Il me terrifie.

 

« le choléra ecclésiastique » (Bloy)

 

La parabole du prodigue : aimer, l’affaire du cadet, hainer, celle de l’aîné.

 

Sept milliards, c’est l’illusion du dénombrement ; la vérité c’est 1+1+1 ….chaque fois unique

 

Une prière de pharisien : je Te remercie, mon Dieu, de ne m’avoir pas mêlé à la tourbe insane des fans du foot

 

L’évêque de Versailles, écrit Bloy, est « empoisonné de gymnastique »

 

« Le crétinisme du monde catholique a quelque chose de surnaturel et ressemble sacrilègement au Repos du Septième Jour »

 

Voilà 72 ans que je piétine dans l’ornière juvénile de mes douze ans

 

(Haïkaï )   Le journal ?   Je suis assez riche    pour m’acheter du papier Q

 

« Y en a marre ! »  cri de ralliement de la canardière

 

Mercredi 10 mai

 

(Bloy) « Pour montrer le mal avec précision, avec exactitude rigoureuse, il est indispensable de l’exagérer »    (Philippe de Néri) « Si vous tenez à tout prix à tomber dans l’exagération, exagérez en vous montrant particulièrement doux, patient, humble et aimable, alors tout ira bien »

 

« La Vérité », écrit Bloy, « doit être dans la Gloire. La splendeur du style n’est pas un luxe, c’est une nécessité » ; mettre l’Art, dont « le propre est de façonner des Dieux », « au service de la vérité »

 

Koan, mieux que Coran

 

« mais bon » …un bouchon que l’on enfonce dans la probabilité

 

En chaque âme, un abîme de mystère

Abyssus abyssum fricat

 

Celui qui croit que « celui qui croit qu’il y a des péchés qu’il ne peut pas commettre n’est pas chrétien » – maxime d’un prêtre aimée par Bloy – n’est pas psychologue

 

« ces chrétiens modernes qui tamisent l’Evangile »

 

Jeudi 11 mai

 

(Bloy) « nos évêques qui sont tous des lâches quand ils ne sont pas des Judas »

« cacogénaire »

« crétinisme complet voulu par Satan »

 

Dédicace de Bloy en décembre 1913 : « Gallia moritura te salutat »

 

(Pour une pub touristique)   Quercy    une autre façon de dire merci au Créateur

 

(Bloy) « Etranger à toute politique et contempteur vomissant du suffrage universel, le ridicule énorme de l’isoloirn’est pas pour me convertir à cette institution d’imbéciles et de chenapans. Je voterai cependant le jour où ma voix aura le poids de vingt mille voix, ce qui n’arrivera probablement pas demain matin. Omnia evomanda et cacanda ».

 

On lui botte le cul et il sourit aux anges

Cela lui fera-t-il gagner des indulgences ?

 

V endredi 12 mai

 

L’esquif de la Parole  le youpala des dogmes

 

Bobin veut sauver cette phrase : « La certitude d’avoir été un jour, ne serait-ce qu’une fois, aimé, et c’est l’envoldéfinitif du cœur dans la lumière »

 

Le temps est une grande illusion dont nous sommes les ombres éphémères ; notre seule tâche est d’accoucher de la vie éternelle, la sage-femme de cette parturition étant la     mère de Jésus

 

(Bobin) « La plupart des conversations d’adultes me laissent dans une nuit complète, mais parler avec un vieillard a du sens » ; les bébés « me bouleversent plus que n’importe quelle œuvre d’art »

 

Bloy cite Jeanne Peurabon : « Dieu, quand j’en parle, est mon pseudonyme »

 

Odon Vallet, à « France Info », hasarde que « la Vierge serait apparue à Fatima »

 

En août 1914 Bloy voit dans les Allemands une « vermine qui sera peut-être remplacée par une autre »

 

Péremptoire et sophiste à ses heures : la sainteté, lâche-t-il, « rien n’est plus facile » : Quaerite primum regnum Dei et justitiam ejus ». Mais cela est très difficile ! C’est comme interpréter sans faute et au mouvement la sonate mystique de Scriabine.

 

(Frédéric II)  « A la guerre, Dieu est pour les gros escadrons »

 

(Bloy) « Chaque fois qu’on jouit dans son corps ou dans son âme il y a quelqu’un qui paie » ; ou encore : « toutes les fois qu’on est heureux, il y a quelqu’un qui paie, et /…/ toutes les fois qu’on souffre, on paie pour quelqu’un »

Il cite Viviani : « La jeune génération catholique, nous l’enterrerons dans les tranchées »

 

Samedi 13 mai

 

On vous fait flairer le thé avant de vous le vendre comme le candidat au Palais Bourbon vous parfume de l’encens de son programme. Le thé une fois en tasse, le type une fois en place, il n’y a plus d’arome, plus de goût

 

La radio chrétienneen ce jour anniversaire de Fatima s’intéresse à la brouille débrouillée entre Bayrou et Macron. Mêler ces imbéciles à l’Apparition mariale !

(Une toile d’Arcabas, Réconciliation, représente deux hommes qui s’étreignent, l’un tout abandonné, l’autre encore sur la réserve et la tête dans le cirage : lequel est Bayrou, lequel Macron ?)

 

(Bloy) « à une certaine profondeur déterminée par le gisement des grands morts, on est bien forcé de rencontrer la Solidarité universelle qui nous est cachée par le mensonge social »

 

Dimanche 14 mai

 

Bloy dénonçant « tous ceux qui /…/ prétendent gouverner les autres en les contraignant à voir ou à penser comme ils voient ou pensent eux-mêmes, sans aucun égard pour la vocation particulière dévolue à chacun de nous »

Le succès, « un diplôme de médiocrité ou un certificat d’ignominie »

« il n’est donné à aucun homme de connaître sa propre histoire »

« tu ne sais pas le nom de ton âme, et par conséquent tu t’ignores toi-même d’une ignorance infinie /…/ »

« Vous pouvez savoir qui vous engendra, mais sans une révélation divine, comment pourriez-vous savoir qui vous a conçu ? Vous croyez être né d’un acte, vous êtes né d’une pensée »

les « marchands de soupe théologique »

 

En manière de dédicace à Maritain Bloy cite Jérémie : « onager assuetus in solitudine »

« La France », aurait dit Mélanie, « est assassinée par ses évêques »

 

(Bobin) « Dans les yeux tout ronds des tout-petits, il y a une confiance qui n’est pas encore entamée /…/ c’est ça qu’on peut retrouver chez un homme très âgé /…/ »

« Ce ne sont pas les poètes qui donnent la plus grande lumière, mais ceux qui ont aperçu une lumière plus grande que la poésie »

 

Si c’est un merle qui entonne   l’alléluia   aura des ailes

 

La lettre tue, c’est écrit dans le Nouveau Testament qui demande ainsi de n’être pas lui-même pris à la lettre

 

Bobin oppose à Lipatti qui joue avec le cœur – collier de notes inaltérables – Gould qui fait « tomber les perles du collier dans un désastre glacé »

 

Pour Heidegger, Nietzsche est le « dernier philosophe allemand à avoir cherché passionnément Dieu », « après Hölderlin, le seul croyant de son siècle »

 

Lundi 15 mai

 

La joie inénarrable de se taire en Dieu

Et Lui dédier ce lai de silence radieux

 

(Bobin)  « l’art double de la plus grande proximité et de la distance sacrée »

 

Contrebandier de l’amour dois-je dissimuler mes larcins ?

 

(Heidegger en 1950) « la sphère du politique /…/ est elle-même mise depuis longtemps hors-jeu par d’autres rapports d’être et mène une vie illusoire » ; quant au journalisme, il est une « manière organisée de déshonorer tout ce qui est langage »

 

Husserl d’Edith Stein : « en elle tout est vrai »

 

Mardi 16 mai

 

A Radio Présencel’annonce d’une présentation au Musée du Vieux Toulouse de lettres de Saint-Exupéry provoque ma lecture de quelques répliques du petit prince et du renard.

Pouvais-je espérer un meilleur cadeau d’anniversaire ?

Encouragé j’appelle à Buzançay le Collège de l’Immaculée Conception. Vainement.

 

Il fait bleu dans le ciel bleu de mes yeux

 

Je me préfère nu qu’orné de dalmatique

N’est-ce pas le ressort de ma secrète éthique ?

 

« Je ne suis pas fait pour ce monde » : mais, Bobin, quand on a publié plus de quinze volumes chez Gallimard, il y a au moins cette présomption  que le monde ne vous va pas si mal

 

Un vœu : sourire en mourant

 

Mercredi 17 mai

 

Une pointe de joie  on dirait comme    une pointe d’asperge

 

(Bobin) « Un minuscule caillou contient tous les royaumes », c’est aussi bien dire que chacun de nous est toute l’humanité, chaque catholique, comme le pensait Bloy, toute l’Eglise

« Toute notre vie n’est faite que d’échecs et ces échecs sont des carreaux cassés par où l’air entre »

 

Jeudi 18 mai

 

(Bobin) « Chaque jour a son poison et, pour qui sait voir, son antidote »

« L’âme est une pierre détachée d’une montagne de lumière. Elle roule jusqu’à la vitre noire de la mort qu’elle fait voler en éclats »

 

Vendredi 19 mai

 

Une fois qu’on est pris dans la chausse-trappe d’être né il n’y plus qu’à attendre l     dernière heure    résigné

 

Dire que la vie est belle c’est au moins lui conférer la beauté de le dire

 

 

Nu  ce tout petit mot inerme   comme un lombric  on n’ose en user sans l’atténuer d’un adverbe intensif : tout nu

 

(Bobin) « Il y a toujours dans un livre, même mauvais, une phrase qui bondit au visage du lecteur comme si elle n’attendait que lui »

 

Samedi 20 mai

 

(Bobin) « Il y a la mode et il y a le ciel, et entre les deux, rien », mais « il y a des modes de tout, même du ciel »

 

Laisser goutter le jour seconde par seconde    En implorant le Ciel qu’il seconde le monde

 

Mourir comme un caillou plonge dans un étang

Quelques ondes de choc puis les risées du vent

Le faire-part serait un trille volatil

Le cercueil un nuage rose ainsi soit-il

 

La pudeur masculine ne viendrait-elle pas de la découverte pubertaire que l’élan d’amour est normalement, vulgairementforcé (conduite forcée) vers une vulve ? Alors on cache son sexe pour se cacher ce désarroi

 

Oubliant que Patricia venait exceptionnellement ce matin, j’ai produit un branlebas de combat, un tocsin de sinistre.  Patricia a alerté Jean-Pierre qui a alerté Marie-Thérèse qui a alerté Colette. Ce pendant j’étais à la messe, tranquille comme baptiste, et aux emplettes, gai comme un pinson. Trouvant sur mon appareil de téléphone au moins sept appels je me suis effrayé …de l’effroi que j’avais causé.

 

Entre berceau et tombeau   quelques loisirs    péter et rouspéter

 

Rue Alsace-Lorraine une fillette agite ses menottes ; comment donc ne pas chantonner : « ainsi font font font … » ; puis, emballé, je continue avec « une souris verte qui courait dans l’herbe … » Préférer les comptines au bel canto, quelle indécence culturelle !

 

(Bobin) « On nous tue à force de nous distraire ».

Terrorisme festif. L’attentat du Bataclan : ilsattentaient à un attentat

 

(Bobin) « Les vieillards sont des livres saints d’os et de chair »

« Le grand âge est le tambour voilé de Dieu »

 

« Souviens-toi de te méfier », signé Epicharme

 

Tout près d’Oran, Onan.

Onaniste plus qu’oranais ? Onan m’aura exclu d’Oran

 

Dimanche 21 mai

 

Bobin voit dans « Ils ne savent pas ce qu’ils font » la parole la plus intelligente jamais dite. Valéry n’en pensait pas moins.

 

Que ce soit garçon ou fille   Suffit que ce soit petit

On se prend à cette vrille   Puérile et l’on sourit

 

Mon chansonnier d’émerveillé se compose d’une seule note tenue : ah !

 

Ce banc était si seul que lui offrir l’accointance de mes fesses me parut un acte de charité.

(Une rose s’étouffait dans un interstice de ses lattes).

 

Le Tasse, avant Ninon : « Mes amis, vous me croyez laisser ; je vous précède »

 

Lundi 22 mai

 

(Bobin) « Ecrire comme on taille une branche pour en extraire la flèche qu’elle promettait »

 

L’acte de foi d’avoir foi en ceux qu’incendie la foi

 

Me demander d’aimer Jésus ou Marie ou Joseph de sorte que je sois en mon cœur de chair comblé, c’est aussi absurde que de demander à un embryon d’être gracieusement affecté par le bruissement mondain sub solede la surface sociale

 

Avoir foi en la foi de ceux qui ont foi et en Toi, Jésus-Christ, qui a foi en moi

 

L’Etre et le néant, eau de vaisselle de Sein und Zeit ?

 

Dieu, dans l’échancrure de l’Etre ?

 

Mon impudeur (discrète) est due à la négligence qui m’a fait manquer la puberté

 

Le site de « la roche d’or » me donne ceci, de FlorinCallerand : « Dieu n’a pas d’habitude ! Il bouge tout le temps, et nous devons toujours être en avance sur notre propre devenir »

 

Cet égueuloir d’enfants ludiques   Que l’on appelle toboggan  Egaye les aires publiques  Mais on n’y veut pas d’hooligans

 

Mardi 23 mai Seix Oust

 

Les deux petits yeux de cette musaraigne dans son trou de mur    elle me regarde je la regarde   instant éternel

 

Mercredi 24 mai Cagateille

 

Au gîte d’Escolan Mr °° me donne à choisir entre maintes saveurs d’infusion et m’apporte la bouilloire afin que l’eau bouillante ne me fasse pas défaut. On imagine mal plus de délicatesse.

 

Jeudi 25 mai   Etang d’Alate

 

Assister à l’agonie et à l’abolition complète dans l’étang d’Alate d’un petit bloc de glace détaché d’un névé fut le cœur brûlant de ma journée de rocailles ; il s’en vint mourir au bord, implorant de moi un secours qui eût accéléré sa perte, ma paume de plantigrade étant plus chaude ô combien que l’eau de l’étang

 

 

On peut se rouler comme un ruminant dans la poussière des mots

 

Une piété faite de peur    C’est pas ça que Tu veux, Seigneur !

