Olybrius!

       (Ecrit en juin 2014)

       Olybrius !

Faire le catalogue des quolibets, des brocards, des outrages dont est victime l’actuel Président de la République est aujourd’hui à la portée de n’importe qui. On peut rêver d’un opuscule exhaustif sur le sujet, et de conséquentes quintes de rire. Il suffira ici de rappeler l’heureuse trouvaille de Mélenchon : « capitaine de pédalo ». C’est cela même.

Esquisser alors une Anatomie de la Mélanchonie dont le Président serait le déplorable héros ? Mélancolique, vexé, humilié, morfondu, honteux serait-il comme le renard qu’un pool (le PS) aurait pris ? Eh bien non. Il faut parier au contraire pour son contentement, et qu’il croît à mesure que croissent l’impopularité et les railleries. On peut, toute considération politique laissée de côté, donner de ce contentement exponentiel trois motifs plausibles : 1) Le très classique amour-propre, le prurit de se pouponner une réputation. « Qu’on parle de moi en bien ou en mal », comme disait Zitrone, « peu importe. L’essentiel, c’est qu’on parle de moi » ; le nom « Hollande » vole quotidiennement sur mille et mille lèvres rieuses ; 2) Le facétieux parti pris du pire. Sachant la république à bout de souffle, les animaux du Cirque Bourbon très mal dressés et désormais indomptables, le pays que l’on continue d’appeler France un souk malpropre, sachant aussi qu’il n’est pas de taille pour le rôle à lui imparti par une conjuration de hasards et de courbatures François Hollande se sera résigné avec une secrète jouissance à être le plus dérisoire, le plus désopilant, le plus désastreux des présidents, un président clown ; 3) Poussons le pion encore plus loin : n’y aurait-il pas en ce souffre-siffleurs une volupté de la macération, une volonté d’atteindre à l’inspiration par les humiliations, de devenir un serpent d’airain à force d’avaler des couleuvres, bref de réaliser dans son errance politique une performance analogue à celle du gyrovague Benoît Labre qui se faisait gloire de sourire aux giclées de trognons de chou dont l’ondoyait la populace ?

 

Petit garçon j’entendais dire quelquefois à propos d’un quidam à mine patibulaire : « qu’est-ce que c’est que cet olybrius ? » Je ne savais pas alors qu’Olybrius avait été un des tout derniers empereurs de Rome. Son règne fut bref : trois ou quatre mois. La mauvaise fortune fait que notre Olybrius républicain sévit depuis deux ans. Je n’ai aucune compétence politique mais je risque la prophétie qu’il n’aura dans notre régime républicain, dont il aura précipité l’agonie, que très peu de successeurs, dont il n’importe guère de savoir si ce seront un Glycérius de « droite », un Julius Nepos du « centre » ou un Romulus Augustule de « gauche », car ce seront tous les trois des gugusses.

 

Le vrai Olybrius fut empereur malgré lui. L’actuel Olybrius de l’Elysée a voulu la présidence, louvoyé habilement jusqu’à l’avoir. Peu soucieux de présider quoi que ce soit je suis de ceux qu’une telle ambition étonne. Quod peto, hic est, est U