Jean Sarocchi

Jean Sarocchi

Mois : février, 2014

Trois essais sur Camus

Trois essais sur Camus, par Jean Sarocchi

Année 2013. Centenaire de la naissance d’Albert Camus. Déferlante de colloques, interviews, articles, livres, recensions, émissions télévisées ou radiophoniques. Toulouse où je réside ne manque pas d’apporter son jet à ce flux d’hommages. Je ris encore d’avoir été l’heureuse victime à la Médiathèque José Cabanis d’un « sufoco » (ce mot du patois oranais se rencontre dans les Carnets), victime heureuse, dis-je, parce que ce samedi de février où j’y fus exclu d’une table ronde et prié de m’asseoir parmi les auditeurs il faisait tiède et beau, quel plaisir ce fut de quitter en catimini cet amphi sans fenêtres, d’ôter sitôt dehors la courageuse cravate dont je m’étais adorné cependant que mes concitoyens, actifs ou passifs, se condamnaient à broyer du noir sous un éclairage funèbre.

J’eus cependant l’occasion, en cette année 2013, de parler de Camus dans trois colloques, deux fois, à Nice puis Marseille à l’invitation de Jean-François Mattéi, une autre fois sur ma demande, bien accueillie par Fernando Gomes, à Evora. Soucieux de m’épargner les stéréotypes ordinaires, donc les redites, je décidai de confronter Camus à des penseurs avec lesquels il avait été de mèche ou avait eu maille à partir et avec lesquels sa relation ne me paraissait pas suffisamment élucidée. Nietzsche ? Le sujet du colloque étant « l’aurore » il me parut intéressant – et c’était, je crois, original – de considérer l’œuvre de Camus en référence à Aurore –Morgenröte – et par-delà cet ouvrage à l’aurore nietzschéenne. Le sujet de Marseille – « l’absurde, la révolte, l’amour » – m’engagea, au prix d’un zeste d’effronterie, à un retournement critique : « ni absurde, ni révolte, ni amour », pour lequel je me ménageai le concours de Plotin que Camus avait étudié pour son Diplôme d’études supérieures. Et comme mon intérêt pour Plotin ne se refroidissait pas, l’automne venu je résolus de poursuivre en Lusitanie ma réflexion phocéenne et d’insister à nouveaux frais sur l’allergie de Camus, mitigée d’une réelle attirance, au philosophe alexandrin.

Ces trois petits essais marqués du même millésime ont mûri dans le même climat intellectuel et sur la même ramille d’ironie. Je peux les rassembler en faisceau. Que le lecteur ne s’étonne pas de voir Nietzsche et Plotin, par le biais de Camus, entés sur la même souche. Il faudrait n’avoir de l’auteur d’Aurore qu’une vue bien superficielle pour ne pas avoir découvert dans son œuvre un frémissement religieux et mystique.

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Carnets 2012

Carnets 2012, par Jean Sarocchi

Ce journal de l’année 2012 tient un peu de Jules Renard, un peu de Gide, un peu de Claudel, un peu de Valéry, quatre évangélistes de la littérature qui ne se ressemblent guère. J’y ajouterais, parce que j’en suis un lecteur invétéré, Albert Camus.
Entre ces écrivains et messire il y a la différence entre des étoiles de première grandeur et ma très faible magnitude. Invisible à l’œil nu, je le suis, c’est à craindre (mais est-ce à craindre ?) à un ordinaire télescope. Seul un appareil comme celui du mont Palomar aurait chance de me détecter.

N’importe. J’ose, puisqu’ « Internet » a lieu et que toutes sortes de vermines polluent la « toile », y ajouter sans vergogne mes propres déjections.
Ce spicilège 2012 est tout en disparates, bribes, brimborions. Ce serait le meilleur – à peine le quart ou le cinquième – des notations recueillies au fil des jours, au hasard des humeurs, dans plusieurs carnets On y trouve des remarques critiques ou sarcastiques, des poèmes pour mirliton, d’autres pour Polymnie, certains miment le haïku japonais ; on y trouve aussi des aphorismes, et, c’est sans doute le plus précieux, des citations qui, assemblées, donneraient une idée assez exacte de mon cheminement intellectuel ou spirituel, Mais à aucun moment je ne me raconte. Les lieux de vie – Toulouse, banlieue parisienne, Provence, Côte d’Azur, Roussillon Vercors, Pyrénées, Aveyron et Oran la ville natale (évoquée çà ou là pour mémoire) – y sont rarement indiqués.

Sont éliminés de cette sélection la plupart de mes petits billets d’humeur qui étaient des réactions à des bourdes et/ou mensonges crachouillés par les médias. J’écoutais naguère, tandis que je trempais dans mon thé des tartines, « France Culture », « Europe 1 », « France Inter » ou « France international ». Il n’était guère de matin où quelques minutes d’écoute nonchalante ne m’offrît de quoi réveiller puis attiser ma verve, et j’avais eu même l’idée d’un blogue où l’exercer par écrit. Mais j’ai résolu récemment de ne plus être agacé par des stéréotypes, des ragots, des craques et (sans doute le pire) des silences chargés, dirait Camus, jusqu’à la gueule. L’incident de ce matin me confirme dans ma décision. Comme se distingue tout de même de la Doxa tendancieuse et captieuse la brève de comptoir de Philippe Meyer qui, héritier spirituel de Vialatte, paye certes au conformisme de règle un tribut mais un tribut minimal, je me branche vers 8 heures moins 5 sur « France Culture ». Or ce 18 septembre ma montre ayant pris une fâcheuse avance j’ai dû entendre un énergumène qui se réclamait

d’ »Europe Ecologie », dans un accablant numéro de simagrées et de sophismes. Si mon année 2013 vient au jour de la « toile » on y trouvera la coulée de sarcasmes qui mérite de recouvrir les propos de cet imbécile. Mais c’est fini, je veux désormais, émigrant de l’Europe écologiste et chloroformée, … dormir sous l’arbre d’Apollinaire ? non, mais veiller sous le banyan bouddhique ou l’olivier de Gethsémani.

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