 

La panne. Comment sur l’aire de péage quatre hommes m’ont secouru. Chloé a pu repartir et alternant, par un phénomène qu’il ne m’est pas interdit de juger miséricordieux donc miraculeux, le  rouge de l’alarme et son extinction, m’a dissuadé, contre l’avis de mes Samaritains, de quitter la voie de grande circulation où nulle aire de service n’offrait refuge et n’a expiré qu’au Capitole, dans son garage, me laissant chez moi.

Mécanique et miracle. Ma certitude que quelque chose de mon âme a transpiré dans ma  voiture (Chloé !), que mon Ange en la circonstance, est intervenu, résisterait à la plus méchante ironie, au scepticisme le plus détergent.

 

(Dhôtel) « Il ne se sentait pas mûr pour cette solution désespérée qui consiste à adopter un mode de vie normal »

 

Samedi 27 mai

 

Chacun a droit à ses fioretti : même un être aussi embourbé en bourgeoisie que moi a, s’il y songe, les siens ; l’épisode de la panne, hier, en est un ; aussi le sourire confiant, radieux, au coin du Capitole, d’une  toute petite fille ; mardi le museau de cette musaraigne qui au fond de son trou me fixe de ses petits yeux

 

Madame de Gironde appelait ses amants des « mourants »

 

Dans un musée je visite les visiteurs

 

Le sacrement de n’entendre rien à rien me fut tardivement conféré ; ainsi ma longévité trouva sa justification

 

Tant de livres dans mon antre sur tant d’étagères. J’aurai absorbé tout ça ? J’imagine, sur le modèle de la bibliothèque, un garde-bouffe où l’on pourrait consulter tous ses repas. Mais Descartes se garde, pas l’omelette.

 

Dit autrement : tous ces livres dégobillés ! Imagine sur un vaisselier, pareillement rendues, toutes tes agapes

 

Voyager, c’est « voir le diable habillé de toutes les façons », notait Lemaistre de Sacy

 

Quand Bobin assure qu’il nous suffirait d’habiter l’instant dans sa plénitude pour que la mort ne trouve plus notre porte, il semble disciple de Husserl

 

Dimanche 28 mai

 

 

 

Les actualités, c’est moi, dit en son hôpital la maman de Christian Bobin

 

« Leurs paroles étaient faites de morceaux de monde ajustés n’importe comment. Parfois les carreaux de céramique blanche de la convention se décollaient, laissant apparaître le fabuleux rougeoiement des âmes – ce qu’il y a en chacun d’inconsolable et de grand »

 

« A chaque instant, à deux doigts d’un miracle »

« L’écriture est le doigt qui montre le miracle »

« L’écriture est un mendiant qui donne une pièce en or à chaque passant ». Oui, Bobin, mais 1) ce n’est souvent que du chrysocale, 2) le passant donne lui aussi, ses yeux, son temps

 

 

 

 

 

Lundi 29 mai Toulouse-Arles

 

Sur le quai d’une attente indûment étirée un moineau quêteur sautille vers mes pieds. Je ne peux le satisfaire fût-ce d’une miette, c’est lui qui me gratifie du petit miracle de sa présence, un bref instant, assez pour que stagner  me devienne saveur

 

Tenir chronique du miracle quotidien

Ça devrait être le souci d’un bon chrétien

 

Mardi 30 mai

 

« c’est n’être en aucun lieu que d’être partout » (Montaigne), « quisquis ubique habitat, Maxime, nusquam habitat » (Martial)

 

Mercredi 31 mai

 

« mais bon » : cette locution proférée mezzo voce invite à entrer dans un nuage de conjectures ou une brume de résignation apaisée

 

Quelques gouttes de temps pur    Dans un hanap de prière    Font ce que ne saurait faire     Toute la littérature

 

Jeudi premier juin

 

Avoir tout lu des bons auteurs   Ne pas savoir soi-même écrire    Chassé par tous les éditeurs      Faut-il chialer ?  Que non ! En rire !

 

L’agitation d’une pie sur une plate-bande est motif suffisant pour une herbivore hilarité

 

Samedi 3 juin

 

Petites confidences gloussement d’eau  gloussement d’oiseau

 

« tu peux être en paix avec ta peine »  murmure une tourterelle

 

La douleur est le seuil de l’Incommensurable

L’avoir dit est dictame assentiment du cœur

 

Que ton cri soit le cric qui te hisse plus haut

 

Le désir, on risque de s’empaler sur, mais on peut s’affûter à sa pointe

 

(Cicéron) « sed saepe etiam tristes firmitate et constantia sunt beati »

 

On se pelotonne dans l’inadvertance pour ne pas méditer les avertissements et mûrir les décisions

 

Dimanche 4 juin

 

Tandis que je m’éprouve en phase terminale

Pour quelques nouveau-nés commencent les annales

Ils sont au tout début d’être ces hébétés

Moi dans la triste imminence d’avoir été

 

(Hugo) « les bêtes sont au Bon Dieu Mais la bêtise est à l’homme »

 

Un innocent condamné à mort échappe à la décapitation grâce à une coccinelle  qui se pose sur son cou, chassée par le bourreau récidive jusqu’à ce que celui-ci se ravise. Le roi Robert II use alors du droit de grâce, convaincu d’une intervention divine.

 

(Hymne homérique à Apollon)  « Les mortels vivent dans l’égarement et ne sont même pas capables d’inventer un remède à la mort »

 

Toi qui n’auras aimé que des ombres d’ados

Et rétif à l’horreur de prendre la casaque

De tes pairs les barbons leur as tourné le dos

Tu ne mérites vieux lardon que les Cosaques

Et sans le Saint-Esprit ô traître à ton Credo !

 

Un peu de bleu entre les nuages   un coin de  villégiature pour le soleil

 

Sommeilleux randonneur      quel frai d’étoiles   dans ton havresac ?

 

Mercredi 7 juin

 

(Hölderlin) « La beauté n’est dévolue qu’aux enfants, Est de Dieu l’image même, peut-être »

 

(Broch) « le sourire abrite le divin »

 

« il faut absolument voir », on entend, on lit sans répit cette indécente, cette niaise injonction des médias ; c’est l’absolu traîné dans les caniveaux du mercantilisme et de l’arrogante subjectivité

 

Empilement des livres. Leur écrabouillement sous le poids des derniers parus. Peu à peu tout devient une houille ou une huile minérale dont l’extraction est réservée à quelques érudits dont les travaux à leur tour sont enfouis dans le magma liquide ou charbonneux.

 

L’Univers est le ventre dont il faut s’extraire pour accéder à la gloire divine

 

Le ton de la fraternité universelle, c’est l’étonnement à tout visage humain quel qu’il soit même si le défigure l’atrophie spirituelle

 

(Trakl) « … « étrangement repris par la chrysalide  De son enfance »

« la voix de jacinthe de l’enfant », ou « la voix d’hyacinthe de l’adolescent »

 

Gaie  si gaie    la lumière que retiennent    les rideaux dans leur pli

 

Dans Les Suppliantesle roi d’Argos s’étonne et s’inquiète : « Je vois /…/ d’étranges fidèles –neon  th’omilondevant les dieux de ma cité. Puisse la cause de ces concitoyens-étrangers – astoxenôn – ne point créer de maux ! » ; puis il s’écrie : « Me garde le Ciel d’ouïr Argos me dire un jour  /…/ : Pour honorer des intrus, tu as perdu la Cité » – epèludas timôn apôlesas polin »

 

O ma joie   bloc d’azur    dans le limpide gisement    de juin

 

Vendredi 9 juin

 

En France l’exploitation des gaz de schistes est interdite, non celle, à mon avis plus sûrement néfaste, des gaz de gauchistes

 

Mon camarade Pierre Nora, en académicien, semble pris dans une pâte de fatuité.

Avec quel dédain toiserait-il le myrmidon que je suis. Mais que ridicule il me paraisse, voilà qui le réduit à quia

 

(Althusser en 1967) « Staline peut être tenu pour un philosophe marxiste extrêmement perspicace »

 

(Bobin)  Une obsession … « C’est avec ça qu’on fait un écrivain »

 

Heidegger met en valeur les « amis de l’essentiel » -die Freunde des Wesentlichen »

« La pensée n’est pas pour la publicité, pas pour l’érudit et ses esclaves, pas pour la personne en l’homme, pas pour la culture, pas pour la science, pas pour la philosophie, pas pour les pensants, la pensée disparaît en sa pensée  C’esten faveur de l’être (Seyn) »

 

Samedi 11 juin

 

Jouer au pharisien pour se laisser humblement rabrouer

 

Arcabas, « n’ayez pas peur », écrit sur un panonceau que tient sa fillette devant la Croix

 

Le trèfle à quatre H de la miraculeuse pensée allemande : Hölderlin Hegel Husserl Heidegger

 

Et l’on devient si vieux      que le deuil d’aimer d’être aimé      s’attendrit

 

Ma note d’excellence se balade entre 0 et 20. Au-delà c’est un adulte : recalé.

 

 

 

(Serge Pey)  « Je ferai mon métier d’enfant »  « J’ai décidé : mon enfance est infinie »

 

A madame °° qui avoue un coup de cœur pour les strobilanthes une lectrice riposte : « je n’aime pas les fleurs qui ont un aspect chiffonné »

 

Bobin ne voit pas les hommes, encore moins les pères, encore moins les maris, « je ne sais voir que les femmes et les enfants », moi, que les enfants

 

Soulever le domino des dogmes pour entrevoir le sourire de Dieu

 

La tristesse basse continue   et la joie aile à perpétuité

 

(Celan) « Je ne vois pas de différence de principe entre une poignée de main et un poème »

Vs la salutation bouddhique, gasshô

 

Les cinq H de la pensée allemande : Hegel, Haeckel, Husserl, Heidegger, Horkheimer ; Etty Hillesum est au féminin la H qui les abat

 

 

 

Douze juin

 

La LGBTise fait rage

 

Est-ce le rose soupir du printemps expiré que chante à l’orée du jardin royal le chitalpa de Tachkent ?

 

Faire de poésie prière ou de prière poésie : pieux ou perfide détournement

 

Mon idée d’au moins deux portées de la Gesinnung, je la trouve dans la strophe VI du poème Heimkunft : « le souci /…/ qui venait sous la joie » – die unter das Freudige kam ».

 

Energies renouvelables ? Oui : la Centrale Thermique des psaumes

 

La catastrophe de l’Umma condensée en ce bref dialogue entre moi et le peintre Mounir qui restaure les murs de ma chambre : -« Jeûne du Coran …dur en été …pas bon pour la santé ! – On est obligé ». A quoi je rétorque sur un ton modéré : « C’est à chacun de décider s’il veut ou non ». A quoi il n’y aura pas de réponse ; ça excède le champ islamique de réflexion.

 

(Desproges) « Quand on est plus de quatre on est une bande de cons. A fortiori, moins de deux, c’est l’idéal ».

Mardi 13 juin

 

Certes, il y a du courage à défier Dieu (don Juan) mais il y en a plus encore à se démettre de ce courage – qui est une armure caractérielle – et à entrer nûment dans la vérité de la supplication

 

Un être aimé c’est un objet transitionnel qui facilite l’accès aux prochains, qui permet la sociabilité, qui permet aussi un réel intérêt pour les œuvres d’art – toucher avec émotion une chair  vive habilite à toucher avec émotion un marbre de musée

 

Efflorescence de mes maybe  Vont-ils s’ouvrir en surely ?

 

Le coq  accrêté   les dentelures de son cri coruscant

 

Mercredi 14 juin

 

« – ça, c’est quoi ? » demande, doigt dressé, le môme « -Un tricératops », répond le père. Par saint Triphylle qu’on fête aujourd’hui dans l’Eglise tridentine, quel effet cette claire réponse a-t-elle pu produire sur ce petit savant en formation ?

 

Endosse le complet de ton présent, il est taillé à ta mesure

 

Mon flacon d’ail noir est enrubanné de la consigne : « Soyons la meilleure version de nous-même »

 

Entendu à « France Culture » : « s’avérer faux ».

 

Danger du succès : on ne sait plus jouer qu’en clef de fat

 

Jeudi 15 juin

 

Les démarcheurs – Sébastien et Sébastien – me persuadent que je cours avec mon vieux boîtier électrique de graves risques d’incendie …imminents ? Ah oui ! Puis-je attendre l’automne ? Je ne vous le conseille pas. Mais leur apprendre que je compte, pour éviter tout sinistre, sur mon Ange gardien, les déconcerte, les laisse désemparés. Comment ébranler ma confiance dans le surnaturel ? Leur dialectique commerciale ne les a pas préparés à ça.

Sebastian im Traum : le poète Trakl pressentait-il cette sorte de Sébastien ?

 

 

 

« Si ta main t’entraîne au péché, coupe-la ». Eh ! Laquelle ? Mieux vaut la droite, je pourrais jouer le Concerto de Ravel pour un manchot ou la transcription par Brahms de laChaconnede Bach. Mais, réflexion faite, je choisis la géhenne, et avec elle tout le répertoire.

 

De quoi guérir dit-on sinon d’être moi-même ?

Mais pour aimer autrui faut-il pas que l’on s’aime ?

 

Bilboquet mental : on lance un mot –étier-, on tente de l’enculer sur une idée

 

A tout moment ce peut être un dernier moment

On le dit on le sait est-ce un divin ferment ?

 

Le jeune Louis XV pleurait au pot

 

Samedi 17 juin

 

Quelques roucoulements de ramiers ourlent le jour  Le bleu prend des intensités lourdes de solstice

Tu n’es peut-être Seigneur que mon élan vers Toi

Un mot – Seigneur– que je profère selon le rite

Oh combien cependant j’ai désir que Tu sois

 

Pierre Nora   sous ses plumetis d’académicien  grelottant de vanité

 

Une parole de Toi Seigneur  qui défasse toutes mes paroles

 

Dimanche 18 juin

 

Oui j’ai besoin d’un petit garçon pour mes cinq pains et deux poissons

Et je pourrais alors Seigneur n’être pas ménager de Tes dons

 

(Bobin)  « Prouver est un désir de savant ou de policier. Accueillir est un désir d’amoureux ».

 

Le babil du Caporal Opinion rend inaudibles les silences du Colonel Bramble

 

Notre colloque Arland, en Lagast, est annoncé dans la « Voix de la Haute-Marne » : six thématiquesseront abordées

 

Une dame merle se balance sur un souple fil blanc, troque un instant les oscillations contre une pause sur un pieu, se repose sur le fil où elle se montre fort attentive à la chansonnette dont je la régale

 

Benoît XV, sur la guerre 14-18 : « suicide de l’Europe civilisée » ; cette cruelle vérité aura été assénée à Teilhard par Jean Boussac. (Lire Paul Christophe).

 

(Abbé Mugnier, Journal, 8 octobre 1915) « Le patriotisme est aujourd’hui plus que la religion. On place l’humanité au-dessous de la patrie, c’est-à-dire ce qui est naturel au-dessous de l’artificiel. C’est que le patriotisme permet la haine et l’humanité non ! »

 

Lundi 19 juin

 

Un pan de mur cogné par un soleil violent

Toise  une cour humide  où fermente un relent

Dans le ciel s’évanouit une lune livide

Qui suis-je ? Pâle lecteur des Tristesd’Ovide ?

J’ai plus de confiance en mon ombre qu’en moi

Ah ! que ne suis-je au haut d’une roche un chamois !

 

Plutôt ? disait Thérèse  ora et labora

Labora et ora  rien d’autre ne vaudra

 

Le jésuite Valensin disait : « Un cœur large comme le monde, voilà le jésuite », à quoi il opposait « le nationalisme étroit et mesquin »

 

Mardi 20 juin

 

Le rire graveleux de qui a forniqué

Se pimente parfois d’un soupçon de chiqué

 

 

 

Longuement zyeutée une paire de jambes

Et le zizi dans sa caverne entr’aperçu

Pénétrer ? Rien qu’à l’œil rien qu’en toute innocence

Je l’aimai presque et qu’importe s’il ne l’a su !

 

Mercredi 21 juin

 

Tout ce qu’il faut pour être heureux    il ne lui manque que le bonheur

 

Gassendi à Descartes : « O âme ! »  Descartes à Gassendi : « ô chair ! »

 

Vendredi 23 juin

 

Instants d’adoration durs comme des bétyles

Et dressés dans le vide ou l’événement pur

D’un Dieu caché qui dans la  montrance se livre

Et rien n’a lieu que Ton amour Seigneur Jésus

 

Heure d’adoration pleine dense dorée

Pieuse endurance et pressentiment de l’orée

 

Raphaël, ange gardien de l’empire persan, note Voltaire

 

(Proust)  « Il n’est pas en effet d’exil au pôle Sud, ou au sommet du mont Blanc, qui vous éloigne autant des autres qu’un séjour prolongé au sein d’un vice intérieur, c’est-à-dire d’une pensée différente de la leur »

 

Samedi 24 juin

 

Gaieté lugubre des amateurs de décibels

 

Acharnement thérapeutique, une des formes du sadisme

 

(Nietzsche) « Le christianisme a fait boire du poison à Eros ; il n’en est pas mort, mais il en est devenu vicieux »

 

Tu ne peux, tu ne sais prier, cependant tu ne peux te dispenser de la prière

 

(La Prisonnière)  le « goût sexuel /…/ l’on ne sait pas jusqu’à quelles perversions il peut arriver quand une fois on a laissé des raisons esthétiques dicter son choix »

 

Dimanche 25 juin

 

Il est des pré artistes comme il est des pré alpes

Ça ne monte pas haut mais c’est mieux que l’asphalte

 

Je dis aux garçons ce que Baudelaire dit aux petites vieilles à la dernière strophe de son poème

 

 

Je suis à l’égard de l’écriture ce qu’est le labrador à l’égard de la parole articulée

 

Son cartable à bretelle accrochée à son dos

Tourne au coin de la rue un charmant jouvenceau

 

(Mozart à son père) « Quand tu seras vieux je te mettrai à l’abri de l’air, dans un bocal, pour te garder toujours près de moi et continuer à te vénérer »

 

Mardi 27 juin  Vercors

 

 

Que fait entre les rocs le Furon ? Il furète

Stupide trait d’esprit ? Non, mot d’anachorète

 

Julia Kristeva, Etrangers à nous-mêmes, cite Paradiso, chant XVII : « au point qu’il te sera beau d’avoir fait de toi seul ton parti », « si che a te fia bello  averti fatta parte per te stesso »

 

Dans l’Utopiede More, c’est Raphël Hythlodée qui est le personnage central. A propos de More Julia  dit : « Soyons de nulle part, mais sans oublier que nous sommes de quelque part »

 

(Tusculanes)  «patria est ubicumque est bene »

 

(Genèse)Abraham à Loth : « Si tu vas à gauche, j’irai à droite, et si tu vas à droite, j’irai à gauche »

 

Régime ferroviaire français : quand les trains ont du retard, c’est du mécanique ; quand ils sont à l’heure, c’est du miracle

 

On acquiert en vieillissant qui qu’on soit étant soi-même caricatural un talent de caricaturiste

 

Une botanique (érotisée) des jambes nues, ces tiges attractives à la pilosité variable s’exhibent, sans que soient toutefois visibles les organes reproducteurs, entre le solstice d’été et l’équinoxe d’automne

 

L’article II de la Déclarationstipule les droits de liberté, de propriété, de sûreté, de résistance à l’oppression

 

Dans un fourreau de feuilles multilobées un gros bourgeon de cumulus orageux laisse poindre un rien de rose

 

Mercredi 28 juin

 

(Bernanos)  « La France meurt /…/ d’une intoxication de mensonges »

« j’assiste rarement aux conférences, c’est bien assez d’écouter les miennes »

 

Mozart fut le septième, marqué du septième sceau du succès. Que peut-on dire de ses frères ou sœurs qui n’auront jamais pu dire « ah vous dirai-je maman » ?

 

« forme perverse de charité affective » (Michel Crépu)

 

Jeudi 29 juin

 

Pour les féministes :

Cavafy cite Shakespeare : « Sigh no more, ladies, sigh no more  Men were deceivers ever »

Meredith cité par Valéry : « more brain, o Lord, more brain ! »

Desproges : « La femme est assez proche de l’homme, comme l’épagneul breton. A ce détail près qu’il ne manque à la femme que de se taire. »

 

J’aurais aimé que s’ouvrissent des lèvres dans le ciel pour un sourire plus beau que le bleu du ciel

 

Une goutte de temps que dépose une cloche dans l’orbe de l’attente éternelle de Dieu

 

Ecrire des petits poèmes qui soient sur la page blanche comme des petits cumulus de beau temps dans le bleu du ciel

 

(Bernanos) « Quand je n’aurai plus qu’une paire de fesses pour penser, j’irai l’asseoir à l’Académie »

 

Vendredi 30 juin

 

Le temps : accéléré quand on écrit, ralenti quand on prie

 

Ecrire, un succédané de la prière pour des natures faibles, sujettes à l’énurésie mentale

 

Dimanche 2 juillet

 

Ce qu’est le soleil selon la science   Se profère en de doctes assises    Ce qu’est le soleil selon le chant   Cela fleurit en François d’Assise

 

Songe d’Attali : « L’euthanasie sera un instrument essentiel de nos sociétés futures »

 

Débarrasser la terre     Des indécemment vieux

Couperet cimeterre ?    L’euthanasie est mieux

 

Lundi 3 juillet

 

Y aura-t-il un jour après lequel il n’y aura plus de jour ?

 

(Attali) Après soixante-cinq ans un homme n’est plus productif.

Falstaff !

 

Des nuages d’après le « mauvais temps », comme endimanchés, en vacance, épris de se bronzer

 

Mardi 4 juillet

 

Il ne suffit pas de se croire humblement inférieur aux autres pour ne l’être pas

 

De Gaulle fut un Don Quichotte qui se pavanait pour une France défunte

 

Mercredi 5 juillet

 

Il m’aura phallu dans mon antiquité tardive coupler Paul de Tarse avec Straton de Sardes

 

Mon petit robin raconte sans phrases au-dessus de l’urinoir sa dégouttante petite histoire, et incontinent je pense au pipit spioncelle

 

Ce plumet mauve en forme d’écouvillon, rappelant un peu la célosie plumeuse (ma botanique est approximative), c’est l’agastache. Joie de me remémorer ce mot rare. De quel poème le sertir ? De quelle tache sera-t-il la rime léonine ?

 

Franz Brentano : La psychologie du point de vue empirique  donne Husserl

Signification multiple de l’étant chez Aristotedonne Heidegger

 

Jeudi 6 juillet

 

Un lac de tuiles sur lequel       Frêles esquifs tanguent pigeons  Mais gare au grain ! Rose du  ciel L’orage gonfle ses bourgeons

 

Au fond il suffirait que le voyant rouge s’allume que se détraque le petit boîtier de la poitrine c’en serait fait en douce   pour jamais    de la douceur

 

Je les préfèrerais saignants à cuits à point

Mais le grand Pourvoyeur ne m’en présente point

 

Incarcéré dans cette vie mourante

Je ne sais plus à quel rien me vouer

A d’autres les roueries d’un duc d’Otrante

Ma ruse être candide et Dieu louer

 

Vendredi 7 juillet

 

Jean-Pierre (Millecam)   « Pour moi, écrire, c’est prier ». Mais non ! Prier et écrire sont deux actes inconfondables. La prière honteuse, inavouable de l’écrivain est une électrolyse : « lisez-moi, lisez-moi ».

 

L’été fond sur moi encore une fois tel une bête de proie   mordu lacéré dévoré   aux Ides de septembre que serai-je qu’une joie cendreuse un deuil de brumes        jusqu’au prochain juillet

 

Comment ça se passera, au dernier soupir ? Que cette question me travaille, cela n’indique-t-il pas que la fin se fait proche, et que pointe l’esquif de Caron ?

 

Au nard le chien préfère l’excrément  Je ne peux lui en faire compliment    Mais lui fais-je reproche d’aboyer ? Il est ainsi que moi contraint de payer  Son écot de façons d’être au Destin  Cris saccadés moi c’est le baratin

 

Toulouse   Quelques tuiles de toit bien imbriquées et l’on peut voir la mer en rose

 

Au Rondon Marcel Arland voit « trois peupliers au corps nu, trois adolescents ». Il cite K. Mansfield : « Une des raisons pour lesquelles on écrit : il faut qu’on déclare son amour »’, et corrige : « la raison fondamentale ». Celle-ci écrit aussi : « Au fond, tout au fond, tout est bien »- et il ne corrige pas.

 

Dimanche 9 juillet

 

Débat entre les Iniakas et les Aquoibons

 

Où tu n’attends plus rien où plus rien ne t’attend

C’est là qu’il faut planter la tente de l’attente

 

Il n’est de réponse topique à la question du mal que de supprimer la question

 

Les dogmes, ce sont les arêtes du poisson ; il les faut pour que tienne la chair mais elles sont incomestibles

 

Quand aux mélismes d’un merle répondent les hurlements d’un môme on se fait une piètre idée de l’espèce humaine

 

Lundi 10 juillet

 

Un nuage gris foncé en forme approximative d’épagneul sollicite mon regard et ma verve mais à peine ai-je saisi ma plume il s’éclipse se perd en vapeur superflue

 

Orage    ciel au vocatif

 

Tout est bien Même quand tout va mal

 

Mardi 11 juillet  Bolquère

 

Dans l’ajour du jour deux fillettes  coiffées d’un délicieux bibi

 

Eau des fontaines     potable pas potable on peut papoter sur     Qu’importe on ne la boit on l’écoute plus sûr

 

Jeudi 13 juillet  Lincou

 

La voix de jacinthe d’un jeune adolescent

Tant me remue hélas ! j’en suis convalescent

 

Enculées sur des pieux des bouteilles de plastique tremblent à la brise, le léger bruit qu’elles produisent suffira-t-il à protéger ce potager des passereaux ?

 

(Judrin) « Tout nous manquerait dans un Dieu qui ne fût personne »

(Le beau dieu Tout du panthéisme est un dieu de rien)

 

Samedi 15 juillet

 

Petite vie abat grand vent

 

Ces nuages tels des tifs coupés jonchant le céleste parquet

 

Pédophilie, islamophobie, homophobie, fascisme, racisme… Une pandémie de présomption de culpabilité

 

(Arland)  « l’instant où tout se tait en moi, où je m’oublie enfin pour me confondre exactement avec le paysage »

Je ne peux

 

Quand on est dans le marasme  Regarder un peu le ciel   Et la forme des nuages   Le marasme devient miel

 

(La Bruyère) « C’est une grande difformité dans la nature qu’un vieillard amoureux ».

Mais dans la surnature ?

 

Lundi 17 juillet

 

« Lisez-moi lisez-moi »   pandémie de mentale mendicité

 

Une émission littéraire laisse dégoutter des « problématiques verniennes » ; une autre, à propos de Jane Eyre : « thématique de la rédemption »

 

Mercredi 19 juillet  Villard

 

Ces vies de femmes qui finissent à la traîne d’un  chiwawa

 

A l’octave du cœur le cri se cogne au roc

 

Sud Vercors   un accordéon de monts chauves

 

La foi parfaite laisse les preuves à Dieu

 

La treille de la détresse mûrit ses grappes de larmes sèches

 

Assez de santé pour être confortablement malheureux

 

Vendredi 21 juillet

 

Je ne crois plus à rien mais je crois tout de Toi

Seigneur viens au secours de mon manque de foi

 

Peux-tu encore te blottir dans un nid de mots consolateurs ?

 

(Mounier) « L’événement sera notre maître intérieur »

 

Et si le mot amourme devenait odieux   à force de l’avoir attendu hors le mot ?

 

« Je suis avec vous », dit-Il ; le Pape François l’assène ; mais cela exclut-il, Seigneur, quelque autre avec ?

 

Samedi 22 juillet  Villard

 

On se fait peu à peu une gueule pareille à celle de la Gueuse

 

Quel passereau ténu cisaille   l’humide sous-bois de son chant ?

 

La certitude est le tissu de Pénélope Il le faut remailler matin après matin   En vain le prétentieux raisonneur développe      Son écheveau de preuves …  De preuves ? … tintin !

 

Dimanche 23 juillet

 

Je broyais du noir     un joyeux bouquet d’épilobes

m’a souri

 

Entre deux mots dit-on il faut choisir le moindre

Mais le moindre est encor de trop je veux voir poindre       Outre mots le minois d’une jeune beauté

Ah ! Se taire zyeuter et caresser l’été !

(L’amour s’il n’est qu’un mot peu me chaut je frissonne    A ne jamais aimer que des noms sans personne)

 

Le nevermoreloge dans sa carcasse verbale tous les démons de l’enfer

 

Belle prière de Franz Lichtlé s’achevant par : « que ma tendresse arrive à embrasser celle ou celui qui me répugne », oui, pourvu que j’aie, pour me donner « force », embrasser d’abord celle ou celui qui ne me répugne point

 

Application immédiate du Cantique des cantiques à ma quête et requête de Florian : « je tournerai dans la ville, par les rues et les places, je chercherai celui que mon âme désire, je l’ai cherché, je ne l’ai pas trouvé ». J’erre ainsi, chaque vesprée, en ce Villard, toute petite ville, peu de places, peu de rues, dans le fol espoir qu’aussi heureux que la Sulamite je pourrai avec elle m’écrier avant que juillet se termine : « j’ai trouvé celui que mon âme désire, je l’ai saisi et ne le lâcherai pas »

 

Ce jour est ce jour n’y ajoute rien  ses limites – un nuage rose des cris d’enfants égaillés – sont celles de ta joie

 

Lundi 24 juillet

 

Le goutte à goutte d’une pluie battante tombe sur mon attente de Dieu

 

Où en es-tu mon vieux de la corvée de vivre ?

Combien d’années encore à porter le fardeau

A te signer à te saouler pieux poivrot ? ivre-

Mort avant de mourir pour de vrai vieux bedeau !

 

Mardi 25 juillet

 

Quand « j’ai cru c’est pourquoi j’ai parlé » glisse à « j’ai parlé c’est pourquoi j’ai cru » la foi risque fort de n’être plus que sa profération

 

Ce qu’on appelle un bon vivant n’est qu’un cadavre baratté

 

Je converse avec Marie-Thérèse, je lui parle de mon Ange gardien. Hé bien, il se manifeste bientôt après : sur le présentoir de l’église mon œil est attiré par le livre de G. Huber : Mon ange marchera devant toi

 

Mercredi 26 juillet

 

A l’ange nous avons, sans appareils sans fils sans ondes matérielles, un immédiat accès. L’idée que l’Ange de Florian je peux, par le biais de Raphaël, le solliciter, par lui atteindre le cœur de ce petit garçon, me bouleverse de joie

 

Quand on est pris dans l’engrenage du système et des mécanismes sociaux on aurait du mal à croire que les anges existent et provoquent des turbulences dans la chaîne causale.

Etant en roue libre, désadapté, je me fie à leur gracieuse intervention.

 

Avoir eu le joug conjugal sans le jouir

 

Jeudi 27 juillet Villard

 

On est pris dans une conversation inepte comme dans une camisole de force. Or de ces camisoles on n’est jamais, dans le commerce ordinaire, en manque.

Qui nous délivrera des entretiens oiseux ?

Le chant la danse la varappe le silence

La supplique adressée à Notre Père aux Cieux

Le vœu de ne plus jamais rompre aucune lance

 

Inflexible sous sa casquette rigide, ses jarrets raides escortant ses bâtons komperdell, un sexagénaire en culotte courte accomplit en toute rigueur sa quotidienne corvée de trek

 

Venue d’où cette voix d’enfant ? De quel royaume de féerie ? Fluette et cristalline, immunisée contre le concept et la corruption

 

Cette mouche faisant longue pause sur ma petite table, une mouche pas des plus communes, avec du rouge sur le museau, est, semble-t-il, attentive à ma parole de bienvenue, me fait avec ses pattes et sa tête des signes d’intelligence ; j’ai une amie ! me dis-je, « I have then one friend » ! Je suis plus heureux que l’âne de Coleridge

 

Mon séjour est égayé par le passage fréquent sur le trottoir d’en face d’une multitude de dames tenues en laisse par des petits chiens

 

Vendredi 28 juillet

 

Une grappe de garçons       devant un buisson       où bruit un oiseau

 

 

Malheur de n’avoir pas de chair humaine à se mettre sous l’Adam

 

De l’odeur du foin à l’odeur du crottin la modulation est exquise

 

Mon esprit balance entre la calembredaine et la billevesée

 

Samedi 29 juillet

 

Les senteurs de crottin sur la sente   stimulent l’excursionniste

 

Straton de Sardes ou Méliton de Sardes   il faut trancher

 

Dimanche 30 juillet

 

Assez riche pour s’offrir un licou de fines mélancolies

 

Ce badigeon bleu (le ciel)  ça couvre quoi ?

 

Lundi 31 juillet  La Fauge

Jarrets tout épineux d’un buisson d’églantiers

 

Quelques pis de nuées grises           lâchent d’avares gouttes de bruine

 

Mardi premier août Villard

 

Jérôme Clément, dont je suis prié de savoir qu’il est une personnalité, félicite Jeanne Moreau d’être intelligente et donne pour preuve qu’elle ne renâcle pas à lire la presse ;  en sus, elle est contre le Front National : cerise sur le gâteau

 

Si courte-patte que tu sois     fleurette      tu vibres au grand vent

 

S’accuser en confession d’avoir plus de quatre-vingts ans : n’est-ce pas en effet un péché que d’allonger sa vie indûment ?

 

Chacun de nous est doté d’une détresse à sa pointure

 

Nuages de foehn si inhibés qu’ils ne lâchent maugréant qu’à peine trois gouttes

 

Le ridicule tue, dit-on ? Non, je suis à tu et à toi avec le ridicule

 

Petite fille une blondeur de blé  la tresse en épillets un visage très pur  des yeux couleur d’œillet en main un pauvre ourson tout filasse tout floche l’objet transitionnel le doudou du Freudon

 

(Lagneau)   « L’acte le plus élevé de la pensée consiste, en définitive, à comprendre la nécessité de poser l’incompréhensible »

 

A France Culturedégoulinent des inepties sur Baudelaire : il serait « de gauche », « démocrate » (à preuve le poème les petites vieilles), « pas catholique » ; il prie, oui, mais comme il pisse au lit

 

La fontaine Rusteau bave sa goutte avare

Et le pré de la Fauge implore la pluie « Oh !

Charitable nuage verse-moi ton eau

Je sèche je ris jaune arrose dare-dare ! »

 

Le Cornafion     roc enveloppé      dans une houppelande de rocs

 

Vendredi 4 août

 

Pouvoir dire le mot mortc’est se pourvoir contre la mort, c’est dire qu’elle n’est pas le dernier mot

 

Sur l’or de toutes les paroles que tu retiens nul voleur ne fera main basse, nul fisc ne les soumettra à l’impôt

 

Le louis d’or d’une médisance tue

 

La différence de gabarit entre cette araignée minuscule et moi ne cesse de m’étonner ; et elle ?

 

Dimanche 6 août  Villard

 

Soudain, avec son sens presque exact, à la suite d’un achat, m’advient le mot écouvillonqu’aussitôt j’ambitionne d’employer dans une phrase attrayante. Hé bien, c’est celle-ci.

 

« Pallier à » échappe, place de l’Ours, à une employée municipale s’adressant à des vacanciers. Je la plains, je les plains, mais quelle surprise de lire dans Lettrines : « un état de carence analogue à celui auquelon palliait ». Gracq n’était pas ce jour-là en état de grâce, à moins qu’il n’ait voulu cette insurrection tribunicienne contre la syntaxe.

 

Lundi 7 août

 

Jean-Pierre Juge m’appelle pour me recommander l’ouvrage de Patrick Theillier sur les expériences extrêmes de coma ; je le rappelle ; une femme, qui n’est pas la sienne, me répond qu’il est mort. « Il » : ce n’est pas lui ! L’interférence est curieuse.

 

Que d’agités avant de s’en servir !

 

(France Culture)  « la découverte qu’elle en a fait »(dans une émission littéraire)

 

Mercredi 9 août

 

J’aime mon prochain comme je me hais moi-même      Article Un  du catéchisme migratoire

 

Thomas Clerc assure, dans Libé, qu’imaginer, comme le fait Houellebecq dans Soumission, la France au pouvoir d’un parti musulman modéré, c’est un fantasme ; c’est – il enfonce le clou – frappé d’une parfaite irréalité. Ce pauvre Thomas, quelle apparition du Christ, non, de Mahomet, lui faudra-t-il donc pour le dessiller ?

 

(Colette) « le vrai voyageur, c’est celui qui se promène »

 

Vendredi 11 août

 

(Villon) « en mon païs suis en terre lointaine »

(Aragon) « En étrange pays dans mon pays lui-même »

 

 

(Colette) « En Puisage, en Forterre – oh ! qu’on nous rende ces noms régionaux ! »

« L’esprit des veillées apporte ce qui se mourait, depuis des années, sous le parler gras et sale, les rires ivres, l’argot sans vigueur, le néologisme sans ancêtres, la veulerie »

 

Samedi 12 août

 

Une fille frêle et fraîche, jambes, cuisses, bras nus, cheveux blonds agités par le pas vif, faite à souhait selon mes canons de beauté

 

(Gandhi) « Tout ce que tu feras sera dérisoire mais il est nécessaire que tu le fasses »

 

« Sachez que le Seigneur a mis à part son fidèle »

 

La dispersion sénile des pensées

Vol de corbeaux devant les portes Scées

 

Le ciel lâche dans le crépuscule  son couvain d’oiseaux noirs

 

Dimanche 13 août

 

« …nous entrerons dans la carrière… », hymne des sodomites

 

Avoir une gueule gidienne de vieil amateur de marmousets, quelle honte !

 

Lundi 14 août

 

Ma malfaisance       fut de feindre l’adulte        n’étant qu’un enfant

 

Christian Bobin a élu cette phrase d’André Dhôtel : « Il n’y a que l’impossible qui arrive »

 

Mardi 15 août

 

« …le jour où tu seras invité à des noces… » (Luc, 14) : mais, Seigneur, je n’y tiens pas ; je n’y veux aucune place, ni la première ni la dernière

 

Blanches barbiches     épilogue des épilobes         le sait le colchique

 

Exténuer son existence si bien que l’on meure sans s’en apercevoir, et ce serait le bouquet si non plus ne s’en apercevaient les proches

 

Retour de balade, un oisillon par deux fois vient à ma rencontre ; il quémande, certes, mais que mande-t-il ?

 

Mercredi 16 août

 

Le premier colchique fleuri bat la générale de la défloraison

 

Le son de soprano de la marmotte  le baryton du chien  le pathétique essoufflement de la montgolfière  le crissement de la scie dans les épicéas  le bruit baudelairien d’une branche qui choit le mutisme millénaire d’une playe

 

Vendredi 18 août

 

Ce n’est plus la France c’est le Fric et l’Afrique

 

Ce jeune garçon son très doux sourire ses regards de brebis divine

 

Samedi 19 août

 

Dans le là-bas de ma mémoire la plus lointaine la plus intime dort le diamant d’un regard

 

Le nom de Dieu ne peut être prononcé décemment qu’à l’optatif ou à l’imploratif

 

Dimanche 20 août

 

Quand on met « Dieu » en tarte conceptuelle nappée de pensées pieuses on a, sans le vouloir, blasphémé

 

Voltaire m’agrée quand il note que le dévouement du roi Codros pour son peuple est fort beau et qu’en juger ainsi est universalisable.

(Je ne suis pas impartial avec le roi Codros : en trois ans de khâgne, lui seul m’a valu, grâce à une version grecque, une première place).

 

Dix ans de guerre de Troie tiennent dans un mot de Thersite : « all the argument is a cuckold and a whore »

 

Lundi 21 août

 

Un catéchiste (ou catéchumène) de « France Culture » récite sa leçon : « l’islamophobie existe, elle a toujours existé, elle existera toujours ». La connerie aussi.

 

Mardi 22 août  Villard

 

Grâces mariales de ce jour où Marie est fêtée « reine » : au Col Vert une fille me salue, que je trouve délicieusement à mon goût ; plus bas, un petit garçon armé d’un bâton dont je note à voix haute la solidité m’approuve, hilare ; enfin au refuge de Roybon pour un peu j’eusse lancé à deux fillettes  affriolantes : « princesses, nommez-moi berger de vos sourires »

 

Un nuage en point exclamatif        étonné d’être dans la nue ?

 

 

Une réclame en belle langue française :

« Concert inglorious funkers   tout le show est à 100°/° live, pas de bandes ou de playback »

 

Charmante histoire contée par Colette : On dit à Nouche, sept ans : « Choisis et fais ce qui te plaira le mieux – Je choisis de me promener toute seule dans le jardin ». Le lendemain : « Choisis tes compagnons, et apprends ce qui te plaira le mieux – Je choisis d’apprendre à aller me promener … »

 

Tchaïkovski recommande le deuxième mouvement de sa quatrième symphonie aux solitaires mélancoliques le soir

 

Mercredi 23 août  La Fauge

 

Le petit robin de l’abreuvoir   tire sa langue    goutte à goutte

 

Il n’est pas nécessaire de croire en Dieu pour Le prier. Prie-le, et sois sûr qu’Il est à l’orée de ta prière.

 

Le Pape François, en son message du 21 août : « La sécurité des migrants passe toujours avant celle des nations »

 

Jeudi 24 août

 

Déjà fléchissent les colchiques   Culbutés par leur tendre poids

 

Le filament cotonneux de l’épilobe   deuil blanc de son été

A-t-il mémoire encore de ce que fut pour lui la vie en rose ?

 

Marie Darrieussecq déplore le emarque du féminin et veut être écrivaine

 

Vendredi 25 août

 

Marie Darrieusecq se sent mal dans la rue, parce que la rue est mâle.

 

Le sycomore est à l’honneur    Depuis que l’a choisi Zachée      Ce petit homme à l’arrachée    S’est emparé de son Seigneur

 

Dans la partition qui m’est allouée la basse continue est souffrance (morale) les fioritures (flûte cromorne) sont rire joie

 

(Colette)  « L’humour est une forme du courage »

 

(Labiche)  « J’espère que la jeunesse vous viendra avec l’âge »

 

Samedi 26 août

 

On finit par être en enfer à force de ne pécher pas

 

Eclairs en coups de poing   ils vous mettent les yeux au beurre noir

 

Le long bâton du fléole bambou du pauvre

 

L’éclair prompt pugnace poursuit ses proies dans l’empois de la nuit

 

Mourir jeune est un exploit qui n’est pas à la portée de tout un chacun

 

La parole, fleur de la bouche, est rarement racinée

 

Quel imbécile souhaitait, au terme d’une série d’émissions sur Homère, que l’humanité cessant enfin de guerroyer s’inspirât de la fin de l’Odyssée ?

 

Mon oreille est trop faible pour entendre l’homélie de la messe, ma bouche ne l’est pas pour dire Amen

 

Dimanche 27 août

 

Ma Pénélope aux petits pieds    Ravaude chaque nuit sa toile    Sous le doux regard des étoiles    Et moi je jouis de l’épier

 

Dix minutes de varappe valent en intensité dix ans d’existence, déclare Sylvain Tesson. Je l’admire, mais cet énoncé ne me paraît pas avoir de sens. Est-il juste d’évaluer l’intensité selon l’effort, le péril, l’enjeu ? Je n’en crois rien. Que dire du dur désir de durer ? De l’acuponcture des petites émotions ? S.T., après sa chute, est resté nombre de semaines  à l’état d’alité, cependant que je m’offrais de délicieuses déclinaisons de préalpes. Les tensions de durée valent bien les intensités de risque. Au fait, y a-t-il un instrument de mesure ?

 

(France Culture)     Trois raisons, y affirme une tête molle, de souhaiter que l’humanité continue : art, science, compassion. Rien sur la rédemption.

 

Mauvaise pensée : Louis de Gonzague meurt à vingt-trois ans pour avoir porté un lépreux et pris la lèpre. N’avait-il pas mieux à faire ? (C’est un petit bourgeois hédoniste qui interroge ainsi).

 

Lundi 28 août

 

Elyane, quand j’ose lui dire : « ne m’intéresse que d’aimer et d’être aimé », me rétorque incontinent : « c’est le cas de tout le monde » ; ma différence est écrasée, je suis assigné au nivellement général

 

La jeune Parquesent la guerre 14/18, transpire les longues patiences et le pâtir de la tranchée

 

Mardi 29 août Villard

 

Il faut chaque été, pour la masse crétinisée, du foot, du vélo et de l’explosif. Cet été, c’est Barcelone qui s’est dévouée pour offrir en pâture aux gloutons du fait divers quelques viandes saignantes et des péripéties policières.

Que l’été serait morne sans attentats !

L’attente de l’attentat, débile variante de l’attente de Dieu.

 

La voix suave, persuasive, automobile de la sirène Zavetta invitant le peuple du Vercors au spectacle du cirque en est, je tends à le croire, la meilleure attraction

 

Ma prière à l’archange Raphaël – qu’il baise Florian sur le cœur – est aussitôt paraphée par un vif écureuil et une mésange agitant un rameau

 

Mercredi 30 août Villard

 

Nettoyé de ses scories le Coran peut s’ajouter à la Bible

 

La censure des bien-pensants, leur immunité parolière, leur art de n’entendre pas ce qui ne leur convient pas

 

Les Evangiles sont les copeaux d’une Parole qui transcende les paroles

 

Vaches en troupe  étale   sur l’estive

Comme une tarte  un clafoutis    pis vive !

 

De loin à travers le rideau multiple des arbres et dans la houppelande d’un petit vent me parvient, chuchoté, le son de cloche de l’Angélus villardien

 

Vendredi premier septembre  Villard

 

La double hache Husserl/Heidegger a ouvert une brèche dans l’épais appareil des positivismes

 

Une présentatrice de France Inter glousse de contentement à imaginer sur le mode de la dérision le cas où  deux pour cents de musulmans en Allemagne risqueraient d’investir le pays et d’y opérer « le grand remplacement ».

 

Je recueille dans la tasse de thé proustienne  ces petits morceaux de prose :

« Il en est du monde comme du goût sexuel où l’on ne sait pas jusqu’à quelle perversion il peut arriver quand une fois on a laissé des raisons esthétiques guider son choix »

« Le désir n’est donc pas inutile à l’écrivain pour l’éloigner des autres hommes d’abord et de se conformer à eux »

« des millions d’univers s’éveillent tous les matins »

 

« Il n’est pas en effet d’exil au pôle Sud, ou au sommet du Mont Blanc, qui nous éloigne autant des autres qu’un séjour prolongé au sein d’un vice intérieur, c’est-à-dire d’une pensée différente de la leur »

 

Madame Merkel, qui ne se remet pas des atrocités du nazisme, inflige à l’Allemagne en manière de pénitence une invasion de fidèles de l’islam, avatar mahométan du nazisme

 

Le scepticisme est un cancer, il ne faut pas qu’il se généralise.  Le traiter aux rayons de la prière.

 

Crépuscule du soir Le soleil s’enfonce dans un nuage de la brèche de Chalimont ; le nuage se déplaçant, le soleil semble changer de sens, son disque grossit ; enfin, braise devenu, il irradie un liséré d’arbres puis s’éteint

 

Samedi 2 septembre

 

« Xénophobie » : le mot est lâché par une bécassine de France Culture.L’idée ne lui vient pas qu’elle aurait la phobie de la xénophobie.

 

Il nous faudrait un peu d’éros   Pour qu’agapè nous soit possible   Si la chair n’est pas combustible   La charité n’est plus qu’un os

 

Dimanche 3 septembre

 

Rien ne me paraît plus faux que l’idée, dont Montaigne joue en virtuose, que nous nous succédons à nous-même, toujours différent ; non ! c’est sur la basse continue d’une signature dès l’origine apposée que nous brodons des variations et modulations en accord avec notre être essentiel, et de cela Montaigne lui-même est une excellente illustration

 

Il y a une religion close et aussi une irréligion close, par exemple celle des « hussards de la République »,  ces instituteurs formatés par la vulgate positiviste, dont monsieur Germain, vénéré par Camus, est hélas un spécimen, que son horreur de la croix appareille au fanatisme islamique

 

Lundi 4 septembre

 

Le petit rire de mon presse-agrumes est semblable au cri du geai

 

Suprême jouir : être asymptote à l’autre corps désiré  ne le toucher que du regard de ce presque faire à loisir son délice et en vouloir encore encore encore

 

Mercredi 7 septembre

 

Gandhi (sur la Bible) « Un document qui contient suffisamment de dynamite pour réduire en miettes toute la civilisation, pour renverser le monde, pour apporter la paix à ce monde déchiré par les guerres »

 

Exclu du colt et du coït qui virilisent   De peu d’effet lui fut une longue analyse

 

Le seul tourisme qui ne soit pas sot : caboter autour de l’île de soi

 

L’eau devant un précipice n’hésite pas

Puissé-je sans faiblir chuter dans le trépas !

 

Jeudi 8 septembre

 

Comme pris de honte le soleil de ce huit septembre, après qu’il a caressé la brèche de Chalimont, devient tout rouge et décampe

 

Dans la pièce Mon frère ma princessesignée par madame Zambon le héros, Alyan, garçon de cinq ans, préfère les robes de fée au ballon de foot, et s’écrie : « La nature elle s’est trompée …elle a mis des morceaux qui ne sont pas à moi /…/ Le zizon c’est pas à moi, c’est mou, on dirait un ver de terre, la nature elle s’est trompée, je veux être comme Nina ma sœur ».

Pauvre Alyan !

 

Samedi 9 septembre

 

Le nihilisme, c’est la résignation à l’idée que tout est à portée d’intellect, or ce tout, au bout du compte, n’est rien, n’est rien s’il ne recèle et ne livre l’atout d’une sortie de tout

 

Les magasins allemands Lidl présentent, sur des emballages de produits grecs, une photo de l’île de Santorin où les croix ont été effacées : tyrannie coranique et vilenie mercatique. ¨Prétexte : ne pas choquer ! « Nous sommes une entreprise qui respecte la diversité ». Les chrétiens en seraient-ils exclus ? Même hypocrisie que celle des calvinistes notant sur leur calendrier les fêtes musulmanes et y gommant les saints de l’Eglise. Plates excuses, tartufferie !

 

Il fait un peu plus jour dans le jour lorsque l’on croit à l’Amour

 

Le claquement dans le vent du soir d’une voix d’enfant

 

Lundi 11 septembre

 

Sou l’écume mentale  la masse du silence   ses alvins

 

Pourquoi sommes-nous nés ?    Pour demander pourquoi    Et répondre étonnés    Par un acte de foi

 

Mardi 12 septembre

 

Se taire    tenir clos   les battants de l’esprit

 

En Ta présence divin Enfant   Etre l’âne et le bœuf simplement

 

Un articulet dans le Larousse    ce qui reste d’un Important

 

Des mains si jubilantes qu’on les croirait prêtes à s’envoler

 

Des lucarnes de ciel  dans un crépi de nuées

 

Se faire outrance  pour trouer les outres    de l’outrecuidance

 

Mercredi 13 septembre

 

Selon Maïmonide, porter secours à un païen qui se noie est interdit

 

L’ubac de la mort a-t-il un adret ?

 

Montaigne, sur les stations thermales (II, 37) : « qui n’y apporte assez d’allégresse pour pouvoir jouir le plaisir des compagnies qui s’y trouvent … »

Ah ! Montaigne, les compagnies qui s’y trouvent, c’est déjà beaucoup que de les supporter ; quant à en jouir, donne-moi la recette …

 

(Clémenceau) « La France est un pays extrêmement fertile : on y plante des fonctionnaires et il pousse des impôts »

 

Vendredi 15 septembre

 

Une niaise à France Culturevoit dans le narcissisme une haine de soi

 

A la croisée du défi paradoxal de Cocteau – « à l’impossible je suis tenu » – et du crédit que je fais à saint Joseph – « toi dont la puissance sur le cœur de Jésus sait rendre possibles les choses impossibles » –  se situe mon espérance incoercible

 

Cette rance urine de piété sur l’Evangile     l’homélie de routine

 

(Monseigneur Darboy) « L’erreur de l’homme est de croire qu’il a quelque chose à faire en ce monde »

 

Samedi 16 septembre

 

Le Pape François est jésuite à contre-sens : jadis les féaux de Loyola s’en allaient évangéliser le monde et témoignaient de Jésus-Christ par le martyre ; aujourd’hui ce sont nous, Européens, qui sommes priés de nous laisser gracieusement envahir voire martyriser

 

Ce bébé hilare cramponné aux barreaux de son parc nous épargne pour l’heure les sottises qu’il lâchera une fois ministre

 

(Sartre) « La science ne m’intéresse pas ».

Peau de balle !

 

Dimanche 17 septembre  Villard

 

Le temps est notre pharaon   l’éternité nous en libère

 

Je tombe de l’eau   la cascade aussi

 

Plus dangereuse que la tique   la punaise de sacristie

 

(Stravinsky)   « Je considère la musique, par son essence, impuissante à exprimer quoi que ce soit : un sentiment, une attitude, un état psychologique, un phénomène de nature, etc. L’expression n’a jamais été la propriété immanente de la musique /…/ Si, comme c’est presque toujours le cas, la musique paraît exprimer quelque chose, ce n’est qu’une illusion et non une réalité »

 

(J. de Maistre)  « L’Evangile hors de l’Eglise est un poison »

 

« Il suffit que tu ouvres les yeux », professe le psaume 90, « tu verras le salaire des méchants ». Mais c’est seulement à  se les crever qu’on a chance de voirce salaire, et je pense au mot de Jésus : « si ton œil est pour toi une occasion de chute… » Il faut en effet s’aveugler pour faire crédit au roi David.

 

Lundi 18 septembre  Villard

 

Halal est grand et le mouton est son prophète

 

Seule dans l’herbe grasse    humide  une crépide lasse

 

Scolie  insecte piquant  ou note critique

 

Riverain d’un ruisseau volubile   un clapotis de voix d’enfants

 

A la vesprée  un petit œil de braise perce l’épaisse haie d’épicéas

 

Mardi 19 septembre

 

Opte résolument  pour un alléluia    ferme et définitif

 

(Goethe)  « Nur weil es dem Dank sich eignet  Ist das Leben schätzenswert » , « parce qu’elle est apte au merci, pour cela seul la vie est digne d’estime »

 

Mercredi 20 septembre  Villard

 

« Coucou », dis-je,     et la petite araignée        fait un saut à l’élastique

 

Flaccide et fabuleuse une bouse de vache

A ce dépôt culier mon sphincter se relâche

Et pauvre imitation je défèque à mon tour

Laissant en sus sur le gazon papier d’atour

 

Etre poli  c’est tel la lune    ne montrer qu’une de ses faces

 

Il se trouve trop intéressant pour s’intéresser à autrui

 

Samedi 23 septembre

 

Nous sommes tout fiers, pauvres sots, d’envoyer des sondes et des satellites, des soyouz, des drones dans l’espace, et nous oublions de nous préparer au lancement de notre fusée porteuse dans l’éternité

 

Réjoui par le jaillissement, à neuf heures quinze, de la locution : « au trou du cul n’importance »

 

Nietzsche, les « littérateurs » lui sont odieux ; pour Husserl ou Heidegger il en est

 

Entre une fibrille de rayon solaire et un fil arachnéen à l’heure où l’astre disparaît la différence est à peine sensible

 

Lundi 25 septembre

 

Si l’on veut détruire éros au bénéfice d’agapè  ce n’est pas l’amour mais la haine qu’on risque de faire surgir

 

Chacun ne fait jamais que parler de lui-même

Excepté le chartreux lui se tait art suprême

Préservé du chiendent de l’actualité

Le blé de son silence a grains d’éternité

 

Mardi 26 septembre

 

Ces ânes qui semblent ruminer un poème de Francis Jammes

 

Finir sa vie à la Sartre en se compissant

Que me soit épargné ce destin indécent

 

Les mathématiques de la charité donnent-elles raison   à Bloy ? Pour tout être qui jouit un autre souffre-t-il la passion ? S’il en est ainsi je puis accepter sereinement ma nullité   ès choses d’amour.

 

Vendredi 29 septembre

 

Disciple de Kierkegaard je constate chez mes amis, sceptiques perclus ou éclopés du marxisme, une perte non seulement de la fibre religieuse mais aussi de l’humour ; il leur reste une morale, une esthétique ? je suis loin d’en être sûr ; quant à leur ironie, elle a des semelles de plomb

 

Le mot de Pelléas– « il n’y a peut-être pas d’événement inutile » – rejoint le mot de Pascal (les événements, nos maîtres), et m’est un réconfort quand je pense à la rencontre de Florian

 

Un bébé menottes closes  endormi dans les bras paternels

 

Un petit enfant qui dort me rend dérisoire toute lecture, et s’il sourit, s’il me regarde de son œil céleste, que dire ? Aude sapere devient alors la plus inepte des maximes

 

(Valéry) « La mort est une surprise que fait l’inconcevable au concevable »

 

Lundi 2 octobre

 

Je rêve d’un stade de foot plein à craquer où, par une surnaturelle entourloupe, c’est une vraie messe, catholique, selon la foi, non la fifa, qui est célébrée.

Cette élévation de toute une foule, grâce à l’officiant et ses acolytes, ce match où la victoire, 1 à 0, est obtenue par la Passion rédemptrice du Christ,  ô comme c’est plus attractif et plus effectif  que le vulgaire carrousel de deux fois onze énergumènes courant après un ballon !

Et il n’y a pas d’autre filet que celui où les pêcheurs de Tibériade attrapent, à l’instar du Curé d’Ars, les cent cinquante trois poissons.

 

C’est le kyste que je détecte chez les trotskystes, et c’est le Christ que je voudrais qui soit son ablation.

 

(Valéry)  « Le sourire est un système ».

(Il y faut le concours de dix-septmuscles).

 

(Marie Noël)  « Si vous avez envie que je croie en vous, apportez-moi la foi. Si vous avez envie que je vous aime, apportez-moi l’amour. Moi, je n’en ai pas et n’y peux rien. Je vous donne ce que j’ai : ma faiblesse, ma douleur /…/ C’est tout ! Et mon espérance ! »

 

Un point d’exclamation se dresserait comme un épi plein de grains ! Un de ceux avec lesquels se fait la farine du pain de vie

 

(Marie Noëlle Thabut)  Jésus met en garde contre la dérive de certainspharisiens.

Dire que le Dieu de l’Ancien Testament serait autre que celui du Nouveau est un « pur blasphème ».

 

Mardi 3 octobre

 

Un monsieur Daniel Mendelssohn veut avoir lu l’Odysséeavant de mourir

 

L’homme, seul animal capable de dire qu’il est un animal

 

Mercredi 4 octobre

 

Penser que Léonard fut aussiun virtuose de l’enculade me laisse perplexe, pantois. Le même homme qui peint sainte Anne ramone les anus : héneaurme !

 

Edouard VII, ses corvées de coït et de raout

 

(France Culture) Un monsieur Garrigou-Lagrange, victime de la maladie de Lyme, définit Stendhal comme « égotique »

 

Vendredi 6 octobre

 

Michel Crouzet, le connaisseur le plus qualifié de Stendhal qui soit au monde, ne s’éloigne pas de La Chartreuse de Parmequand il souligne que la seule civilisation de l’amour est celle du Christ

 

Passent d’énormes nuages     noir Goya       cauchemars du ciel

 

Lundi 9 octobre

 

(Daumal)  « Veille à tes pieds, assure ton pas prochain, mais que cela ne te distraie pas du but le plus haut. Le premier pas dépend du dernier . »

 

Parvenir à ce point orphique où la question où ? n’ait plus de sens

(est-il le diocèse des élus ? Est-ce la grande Rose ?)

 

(Lacan) « Croire à ce à quoi l’expérience nous conduit tous, Freud en tête : au péché originel »

 

Mardi 10 octobre

 

Quand le où ?a cessé de nous circonscrire dans « le polygone des ténèbres mentales » les portes du oui s’entrouvrent à l’espérance

 

(Alain) « les discussions n’instruisent personne »

 

(Buber)  « Le royaume de l’Eros perclus de l’aile est un monde de miroirs et de reflets de miroir »

 

(Zundel) « essayer d’écouter cette musique qui est en nous et qui est Dieu »

 

La piété des médias s’exprime dans leur dévotion aux résultats des matches de foot

 

Maturation ou masturbation : mais a-t-on vraiment le choix ?

 

Mercredi 11octobre

 

La multiplication des signes de croix   devient jeu de vilains

 

De tout petits êtres à forme humaine préméditent dans leur landau leur futur accès à la députation

 

Une bergeronnette chaloupant parmi les feuilles éparses chues d’un frêne

 

Jeudi 12 octobre

 

hautbois d’une voix de bébé qui glousse parmi les orants

 

Plain-chant   plein chaud de charité

 

Grèbe castagneux chevalier guignette  deux oiseaux dont les noms accolés m’emportent au septième ciel des assortiments

 

Je chie  je Malachie   je Malachie je chie  corps esprit

 

Badioulivernes maoïstes

Le communisme est son badioudelaine où il remise et reprise ses lubies

 

Adorno/Horkheimer  « La Raison est totalitaire »

 

Si le ciel tout à coup comme un crépi mal fait

Nous tombait sur le crâne en grosses masses bleues

Ah ! quel bleu ce serait ! quelle incurable plaie !

Quel noir illimité quel entonnoir morbleu!

 

(Gramsci) « la mentalité démocratique /../ un gaz putride »

 

Vendredi 13 octobre  Lac de Gaube

 

Esplumouse, quel drôle de nom pour une cascade !

Nous vient-elle de la commedia dell’arte ?

 

Roches     en redingote      cravatées d’eau claire

 

Que chacun d’entre nous soit un centre du monde

C’est l’évidence se le dire sans faconde

 

Une flaque de soleil  une blague d’eaux rieuses

 

Un petit garçon blond une gentiane bleue

«Bonjour » me chante-t-il de sa voix juvénile

Elle me sourit dans sa corolle gracile

Il m’aime elle m’aime lequel aimé-je mieux ?

 

Dieu étant « le centre de l’âme » (Jean de la Croix) chaque âme est un centre du monde

 

Samedi 14 octobre

 

Comment Le rencontrerais-je, toujours en colloque avec moi-même,  Sera-t-il une fois où je sois en état d’entendre qu’Il m’aime ?

 

« Accende lumen sensibus »  priais-je  à proximité d’un paquet de merde. Un border collie passa, queue basse, à fond de train.

 

L’aurore aux doigts de rose caresse d’un reproche

Les humains engourdis d’avoir trop fait bamboche

 

Le ciel s’ouvre quand un enfant   te dit « bonjour »

 

Dimanche 15 octobre

 

Un ruisseau qui roucoule c’est assez pour l’herbe de l’oraison ; on prie aussi le moindre des cailloux de dire son silence, ou la petite fleur dandélion de chuchoter entre deux touffes

 

Un clan de colchiques tremblotant dans la brise

Me distrait de moi-même et de mon humeur grise

Comme vous je voudrais aux caresses du vent

Petites fées offrir ma vie innocemment

 

La truelle d’un instant permet parfois de soulever un poids de siècles

 

« Pourquoi cette ivresse dans la seule évocation de ce mot : Amour ? » interroge Maurice Zundel. Mais il m’arrive de prendre ce mot en haine !

 

Lundi 16 octobre

 

Notre Pape à son tour abolit la peine de mort, du moins pour les assassins ; s’il s’agit de leurs victimes, il ne se prononce pas

 

Les paroles liturgiques, des perséides qui scintillent un instant puis s’éteignent dans la boue de notre babil

 

 

Je n’écoute jamais que les bruits de moi-même  Son silence très fin quand Il me dit « je t’aime »   Comment le percevrai-je assourdi que je suis Par le sempiternel tourbillon de mes bruits ?

 

« Sortir » est devenu pour eux « aller en boîte »

je préfère Jacob et l’échelle et qui boîte

 

Jeudi 19 octobre

 

Au milieu de la messe le gazouillis d’une petite fille réveille les fidèles de leur torpeur dogmatique

 

Le père Valensin, pour Martin du Gard, est une sorte de fou surdoué qui au lieu de se cacher sous la table quand il aperçoit un chat se fourre dans le dogme catholique

 

Combien de schnaps me faudrait-il pour faire un chenapan ?

 

Vendredi 20 octobre

 

Eden ou Enfer : illuminé ou éliminé

 

Je suis aussi, Seigneur, morceau de l’univers

Je voudrais une fois toucher un peu de chair

 

J’aime l’amour je hais le mot amour

S’il n’est que mot il joue un vilain tour

 

Marcher … »sans se détourner ni à droite ni à gauche » (Bloy)

 

Encaserné dans une langue on risque de ne pas s’ouvrir à la Parole

 

Il existe des gestionnaires de la mauvaise conscience qui s’en donnent une bonne par affecter un zèle d’inquisiteurs

 

Agneaustique

 

A me mettre, avant que mâchoire se décroche, un peu de chair sous l’Adam !

 

Mardi 24 octobre Argelès

 

Le frisselis d’une eau sous les piles d’une arche

N’est pas moins allusif qu’un trait de Caran d’Ache

 

Une file de brebis telles des chenilles processionnaires

 

Vacarme des grandes eaux   tunique du grand silence

 

 

Un rocher cachalot se prélasse sur l’estran d’un pré

 

Mercredi 25 octobre Argelès

 

(Zundel)  « C’est beau comme les montagnes, disait une petite paysanne de Savoie qui venait d’entendre une fugue de Bach. Avec une âme ouverte sur l’infini elle était de plain-pied avec les plus grands chefs-d’œuvre/…/.L’instruction est un fléau qui dégrade la science et abêtit l’esprit si elle n’aboutit pas à cette ouverture ».

 

A fleur de lac     un rodéo d’étincelles

 

A l’encolure d’un roc  une coulée de soleil

 

Il n’est pas de Conservatoire où former des virtuoses du silence

 

 

Lasses d’avoir dansé tout l’été   des fougères courbent le col

 

Jeudi 26 octobre

 

Un sourire pèse si peu    qu’à le voir      on se sent allégé

 

La vraie prière    engaine ses paroles    dans un fourreau de silence

 

Le « sacrifice de l’intellect » ? Mais oui ! Pour le nec plus ultra de l’esprit

 

Le frottement jouissif d’une branche contre un tronc me rappelle celui d’un chat qui se caresse contre ma cuisse    là une stridence ici un ronron

 

Vendredi 27 octobre Cabaliros

 

Blotti dans son buisson de bruyères  un pissenlit cligne de l’œil

 

L’archange Raphaël, au moment où je me résignai à regagner Cauterets avec mes bâtons désajustés, m’offrit le secours d’un couple de randonneurs et l’immédiat réajustement

 

Et je ne voulus pas me pousser du Col …de Contente.

Je m’en contentai.

 

Samedi 28 octobre Lutour

 

Les rires écumeux de l’eau lorsque grand galop elle se rue

 

Dans la cuvette d’un gros bloc rocheux   un pétouillet de cailloux

 

Le plus bel exercice dactylique  une main dans une main

 

Très content d’être ce qu’il est      où il est      ce poisson   pourquoi non ?

 

Dimanche 29 octobre  Pibeste

 

Je papote  je clapote  dans le jacuzzi de mon ego

 

Ce minuscule escarbot    gaillard bien en jambes il s’en va où ?

Moi prêt à lui porter secours    s’il faisait la culbute  mais non

Il tangue mais ne bronche ni ne trébuche  file tout dru tout doux

Ç’aura été sur la crête du Pibeste  un gentil compagnon

 

Bonjour chêne pubescent    je me présente   bipède pubère

 

Lundi 30 octobre

 

Est dérisoire ce qu’on est  Si ce n’est pour être à jamais

 

Blanchot (« l’écriture du désastre ») est dans le suaire des mots, Bobin  (« l’homme du désastre ») est un ressuscité

 

(Bloy) « comblé des dons de la médiocrité, cette force à déraciner des Himalayas »

(Le Désespéré)   «fendre en quatre l’ombre de poil d’un sénile fantôme de sentiment, faire macérer, en trois cents pages, d’impondérables délicatesses amoureuses dans l’huile de myrrhe d’une chaste hypothèse ou dans les aromates d’un élégant scrupule »

 

(Doktor Faustus)   « Quand, par-delà le paroxysme d’une détresse sans issue, poindra le miracle qui surpasse la foi – la lumière de l’espérance ? »

 

Mercredi premier novembre

 

Mais simplement ici    me taire      ami des pierres

 

Les virtuoses de l’esbroufe vous marchent sur le pied, les virtuoses de l’Evangile vous le lavent. Admirer ceux-ci, ne pas trop mépriser ceux-là.

 

Jeté dans le train des choses au sortir des lombes maternelles     Te voici devenir petit être braillant l’ombilic du monde      Jusqu’à tant que te bouffe dans ta boîte finale le lombric

 

Le prodige, Seigneur, que ce corps que je suis !

Le tâter le zyeuter sans l’aimer je ne puis

 

Jeudi 2 novembre

 

(Zundel)  « L’enfer, c’est l’échec de Dieu en nous »

« le péché ? Le règne du moi »

 

 

(Newman) « On ne se repent jamais de s’être tu, mais souvent d’avoir parlé ». Je répute fausse la première assertion : que de paroles je me repens de n’avoir pas dites à papa !

 

Cette pharmacie où me fut administré, remède-panacée, le sourire d’un bébé

 

Qu’un kaki se plaque sur ton crâne   quelle mine ferais-tu ?

 

Prier : se désapproprier

 

« Présence réelle » : c’est Jésus-Christ au cœur de chacun de nous exposé dans le chœur de nous

 

 

Samedi 4 novembre

 

(Bloy)  « exécrateur victimaire du propos banal et de la rengaine, il portait sur l’extrémité de sa langue une catapulte pour lancer d’erratiques monosyllabes qui vous crevaient à l’instant même une conversation d’imbéciles »

« les regrattiers du salut »

 

Zundel cite un vieux chartreux disant des offices : « pour moi, tout cela, c’est du sable dans la bouche »

 

Dimanche 5 novembre

 

Boualem Sansal dit de Macron à Alger : « bêtement intempestif et opportuniste »

 

(Courtois) « Lénine, l’inventeur du totalitarisme »

 

(André Louf)  « Je ne sais pas aimer parce que je colle à moi-même »

 

(Zundel) « Il ne faut pas parler de vieillir, car notre jeunesse est devant nous »

 

(Doctor Faustus)   Le piano, « représentant direct et souverain de la musique même dans sa spiritualité », on y entend la musique « d’une façon à moitié immatérielle, presque abstraite »

 

Lundi 6 novembre

 

Les taréstocrates

 

Léninisme, glyphosate mental ; il faudra désherber des millions de cerveaux

 

Mardi 7 novembre

 

(Zundel)  « Jésus savait bien qu’on peut parler tout le jour de Dieu et parler d’un faux dieu »

 

La ribambelle d’idées folles   Qui ribotent dans un cerveau     Lui font une tête de veau     A la fin et un floc d’eaux molles

 

Balade euphorique  un bébé de trois mois dans son hamac maternel  une portée de poussins  un tout jeune écureuil sismique un minuscule nuage feu-follet blanc dans un ciel rieur

 

Crétinerie en politique de la plupart des intellectuels : après Comte-Sponville et Deguy appelant à voter pour Hollande je découvre que Françoise Héritier elle aussi appelait ardemment en 2012 à favoriser l’élection de ce galfâtre. Compétente quand il s’agit de la Haute-Volta elle est débile s’il s’agit de son propre pays. Persuadée par ailleurs qu’il n’y a pas une autre vie. Aussi sotte en ontologie qu’en politique.

 

Mercredi  8 novembre

 

« Insurrection fasciste du colonel de La Rocque »

(à Radio Présence)

 

Zundel formant le vœu d’ « une humanité qui ne travaillerait plus pour ses petits bonheurs homicides »

« La fin dernière de tout, c’est la jeunesse et la joie »

« suivre la pente de nos goûts les plus profonds, pour donner à Dieu ce que nous avons de plus unique »

« Tant que nous n’avons pas rencontré Dieu, tant que nous ne sommes pas un regard d’amour vers Lui, Dieu est comme un faux dieu »

 

(Louf) les moines, « experts en athéisme »

 

Vendredi 10 novembre

 

Un Important demande l’absolu respect du corps, sur lequel « l’extrême droite », elle seule, exercerait des sévices

 

Les paradoxes sont pour l’écrivain comme un plumetis de couette confortable sous lequel il feint d’être hardi

 

Les combats chez Homère ou chez Virgile me font penser aux tréteaux de Maître Pierre : marionnettes que seul Don Quichotte prend au sérieux

 

Ulysse était condamné dans l’île de Calypso à un éternel coït, il a préféré, à la longue, le temporel crêpage de chignon domestique

 

Seigneur, pour Te trouver, ne faut-il pas vider son bazar d’icônes ?    Echeniller sa cervelle de tous les clichés de piété ? Porter la prière jusqu’à l’épure des battements du sang ?

 

Adorer : briser devant Lui le vase d’un temps thésaurisé

 

Même si la mort l’emporte à la fin ce n’est pas rien que de l’avoir crue vaincue de la narguer

 

(Teilhard) « Je ne connais qu’une prudence, c’est de brûler d’un feu plus fort »

« Il faut faire un pas de plus, celui qui nous fera perdre pied à tout nous-même »

 

(Bertrand Fessard de Foucault)  « Si elle n’est pas une disponibilité, une ouverture à une voie plus directe mais plus rude vers l’absolu, et l’intense conscience de soi et du monde, la chasteté est un enfer, une mort subie dans la vie »

 

Samedi 11 novembre

 

Que fait-on dans « l’île des Macréons » ? (Pantagruel, IV, 25) Que fait-on dans la France du Macron ?

 

L’inverti, se trompant de trou, allume son briquet dans un boyau culier

 

(Bloy) « ces cauteleux enfants de Loyola »

 

Mon accumulation de petits carnets, qui seront publiés dans une poubelle et examinés par des érudits muridés

 

(Bloy) « Le monde moderne, las du Dieu vivant, s’agenouille de plus en plus devant les charognes »

 

(Hugo) « Proxénète de l’Idéal »

 

Dimanche 12 novembre

 

Le pasteur aumônier des prisons, traitant de l’hospitalité, évoque celle d’Abraham recevant des étrangers pour nous encourager à accueillir les hordes migratoires.

Mais Abraham accueillit combien d’étrangers ? Trois ?…Un ? .

Le même pasteur cite Derrida, si éloquent sur l’accueil. Je demande seulement : combien ce charitable philosophe en a-t-il hébergé, de migrants ?  Compendium de sa prédication : « L’étranger de la visitation, qu’on appelle aussi arrivant absolu, est indéterminé. Ce peut être n’importe qui. Pour l’accueillir, l’hôte lève les barrières immunitaires avec lesquelles il se protégeait. Il accepte de s’exposer à ce visiteur dont les lois et les comportements sont imprévisibles, de se transformer en fonction de ce qui arrive, au risque de perdre son identité. Il accepte que le visiteur fasse la loi chez lui, même si ce « chez soi » devient impossible à vivre ».

Farceur, as-tu, pour cette idiotie, payé de ta personne ?

 

(Isaac le Syrien) Ne pas se croire digne de prier

 

Quelles paroles font un berceau où un Enfant Dieu puisse naître ?

 

Les gouttes de plomb du temps qui pèse pendant une Adoration

D’amour ? Point. Se tenir dans l’âpre volonté de tenir le coup

 

Lundi 13 novembre

 

Ne jamais oublier ces paroles de saint Paul si rarement produites (II Cor., 11) « Satan lui-même se camoufle en ange de lumière. C’est donc peu de chose pour ses serviteurs de se camoufler en serviteurs de la justice »

 

(Jean Santeuil)   « Il n’y a qu’une chose vraiment infâme, qui déshonore la créature que Dieu a faite à son image, le mensonge »

 

(Simone Weil)  « Tu ne pourrais pas désirer être né à une meilleure époque que celle-ci, où tout est perdu »

 

Prier, casser les concaténations mentales

 

(Bloy) « le Chamelier Prophète, accroupi sur la bouse de son troupeau, couvait déjà, dans son sein pouilleux, les sauterelles affamées dont il allait remplir les deux tiers du monde connu »

 

Mardi 14 novembre

 

Les rides      de l’éternelle jeunesse       de l’eau

 

J’ai encore un espoir  de devenir virtuose   des points d’orgue

 

Mercredi 15 novembre

 

Les seuls êtres véritablement admirables sont ceux qui ne cherchent pas à se faire admirer

 

Dans la cupule d’un colchique   l’automne a goutté  son nectar

 

« …comme nous pardonnons aussi… » C’est cela qu’il faut pardonner. (Quel pouacre a souillé le Paterde ce pléonasme ?)

 

Quand tu souffres du vague à l’âme      prie-Le      de soulever des vagues

 

Vendredi 17 novembre  Prat d’Albis

 

Quatre pissenlits courts sur pattes   copains d’estive   au Prat d’Albis

 

La fougère affalée entre les genêts rêches

Semble un houseau de lansquenet mort sur la brèche

 

La voix de contralto du vent      qui chansonne

sur l’échine du Prat d’Albis

 

Mentalité démocratique, pour Gramsci : « un gaz méphitique »

 

(Bloy) « L’armée des petites ouvrières déambulant à la conquête du monde, la tête vide, le teint chimique, l’œil poché des douteuses nuits, brimbalant avec fierté de cet arrière-train autoclave, où s’accomplissent, comme dans leur vrai cerveau, les rudimentaires opérations de leur intellect »

« les gens d’affaires, l’âme crottée de la veille ou de l’avant-veille, couraient, sans ablutions, à de nouveaux tripotages »

« Les catholiques modernes, monstrueusement engendrés de Manrèze et de Port-Royal, sont devenus, en France, un groupe si fétide que, par comparaison, la mofette maçonnique ou anticléricale donne presque la sensation d’une paradisiaque buée de parfums »

« la dysenterie littéraire de ce Trissotin violet », écrit-il de Monseigneur Dupauloup

« Une glaire sulpicienne qu’on se repasse de bouche en bouche depuis deux cents ans, formée de tous les mucus de la tradition et mélangée de bile gallicane cuite au bois flotté du libéralisme »

 

 

Samedi 18 novembre

 

Nous nommons tout ce qui nous tombe sous le sens

C’est un prurit c’est un impétigo de noms

Nous affligeons d’un nom le plus chétif des monts

Et pourquoi ne pas nommer ce caillou Saint-Saëns ?

 

Lorsque la baignoire achève de boire l’eau du bain elle se gargarise, cette gargouillade définitive me donne une sensation de alles ist vollbracht

 

Dimanche 19 novembre Rocher de Batail

 

Les Trissotins idolâtres de la Culture

N’ont pas d’autre horizon que le galimatias

Les mots sont la vermine de leur galetas

Mental Soit  ton cœur est athanor de l’Idée pure

 

« Empruntez le portillon » me susurre au bovistop un dandélion affable, la tête enfouie dans l’herbe    parole inouïe !

 

Près du rocher de Batail une pierre accoupie a l’air d’un gros mouton

 

Le vent  sa rude musique   ses silences flagellants

 

La tête ? Un étau   Réjouis-toi plutôt sur les estives du cœur

 

Lundi 20 novembre

 

(Doktor Faustus)   « Ce qui exerce une action n’est-il pas réel ? »

 

« Vivez plus par la volonté que par l’imagination », ce mot d’Elisabeth de la Trinité ne plaît pas à Claire, piégée par Jung et les Symboles

 

Mardi 21 novembre

 

Au jeu de vivre il préféra le jeu de mots

Cela ne fut-il pas le pire de ses maux ?

 

Je Te tends ma sébile Seigneur  donne-moi quelques sous de silence

 

Dité, dans l’Inferno : Satan. Dites= riche. Ditis= le Riche =Hadè

 

(Suarès) « cette opinion fort saine que la politique est une religion pour le peuple. Et, comme on sait, il lui en faut toujours une. Les socialistes en sont la plus lourde preuve, eux qui font déjà une si forte et morne église »

« Un homme qui pense, s’il fait de la politique, ne s’estime pas assez »

« perclus de goutte dogmatique »

« Il y a beaucoup d’islam dans la première Réforme »

« La chasteté seule arrache l’homme à l’espèce et le rend à Dieu »

Lénine, « le génie de Catoblépas Caliban », « Caliban des termites » Staline, « un garde-chiourme for ever »

« L’hérésie est vivante, l’hérésie est le salut des dogmes »

« Moins Dieu, il n’y a rien : ni moi, ni le reste »

« Il y a ceux qui blasphèment, même en priant, et ceux qui prient, même en blasphémant ; ceux qui sont dans l’amour, et ceux qui n’y seront jamais »

« gratte Nietzsche et tu trouves le Boche »

 

Mercredi 22 novembre

 

Francs-maçons, leur spécialité : ni maçons, ni francs

 

Là où je cesse de jacasser Là tu peux être Seigneur je sais

 

La guerre sainte de la Croix n’a d’autre balistique que celle de la parole portée, d’autre feu que celui de la Pentecôte

 

(Suarès) « les petits enfants sont des vieillards en fleurs et les vieux des enfants pourris »

« Si, sachant quelque chose, il me fallait l’enseigner, j’oublierais sur-le-champ que je le sais »

 

Jeudi 23 novembre

 

(Suarès) « La plupart des jeunes sont vieux ; et presque tous les vieux sont morts. De là qu’on s’ennuie tant dans les salons, et qu’on se momifie si tôt en famille. Avant trente ans ils sont couchés pour jamais dans le cercueil plat des intérêts et de l’habitude. »

« Dans la famille, tout se pardonne plus aisément que la différence des esprits. Ne pas penser comme eux, c’est trahir. »

« Quelques hommes âgés, trop rares encore, mentent aussi : ils sont terriblement jeunes et n’osent pas l’être. »

 

(Bobin) « La plupart des conversations d’adultes me laissent dans une nuit complète, mais parler avec un vieillard a du sens. »

 

(Michaux, Enfance)    « allégresse de la vie motrice qui tue la méditation du mal »

 

 

Vendredi 24 novembre

 

Un robot en Chine passe l’examen de médecine en 1 heure au lieu des 7 normalement nécessaires. Eh bien,  je ne me ferais pas examiner par cet imbécile

 

Quelle parole de docteur  vaut le gazouillis d’un bambin ?

 

A l’église, dans le silence de l’Adoration, une voix de petite fille, vrille de volubilis, s’enroule autour des cierges

 

(Suarès) « sourire, c’est perdre de la pesanteur »

« L’âme forte est catholique, de préférence »

Citant Napoléon : « La France n’a jamais été vaincue, elle est toujours trahie »

« Je suis catholique comme je suis païen : deux effets de la même force. Et tout ce que j’ai de vivant comme païen, c’est ma force catholique qui l’anime »

« La         règle de saint Benoît est un puissant poème, un chef-d’œuvre pour le cœur humain »

 

La croix, ouvre-cœur

 

Le parfum du vrai pain, ne peuvent rivaliser avec      les plus fines fragrances de la cosmétique

 

Adorer : se tenir sur le seuil de la perte des mots

 

(Suarès)  « On ne s’ennuie qu’avec les hommes, avec tous les neutres. On ne s’ennuie pas avec Dieu ».

Hugo « pense faux naturellement »

Clémenceau, « sa manie a toujours été de voir le pouce de Rome dans tous les malheurs de la France et toutes les iniquités de la politique. C’est la part la plus vulgaire de son esprit »

« L’immense foule des anarchistes ne veut la liberté infinie que pour lâcher la bride à une bestialité infinie »

« Les partis sont des sectes, où non pas les dogmes mais les appétits servent de mobiles »

« La charité dans l’ordre du cœur a fait notre complexité dans l’ordre de l’esprit »

« Il y a du plébéien dans tout fanatique »

 

Samedi 25 novembre

 

(Elisabeth de la Trinité)  « Vis en son intimité, comme l’on vit avec celui qu’on aime, en un doux cœur à cœur »

 

Atout cœur, me disent mes frères dans la foi. Je n’ai dans mon jeu que du pique !

 

Dimanche 26 novembre

 

Mort par suicide ou mort assistée, ce serait l’alternative aimablement proposée aux vieux qu’au-delà de 84 ans une loi obligerait à vider les lieux où l’on joue au jeu de vivre.

Beaucoup d’options, selon l’un ou l’autre choix : peloton d’exécution, arsenic, ciguë socratique, s’ouvrir les veines, être guillotiné, et cetera

 

Assez de carburant  pour tenir le coup   encore un jour   un jour

 

On est toujours tout prêt à saluer l’essor

D’un peuplier publiant haut son heureux sort

 

Tant de bleu quelle plaie au-dessus de nos crânes

Et ce morne égouttement des jours qui nous fanent

 

Quand un frisbee adroitement lancé s’envole

Gai d’en savoir le nom de voir sa parabole

Je note l’incident sur une paperole

Tant pis si le sanhédrin me juge frivole

 

Lundi 27 novembre

 

Une bouteille de bière vide  esseulée sur un matelas de feuilles mortes

 

Il est toujours possible de trouver un taillis où uriner à l’abri des curieux

 

(Suarès)  « Le meilleur et le plus beau païen sera toujours le catholique, au moins pour les moralistes du Nord »

« s’il était un homme, aujourd’hui, tout à fait païen, il ne peut être qu’un esprit borné ou une brute »

« Jamais le saint ne se tait : rien ne parle plus haut que son profond silence : car il prie »

 

Fais de mon jour, Seigneur, un pain complet

Où je ne pense que ce qui Te plaît

 

La foi est l’étrave à fendre les vastes eaux du doute

 

(Suarès)   « Femmes, toujours en armes, les ciseaux de la jalousie, l’aiguille du soupçon, et le sexe toujours en main. Et qui ne la flatte pas, l’outrage. Avec elles, on ne peut jamais oublier qu’on n’est pas de la même espèce. Ces têtes bornées sont pourtant pleines d’une infinie rancune »

 

Mardi 28 novembre

 

La riposte au mot cruel de Sue – ilsvous rendent malades puis ilsvous soignent – se trouve chez J.J. Surin : « Son ouvrage est de détruire, de ravager, d’abolir et puis de refaire, de rétablir, de ressusciter ».

 

Mon insuccès fracassant m’a épargné le bruit des bravos

 

Sans le métalent dont le Seigneur m’a doté j’eusse été une queue de paon de vanité

 

Ivan Karamazov, très disert sur le scandale de la mort des enfants, n’est pas assez malin pour entrevoir qu’il y est, par son allégeance au Malin, pour quelque chose. Adrian Leverkühn le lui apprendrait.

 

(Suarès) « un homme capable de créer, s’il politique, s’abaisse au-dessous de son propre mépris /…/ En tous ceux qui gouvernent, on sent le parvenu ».

« Il faut beaucoup vivre pour grandir en pensée ».

 

Mercredi 29 novembre

 

En musique aussi il y a des péchés par omission. La fausse note n’est pas plus navrante que la note manquée.

 

(Suarès) « Le silence est la grande persécution »

 

Jeudi 30 novembre

 

Selon Suarès quand on est aimé et qu’on n’aime pas on pâtit plus que l’amoureux(reuse)

 

Etre un virtuose du silence  un Cziffra des réticences éblouies

 

La Gaystapo

 

(Valéry) « Si l’on réfute un Platon, un Spinoza… » Sottise ! On ne les réfute pas.

 

Le début est toujours un début de la fin

Eurêka ! Mais …trouver cela est-ce si fin ?

 

Samedi 2 décembre

 

Saigne, heure ! C’est, pour le Seigneur, adhérer à la gracieuse souffrance quotidienne

 

Au rabot de la foi puissé-je m’encastrer

Seigneur dans le haut mur de l’éternel attrait

 

La preuve de Jésus est aussi par les mille visages que la piété des peintres et des sculpteurs lui ont prêtés

 

L’«infaillibilité de la prévision » selon Valéry  caractérise la science. Que dirait-il de l’infaillibilité des prévisions de l’ignare Curé d’Ars ?

 

Les dieux lares du sodomite sont dans les rambuteaux

 

 

 

Dimanche 3 décembre Toulouse

 

Deguy, hyper-discret, refuse de déranger Dieu, son amour, sa volonté, pour « moi », dit-il ; « je » n’en  appelle pas à « Dieu ». Le saint homme !

 

Grêle     L’homéopathe céleste enveloppé dans sa bure nébuleuse nous bombarde  de granules. Certes, de telles nubes ne pluunt pas justum

 

Tandis que se déroule la messe à la chapelle Saint Jean-Baptiste une petite fille à blanc bonnet bonnet blanc s’intéresse à l’histoire d’une Zoé qui d’abord n’est point partageuse (page de gauche) puis (page de droite) se repent.

 

Chaque jour que je finis vivant m’expose à une prière d’action de grâces

Je me demande par quel miracle je n’ai pas encore été assassiné

Sortir par les temps qui courent c’est courir le risque du cou coupé

Pourtant je sors je rentre je me constate me tâte retâte

Encore vivant !

 

Lundi 4 décembre

Nos bonnes paroles sont la crèche  où nous attendons  l’Enfant Dieu

 

Aide-moi, Christ, à n’être rien qu’un oui férié

 

Mardi 5 décembre

Un inculte de « France Culture » se plaît à souligner que d’Ormesson …catholique ? Non ! Païen : sa gaieté, son amour de Casanova. Il ignore, ce niais, que catholicisme et paganisme sont plus affines que ne l’est l’actuel cacolaïcisme ; il ignore que Casanova se déclarait catholique. Suarès : « Le meilleur et le plus beau païen sera toujours le catholique ». Vlan !

 

(Mallarmé) « Ratés, nous le sommes tous »

 

La parole est un cache-soi

 

Tout ce qu’écrit Deguy, sachant qu’il a préconisé de voter pour le méphitique Hollande, me dégoûte : « Dieu c’est ce qui ne change rien à ce qui est », prononce-t-il par ailleurs, feignant d’ignorer que « ce qui est », sur la planète comme elle est – temples, églises, mosquées … – montre urbi et orbisa dette à l’endroit de Dieu.

(Mais peut-être Hollande a-t-il, à «ce qui est », changé quelque chose ? Oui, le sens du mot mariage. Que Spinoza le déculotte et lui administre une fessée).

 

Alain Marchadour ose corriger ou censurer l’Epître aux Romains

 

Mercredi 6 décembre

 

Entendre le silence tout vibrant d’un pollen de soupirs

 

Tout à coup me revient la  marche du premier zouave : « pan pan larbi les chacals sont par ici »

 

Que sont, chez Voltaire, les « Macrons » ?

 

Vendredi 8 décembre

 

L’égalité se constate d’abord  dans la cellule-œuf de la fécondation, enfin dans l’état cadavérique ou la cendreuse poussière ; dans l’entre-deux elle n’est que chimère

 

(Hymne acathiste) « Réjouis-toi, en qui est dépassé le savoir des savants »

 

(Chateaubriand) « L’invasion des idées a succédé à l’invasion des barbares » ; c’est aujourd’hui la converse qui a lieu : « la civilisation actuelle décomposée se perd en elle-même »

 

Que de faux-sauniers de l’Evangile !

 

Samedi 9 décembre

 

Malherbe, une heure avant de mourir, choqué d’une impropriété, et tancé de s’emporter ainsi, s’écrie ; « Monsieur, je défendrai jusqu’au dernier soupir la pureté de la langue française » Deguy, sur la pierre tombale de son épouse, s’interroge : quelle citation « qui ne feindrait, mimerait pas l’espérance ? »   Lâche, qui au beau risque d’espérer préfère le confort du scepticisme Blanchot, dans son Pas au-delà, barbote dans ses circonlocutions, ses laborieux paradoxes, sa mystique spécieuse. Le vrai pas au-delà, ce serait ne pas écrire, tomber à genoux devant le Saint-Sacrement, tandis que son pas au-delà n’est qu’un long bercement dans l’osier de phrases sophistiquées L’anecdote du type portant un masque affreux, qui n’émeut pas, et qui l’ôtant épouvante, est une allégorie de la plupart d’entre nous, qui se chargent par complaisance et sont bien pires pris en flagrante réalité

Dimanche 10 décembre

 

L’idée que chacun se raconte devient en moi si prégnante qu’elle me fait sourire à tout propos édifiant et indicatif ou pontifiant et vindicatif ; ainsi Elisabeth de la Trinité m’invite à penser qu’il n’est pas difficile d’éprouver en soi la « douce compagnie de Dieu » ; c’est son expérience et je ne la conteste pas, et je n’oserais dire que cela n’est pas pour moi, j’insinue seulement qu’en mon quatre-vingt quatrième automne rien de tel ne m’est advenu

 

Je ne cesse de jacasser dans le vestibule de mon âme ; comment pourrais-je y entendre Son silence ?

 

(Chateaubriand) « Je comprends ce qu’ils comprennent, et ils ne comprennent pas ce que je comprends »

 

Lundi 11 décembre

 

A l’objection « c’est purement verbal » opposer que le Verbe est productif. Dire Dieu c’est déjà Dieu donné.

 

Candide et cauteleux Benjamin Stora : il nous ferait croire à propos de l’Algérie que l’Histoire seule, en vérité l’historien seul (lui, in petto) sont fiables, préservent des fantasmes et des fanatismes. Qu’il lise donc Valéry. Et qu’il se relise !

 

Mardi 12 décembre

 

(Suarès)  « Enfantin, je le suis ; mais je le sais, voilà le mystère »

« Dieu abstrait est la mort de toutes les religions /…/ il faut d’abord Jésus vivant pour que le Christ vive »

Sur Shaw : « il pense en maître d’école primaire, comme le touche à tout d’un journal socialiste »

« La mystique profonde est le couteau qui tranche le nœud gordien où la raison est prise »

 

Mercredi 13 décembre

 

Se tenir au courant, disent-ils. Mais non ! Contre le courant.

 

Ils veulent être « au courant », mais il me semble qu’ « au trottant » serait plus attractif

 

Jeudi 14 décembre

 

(Jean de la Croix) « Une seule pensée de l’homme vaut plus que le monde entier » ; j’ajoute que le monde est à la merci de cette pensée

 

 

(Siracide) « Parle, vieillard /…/ mais n’empêche pas le chant » (ou : « la musique »)

 

Enfants, petits-enfants, ce sont trophées dont ils s’infatuent devenus vieux

 

Vendredi 15 décembre

 

Le poème est un fruit qui mûrit sur une treille de silence soleilleux

 

Tu mesures Seigneur dans mon Vidourle intime

Le niveau de mon croire ou ne mon croire pas

 

Samedi 16 décembre

 

Aude non sapere   sésame de la vie intérieure

 

Un enfant et un ballon   L’un l’autre de couleurs vives

Ça suffit pour que d’un bond   Me voici sur l’autre rive

 

Le Pape François n’est pas « très enthousiaste face aux conversions rapides »

 

Grimpant un jour de décembre sur le Mont Girantès épargné par la neige j’y découvris dans une anse d’herbes une gentiane tardive dont le bleu sourire me sembla-t-il était pour moi et que je consacrai par mon regard

 

Mon âge ? Entre quatre et quatre-vingt quatre ans

 

Dimanche 17 décembre

 

(Isaïe, 61) « des fils de l’étranger seront pour vous laboureurs et vignerons »…eh bien, les voici insulteurs et assassins

 

canines  pickles du sourire

 

Entendu hier par mégarde Cazeneuve et Julliard barboter dans le bourbier droite/gauche sous la houlette de Finkielkraut

 

Au-dessus de l’étang de Roumezet une petite grenouille assoiffée reçut quelques gouttes d’eau que je laissai choir de ma gourde ; ce geste samaritain pour cette humble créature m’émeut un an plus tard en ce décembre comme le jour du solstice d’été où je le fis

 

(Deut., 28)  « L’émigré qui est au milieu de toi s’élèvera plus haut que toi, mais toi, tu tomberas de plus en plus bas »

 

Cazeneuve déplore dans le thème (la  thématique !) des « racines chrétiennes de la France » une « relecture historique frelatée » qui a « rendu la France peu à peu nauséeuse »

 

Lenteurs de l’éducation       Un bébé qui glousse   ce n’est pas encore             l’affleurement de l’Idée

 

Quelques gouttes de pluie agrippées à la vitre   miséricordieuse elle ne les repousse pas

 

Ma foi une ablette dans un océan de clartés indécises

 

Ego centré    mégot cendreux

 

Suivre le Seigneur ? dit Aelred de Rievaulx ; mieux : courir après Lui. (Voilà la belle façon de se tenir au courant).

 

Lundi 18 décembre

 

Catholique je suis impropre en tout temps à tout sauf au propre du temps

 

Jour de décembre radieux, pas un souffle d’air. Le jardin botanique est fermé à cause des « intempéries ». « Merci », est-il ajouté, « pour votre compréhension.

 

(François Jullien) le changement climatique « met en jeu tant de facteurs divers et corrélés »

 

Castoriadis déjà en 1986 : « Il y a longtemps que le clivage gauche-droite, en France comme ailleurs, ne correspond plus ni aux grands problèmes de notre temps ni à des choix politiques opposés »

 

Jeudi 21 décembre

 

Ton corps est une façon de te prononcer, tu peux y mettre un accent fort, tu peux y mettre des guillemets, tu peux le mettre en sourdine

 

(François Jullien) « Toute pensée se développe nécessairement – légitimement – à partir d’un arbitraire »

 

Vendredi 22 décembre

La joie, oui ! Mais ne pas y être enrégimenté ; ce n’est pas un ordre de mobilisation

 

Quand selon le compte des années on sait qu’on approche de sa fin on se dit qu’un beau cadeau de ce Noël par exemple ce serait de s’éclipser discrètement en un soupir archangélique et de joindre sur-le-champ l’étoile assignée par la Destinée

 

Vieux jours ? Non ! Je ne veux savoir de jours que jeunes, d’autant plus jeunes que se creusent mes joues

 

Un sot à « France Culture » parle des livres de l’an 2017 qui « doivent être lus »

 

Il manque tant d’écrits aux Ecritures. (Ainsi, deux lettres aux Corinthiens).

 

Lundi 25 décembre

 

Il n’est pas de plus beau cadeau de Noël que Noël

 

Certitude et doute, certitude dans la crypte, doute sur le parvis. Car au fond de la foi ce n’est pas toi qui crois au Christ c’est Lui qui croit en toi

 

Benoît XVI : l’ultra-raison comme les ultra-sons

 

Mourir, est-ce le retour à la case zéro ou l’accès au point oméga ?   Mais n’être plus c’est tout comme si l’o n’avait pas été.  En vérité on est condamné à la vie éternelle sitôt que né

 

Pour honorer les morts de Verdun la municipalité convoque un rappeur, Black M., distingué pour avoir émis le vœu de « baiser cette conne de France ». Intimidée par les protestations de Français dignes de  ce nom le maire annule cette convocation mais le Président de la République le regrette, s’en émeut.

Les morts de Verdun seront tout de même (dés)honorés par 3400 jeunes Allemands et Français en tee-shirts de couleur, courant parmi les 16142 sépultures, traqués par un épouvantail sur échasses censé signifier la Mort, au rythme des Tambours du Bronx, groupe de percussions issu de blousons noirs et tapant sur des bidons.

 

 

Vendredi 29 décembre

 

Jette en ton âme un caillou de silence  Ses orbes sertiront le monde

 

(Valéry) « Le philosophe n’en sait réellement pas plus que sa cuisinière. »  C’est bien, mon cher, ce que pensait Thérèse d’Avila.

 

(Nietzsche)  « Cinq heures de fauteuil : première étape vers la sainteté »

 

Samedi 30 décembre

 

Corvéables  attelés sans esquive possible au joug du temps

 

Dès le premier degré de l’échelle mystique de Jean Climaque on toise de haut les honneurs

 

« La longue chaîne de l’ancre », titre Bonnefoy. C’est l’encre qu’il faudrait lire.

 

Dimanche 31 décembre 

 

Et qu’il ne m’arrive rien mais rien de rien un rien en italiques un rien en capitales un rien qui guillemette et guillotine tout